interprétation de l`apocalypse, renfermant l`histoire des sept ages de

1
INTERPRÉTATION DE L'APOCALYPSE,
RENFERMANT L'HISTOIRE DES SEPT AGES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
PAR LE VÉNÉRABLE SERVITEUR DE DIEU BARTHÉLEMI HOLZHAUSER,
ECRIT EN 1657, MORT LE 20 MAI 1658,
OUVRAGE TRADUIT DU LATIN ET CONTINUE PAR LE CHANOINE DE WUILLERET.
PARIS, VIVES, seconde édition, 1857
Si votre œil est simple, tout votre corps sera lumineux ;
Mais si votre œil est mauvais, tout votre corps sera ténébreux.
Matth.., VI, 32.
PREFACE 2010 “Tout est dans Holzhauser”.
Jean Vaqu à L-H Remy, 1977.
Écrit en 1657, un an avant sa mort à 45 ans (d’une certaine manière, son testament), ce livre a mérité ce jugement
particulièrement élogieux que l’on peut lire dans Les Petits Bollandistes, septième édition (1878), tome 6, page 229 :
“Holzhauser a laissé, entre autres ouvrages, une Interprétation de l’Apocalypse de saint Jean, qui ne va que
jusqu’au cinquième verset du quinzième chapitre, ouvrage étonnant, dit-on, et qui offre une si admirable concordance
des temps et des événements, que les autres commentaires de ce livre sacré ne sont en comparaison que des jeux
d’enfants”.
Tous ceux qui ont pu lire et méditer ce livre, dans son édition complète, partagent cet avis. Il y a eu malheureusement
une édition expurgée1, qui a été si mal faite, qu’elle rend Holzhauser incompréhensible et même ridicule.
Voici la seconde édition française qui date de 1857. Quand cette édition fut connue, les contemporains, en général, ne
comprirent pas ce texte qui annonçait la destruction de l’Eglise. On était alors en pleine résurrection, et les instituts mis-
sionnaires, la plupart français, convertissaient le monde entier. Le livre fut oublié et à ce jour les exemplaires connus sont
très rares. Les éditions Saint-Rémi, BP 80, 33410 Cadillac l’ont réédité en deux tomes identiques à l’original.
Le texte de lApocalypse, mot qui veut dire révélation, contient tous les principaux événements que l’Eglise de Jésus-
Christ vivra jusqu’à la consommation des siècles2. Holzhauser, (1613-1658), né très pauvre, curé de Bingen, ville déjà
très connue pour avoir abrité sainte Hildegarde, fut le saint Ignace de l’Allemagne. Il se distingua par une science appro-
fondie de l’histoire du monde, qu’il sut appliquer aux vastes connaissances qu’il possédait de l'Écriture sainte. Aussi sa-
vant que pieux, il rédigea son interprétation en 1657, au milieu des plus grandes épreuves, plongé dans la méditation, le
jeûne et la prière. Il avoua qu’il “était comme un enfant dont on conduit la main pour le faire écrire”, mais fut obligé
d’arrêter au chapitre 15, verset 4, ne se sentant plus inspiré et ne pouvant continuer, Dieu, pour des raisons particulières
voulant réserver le restant de ses secrets à une autre époque.
L’auteur a divisé sa matière en sept principales époques dont le rôle et la signification sont très précis, chacune cor-
respondant à l’une des sept Églises d’Asie, à un jour de la création, à un des sept dons du Saint-Esprit, à l’une des sept
périodes de l’ancien Testament.
Eglises
d’Asie
Rôle et si-
gnific
ation
Interprétation du
nom de l’Eglise
début et fin
jour de la cation
période de l’an-
cien test
ament
don du Saint-
Esprit
1. Ephèse
Ensemen-
cement
Ma Volonté
Grande chute
de Jésus à Néron
1er jour : eau
lumière ténèbres
d’Adam à Noé
Crainte
2. Smyrne
Irrigation
Myrrhe
Amertume
de Néron à
Constantin
2è jour :
firmament
de Noé à
Abraham
Force
3. Pergame
Illumination
Divisant les
cornes
- Par-
chemin
de Constantin à
Charlemagne
3è jour : le sec pa-
raît
d’Abraham à
Moïse
Intelligence
4. Thyatire
Pacifique
Hostie Vivante
de Charlemagne
à Charles-Quint
4è jour : les grands
Luminaires
de Moïse à Sa-
lomon
Piété
5. Sardes
Purgative
Principe de
beauté
de Charles-Quint au
Grand Monarque
5è jour : grands rep-
tiles aquatiques
Captivité de
Babylone
Conseil
6. Philadel-
phie
Consola-
tion
Amitié des
Frères
Grand Monarque
6è jour : l'homme
Roi de la terre
Restauration du
Temple
Sagesse
7. Laodicée
Désolation
Vomissement
Antéchrist
Repos et retrait de
Dieu
Passion du
Christ
Science
1 Il s’agit de l’édition abrégée de Jacques Monnot : Révélation du passé et de l’avenir, 1978. Fortement déconseillée.
2 Lire la préface introductive de l'abbé Drach dans "La Sainte Bible" édition Lethielleux, 1879, tome 23, Apocalypse de saint Jean : il y
a, dans le cours des âges, trois systèmes d'interprétation de l'Apocalypse.
2
Notre époque, la cinquième, est celle de l’Eglise de Sardes. C’est la période purgative, précédant la période de conso-
lation que sera l’Eglise de Philadelphie et qui sera illustrée par le règne du Grand Pape et du Grand Monarque, courte
période avant la dernière, l’Eglise de Laodicée, temps de désolation où régnera l’antéchrist.
La ville de Sardes était la ville de Crésus, ville réputée pour ses activités commerciales et industrielles. La rivière qui y
coulait s’appelait LE PACTOLE. Le culte qui s’y célébrait, était le culte gnostique de Cybèle, et les prêtres étaient des eu-
nuques accoutrés en femme. Un de leurs rites était de baiser la terre quand ils arrivaient dans un lieu. Enfin, le mot
Sardes veut dire principe de beauté. Car cette époque annonce et sert de base à la suivante, l’Eglise de Philadelphie.
Cette cinquième époque commence à Charles-Quint, (1500-1558), et finira au grand Monarque. Saint Vincent Fer-
rier, (1355-1419), la précéda et fut appelé "l’ange de l’apocalypse", car il annonça cette période particulièrement des-
tructrice. Un autre dominicain, Savonarole, considéré comme un saint par son Ordre (et par d’autres, comme saint
Philippe Néri), fut certainement l’opposant le plus lucide à l’ère moderne qui vit la renaissance du paganisme. En atta-
quant les Médicis, famille qui fit autant de mal à la papauté qu’au trône de France, il sut désigner, à travers eux et
l’académie florimontaine, ancêtre des sociétés secrètes, les destructeurs de toute la société chrétienne. En ayant fêté
le 23 mai 1998, le cinquième centenaire de son martyr, puissions-nous avoir mérité un aussi beau défenseur de
l’honneur de Dieu.
Le mot Philadelphie veut dire amitié entre les frères, c’est-à-dire amitié entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel.
Au cours du cinquième âge, ce fut bien souvent la lutte entre ces deux pouvoirs, à un point tel qu’elle détruisit les deux
pouvoirs. En cette sixième période, qui sera le Règne du Sacré-Cœur, les deux pouvoirs, dont les chefs seront choisis
par Dieu, travailleront en pleine union et subordination.
Il est important de souligner que ce Règne du Sacré-Cœur a été promis tellement de fois, que la répétition de
cette promesse nous assure de Son avènement.
C’est pourquoi il est impossible que nous soyons dans les temps eschatologiques. Nous n'attendons pas l’antéchrist.
Nous attendons le Règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui sera dirigé par Son Vicaire, le Grand Pape et par Son
LieuTenant, le Grand Monarque.
Enfin, la dernière période sera celle de la désolation, le mot Laodicée voulant dire vomissement. Ce sera le règne de
l'Antéchrist.
Nous laissons le lecteur découvrir les richesses de ces pages, mais nous voulons attirer son attention sur plusieurs
points :
- ne jamais oublier que ce livre a été écrit en 1657. Nous avons l'édition de 1857, mais nous avons pu consulter les
éditions de l'époque d'Holzhauser, (actuellement à Mayence et dont nous avons un microfilm).
- la notion du petit nombre, très petit nombre ; d’un petit nombre attentif à être fidèle à Dieu en tout ; un si petit
nombre qu’ils se connaîtront par leur nom ; sans ambition, si ce n’est de ne pas perdre la foi ; ils ne rêveront ni de sauver
l’Eglise, ni de sauver la France. Ils savent que seul Dieu, jaloux de Sa gloire, remettra la société en ordre.
- les quatre moyens utilisés par la divine sagesse pour conseiller ce petit nombre : a) l'affliction ; b) le concile de
Trente ; c) les exercices de saint Ignace ; d) la foi transportée dans le monde entier.
- les nombreuses épreuves, surtout les humiliations, les calomnies, les persécutions, que ce petit nombre devra subir ;
ils s’en moqueront.
- leur vie de crainte de Dieu et de pénitence ;
- la trahison des clercs et surtout des prélats ; trahison longuement décrite dans tous les détails ; surtout le manque de
vigilance ;
- les hérésies qui attaqueront tout ;
- l’importance du concile de Trente qui, en effet, nous permet, dans la confusion hérétique, de savoir où est la Vérité ;
- l’influence de Luther, l'Exterminateur, dont les idées seront imposées partout et en tout ;
- une menace terrible contre l’Eglise, annonçant que tout sera pillé et volé ;
- la mise en place de républiques partout, système politique qui permet d’ignorer qui sont les vrais gouvernants ;
- comment doivent agir les chrétiens lors du passage du cinquième âge au sixième âge ;
- le résumé des maux causés par les mauvais catholiques : les sept énormes péchés qui sont la cause pour laquelle
Dieu n’a pas pitié de l’Europe.
Il est un autre point sur lequel il faut s'attarder : sa dénonciation du pseudopoliticisme.
Le choix de ce mot est remarquablement juste, car il définit bien la politique actuelle. Il est évident que la dé-
mo(n)cratie moderne, vue en 1657, avait de quoi surprendre. Dans une société en ordre il n’y avait que le GOUVER-
NANT et les GOUVERNÉS. La politique, qui est la troisième partie de la morale1, est l’art de gérer la cité. Cet art, comme
tout art demande une énorme compétence. C’est le fait des gouvernants, et d’eux seuls. L’homme est fait pour être gou-
verné, pas pour gouverner. L’observation de tous les jours le confirme.
En France, de par la volonté divine, le gouvernant est le roi. Un roi choisi par Dieu. L’aristocratie fait exécuter les
ordres royaux ; elle est parfois, mais rarement, vraiment gouvernante. Elle est comme tout le reste de la nation, gouverné,
et tous ne font jamais de politique au sens moderne. Chacun à sa place assume le plus vertueusement possible ses de-
voirs d’état, personnels, familiaux, sociaux. C’est bien suffisant.
La société a fonctionné ainsi pendant 1300 ans environ.
1 La morale se divise en trois parties : - l’éthique qui est la morale personnelle ; - l’économique qui est la morale familiale ; - la politique
qui est la morale sociale. La politique est donc évidemment liée à la morale. Il faut être d'esprit révolutionnaire pour séparer la politique
de la morale.
3
La société chrétienne avait le souci du salut du plus grand nombre. La société moderne fondée sur la démo(n)cratie
cherche à damner le plus grand nombre.
La Révolution a fait croire (et fait toujours croire) aux gouvernés qu’ils sont devenus gouvernants. C’est la pseudopoli-
tique. Les gouvernés n’ont jamais eu aucun pouvoir, hors celui permis par les loges, mais on oblige tous ces gouvernés à
s’exciter à longueur d’années sur une prise de pouvoir future ou sur une obligation de participer à la vie politique. Le seul
acte qui leur est imposé, car il n’y en a pas d’autre, est celui de voter1. Voter, non pas comme sous la chrétienté pour tel
candidat très précis, bien connu, mais aujourd’hui pour le candidat choisi par un parti. Car les gouvernés ont été divisés
en parties et les vrais gouvernants, qui sont inconnus et occultes, créent et tiennent chaque partie par des partis. Et les
élus sont tenus. Ils obéissent, non pas à leurs électeurs, mais aux chefs de leur parti. S’ils désobéissent, ils n’ont plus
l'investiture nécessaire lors de l’élection suivante. Les partis sont bien sûr dirigés par les financiers. Ce qui fait que depuis
deux cents ans le vote ne sert à rien. Tout est mensonge. Le seul vrai pouvoir est celui des financiers. Le vote n’est
qu’une communion au système démo(n)cratique.
Aux arguments de raison, s’ajoute l’argument historique : 200 ans d’échec prouvent qu’en aucun cas la solution ne se
trouve dans les urnes.
Pire, les esprits sont tellement déformés qu’on veut faire croire que le pouvoir temporel est le pouvoir des laïcs, et que
le pouvoir spirituel est le pouvoir des clercs, alors que le pouvoir temporel est celui du Gouvernant, le Roi, le pouvoir spiri-
tuel est celui des évêques unis au Pape. Avec de telles erreurs, d’esprit révolutionnaire, on passe son temps à écrire des
articles et des livres complètement inutiles. On rentre bien dans le système démo(n)cratique moderne qui oblige à ne
penser qu’à cette inversion : de gouvernés devenir des gouvernants. C’est la pseudopolitique : bêtise et orgueil.
Et il y a enfin les arguments surnaturels.
La révolution, c’est Dieu hors-la-loi. A ce mot d’ordre, il n’y a qu’une réponse : le Christ-Roi de France. Ce sera le
message de sainte Jeanne d’Arc, de sainte Marguerite-Marie, du Cardinal Pie :
Il est Roi de France. Il veut régner sur la France et par la France sur le monde. C’est Lui qui choisira Son Grand Mo-
narque, Son LieuTenant.
A nous donc, aucune compromission avec toute tentation politique. Ce ne pourrait qu’être du pseudopoliticisme. Les
démo(n)crates ne peuvent pas être du “petit nombre”.
A nous un seul devoir politique : prier Dieu pour que Son Nom soit sanctifié.
Après, Son Règne pourra arriver
et nous pourrons vivre dans un monde où Sa Volonté sera faite.
Louis-Hubert REMY, redécouvreur en 1980 de ce livre.
Dans cette édition en un tome, qui comprend tout le texte d’Holzhauser, nous avons supprimé les
textes latins et français de l’Apocalypse et surtout la continuation faite par le chanoine de Wuilleret. Il
s’est cru le continuateur du Vénérable Holzhauser, mais, à l’évidence, il n’était pas inspiré par le
Saint-Esprit. On peut trouver son travail dans l’édition en deux tomes.
1 Si l’on vole, on est un voleur. On aura beau faire tous les discours pour s’excuser, expliquer son acte, on est un voleur.
De même, si on vote, on est un démo(n)crate. On aura beau faire tous les discours pour dire qu’on est contre la démocratie, on est
démo(n)crate. C’est la condamnation de Maurras et de tous ses adeptes.
4
PRÉFACE DU CHANOINE DE WUILLERET
L'ouvrage que nous publions aujourd'hui renferme le texte de l'Apocalypse, c'est-à-dire la révélation des grands mys-
tères que Jésus-Christ a faite à saint Jean l'évangéliste, l'un des quatre archichanceliers de son royaume. Cette révéla-
tion contient tous les principaux événements qui se sont déjà réalisés en grande partie, et qui continueront de se vérifier
dans l'Eglise de Jésus-Christ, jusqu'à la consommation des siècles. Beaucoup de gens ont cru et croient encore que ce
livre sacré ne sera jamais expliqué, en raison du style énigmatique et figuré dans lequel il est écrit. Mais c'est là une er-
reur aussi absurde qu'il est absurde de croire que Dieu ait voulu parler aux hommes pour ne jamais être compris. Le mot
Apocalypse, dérivé du grec, signifie révélation ; or si ce livre ne devait jamais être interprété, il porterait un titre qui l'aurait
fait immédiatement exclure du code sacré.
Un vénérable serviteur de Dieu, Barthélemi Holzhauser, restaurateur de la discipline ecclésiastique en Allemagne,
après les premiers désastres causés à l'Eglise par l'hérésie de Luther, entreprit, à l'aide des lumières célestes qui l'éclai-
rèrent, l'interprétation de ce livre. Déjà célèbre par ses prophéties, Holzhauser se distingua de plus par une science ap-
profondie de l'histoire du monde, qu'il sut appliquer d'une manière vraiment admirable aux vastes connaissances qu'il
possédait de l'Ecriture sainte. Cet illustre ecclésiastique, aussi savant que pieux, fonda en Allemagne divers instituts qui
furent un boulevard inexpugnable contre le protestantisme qui menaçait alors l'Europe d'une ruine entière. Outre divers
ouvrages qui sortirent de sa plume, il rédigea en latin sa célèbre Interprétation de l'Apocalypse, dans les montagnes du
Tyrol, au milieu des plus grandes épreuves, et plongé dans la méditation, le jeûne et la prière. Son œuvre a déjà obtenu
les honneurs de l'immortalité. Aussi en trouve-t-on d'anciens exemplaires non seulement dans les bibliothèques de l'Al-
lemagne, mais encore dans celles de diverses contrées de l'Europe. La société savante des Méchitaristes publia à
Vienne une nouvelle édition de cet ouvrage en 1850. C'est après le savant professeur de l'université de Munich, le doc-
teur Haneberg, que nous osons bien affirmer que l'œuvre d'Holzhauser offre la meilleure interprétation qui ait jamais paru
de l'Apocalypse. Cet écrivain distingué n'a fait autre chose, d'ailleurs, que de répéter en d'autres termes ce que nous li-
sons dans un ancien exemplaire de la vie d'Holzhauser, où il est dit, en parlant de son ouvrage, que tous les autres
commentateurs qui ont écrit sur ce livre sacré (quelque savants qu'ils fussent d'ailleurs), paraissaient être des enfants,
comparés à ce génie. Nous pourrions recueillir au besoin de nombreux témoignages d'estime profonde en faveur de
notre auteur, si nous voulions entrer dans les détails, et raconter tout ce que nous en avons entendu dire par des
hommes distingués de diverses nations.
Son interprétation offre un tableau complet du plan de la sagesse divine dans la grande œuvre de la demption. Le
lecteur y trouvera tout un cours de théologie ; il y verra, de plus, un résumé précieux de l'histoire du monde appliquée et
comparée à l'histoire de l'Eglise. Nous croyons pouvoir affirmer que jamais ouvrage n'a réuni d'aussi vastes matières
pour les présenter sous un jour aussi intéressant. Si l'homme n'a rien tant à cœur que de régler sa vie présente pour at-
teindre sa destinée future, il n'aura jamais trouvé un moyen aussi parfait de satisfaire ses plus ardents désirs que de lire
attentivement cette œuvre. Car elle renferme un grand nombre de tableaux offrant, sous divers points de vue, tout ce qu'il
y a de plus capable de nous intéresser, dans le passé, le présent et l'avenir.
L'auteur a divisé sa matière en sept principales époques, dans lesquelles il résume toute l'histoire du monde avec
celle de l'Eglise, qu'il compare continuellement l'une à l'autre, en nous faisant pénétrer les secrets les plus cachés de
cette guerre acharnée que Lucifer entreprit contre le genre humain dans le paradis terrestre, et qui se terminera sur le
seuil de l'éternité par la chute de l'Antéchrist et par le cataclysme du monde. C'est alors que le bon grain sera séparé de
la paille pour toujours, et que chacun d'eux ira occuper la place que l'Évangile lui assigne. Tout ce que l'auteur avance
est tiré de l'Apocalypse même, et a pour base la vérité éternelle de Dieu. C'est ainsi que sa division des époques ou des
âges de son histoire, dont il donne d'abord un aperçu général et particulier à chacun de ces âges ; sa division, disons-
nous, est fondée sur les sept Eglises d'Asie, sur les sept étoiles, les sept candélabres, les sept anges, les sept sceaux,
les sept esprits, les sept trompettes et les sept plaies de l'Apocalypse. Et c'est en développant les grandes vérités conte-
nues sous ces diverses énigmes, que l'auteur nous démontre, d'une manière aussi admirable qu'étonnante, l'enchaîne-
ment de tous les grands faits qui rattachent l'histoire ancienne à l'histoire moderne et à venir. C'est ainsi encore qu'il nous
fait voir les liens étroits qui unissent l'humanité à la divinité, et le temps à l'éternité. Puis il termine sa description par les
particularités extrêmement intéressantes, qui furent révélées à saint Jean sur le règne de Mahomet et de l'Antéchrist, sur
l'antipape qui déchirera l'Eglise d'Occident, sur le triomphe de l'Eglise, sur la prochaine extirpation des hérésies, etc., etc.
Telle est l'idée générale que nous donnons, comme en passant, sur le contenu de cette œuvre, pour ne pas sortir des
limites d'une préface. Le lecteur qui aura lu et relu attentivement cet ouvrage demeurera convaincu que, loin d'avoir exa-
géré, nous avons été plutôt parcimonieux des éloges qu'il mérite.
Parmi nos lecteurs, il s'en trouvera peut-être quelques-uns dont la foi n'est pas ferme. Nous les prions donc de consi-
dérer attentivement l'application que l'auteur fait de l'Apocalypse à l'histoire en général et en particulier ; et nous leur de-
manderons ensuite de bien vouloir nous expliquer comment il a pu se faire que saint Jean, qui rédigea sa révélation il y a
dix-huit siècles, ait pu réussir à composer son œuvre, s'il n'eût été qu'un homme ordinaire, de manière à ce que toutes
ses énigmes ne trouvassent leur éclaircissement et leur place que dans chacun des grands traits de l'histoire du genre
humain ; et cela aux yeux de la société la plus nombreuse et la plus durable du monde, aux yeux de la société chrétienne
? Ne reconnaît-on pas là la clef du trésor infiniment précieux de la vérité éternelle de Dieu ? Oui, que ceux qui ne croient
pas, ou qui refusent obstinément de voir la lumière éternelle qui brille dans l'Eglise catholique, essayent de résoudre ce
problème, en se rendant compte des raisons qu'ils peuvent avoir de ne pas croire comme les autres hommes ; qu'ils
s'évertuent, s'ils veulent bien s'en donner la peine, à appliquer tout le texte de l'Apocalypse à quelque secte, à quelque
monarchie ou à quelque histoire que ce soit, de manière à ce que chaque phrase, et même chaque mot en particulier et
dans leur ensemble, puissent trouver leur éclaircissement dans l'application qu'ils en auront faite, nous les prierons alors
de soumettre comme nous leur production au jugement des hommes, pour lui faire donner la préférence sur la nôtre, si
5
c'est possible.
Nous ne dissimulerons pas la difficulté que nous avons éprouvée dans notre travail ; mais cette difficulté même en est
la pierre de touche, et si la vérité de l'histoire la plus longue et la plus variée du monde n'eut pas coïncidé dans tous ses
points avec la vérité de la prophétie, il nous eût été impossible de nous faire lire et de nous faire comprendre.
Nous devons prévenir le lecteur que les âges de l'Eglise ne se présentent pas tout à la fois comme un coup de théâtre
à l'œil des contemporains. C'est ainsi que le sixième âge, par exemple, que l'Auteur latin annonce comme devant com-
mencer par le Pontife saint et le grand Monarque qui dominera en Orient et en Occident, et dont le pouvoir s'étendra sur
terre et sur mer ; ce sixième âge, disons-nous, doit s'enchaîner à tous les autres d'une manière aussi certaine et aussi
réelle qu'elle paraîtra lente aux yeux des hommes.
Nous devons faire observer, en second lieu, que beaucoup de faits qui caractérisent un âge ne doivent pas être com-
pris d'une manière tellement absolue, qu'ils excluent l'existence d'autres faits qui leur sont opposés. C'est ainsi, par
exemple, que l'impénitence, qui devait être l'un des pronostics du cinquième âge, n'excluait pas la conversion d'un grand
nombre d'hommes de cette époque, pas plus que la conversion des pécheurs, qui est l'un des caractères du sixième,
n'exclura l'obstination de beaucoup d'impies. C'est par l'analyse universelle et par la comparaison des divers pronostics
entre eux qu'on peut reconnaître la différence des âges. Mais l'historien ne peut guère faire ressortir le caractère d'un âge
que vers sa fin, ou du moins après son plein développement. La précipitation que nous remarquons dans les événements
qui signalent notre époque, confirme d'une manière étonnante les passages de ce livre dans lesquels le vénérable
Holzhauser nous informe que les deux derniers âges seront très courts.
Nous ferons observer enfin que, bien que l'Eglise doive jouir d'une grande prospérité au sixième âge, le monde ne
cessera pas pour cela d'avoir son règne ; et c'est toujours sur cette mer plus ou moins agitée que le vaisseau de l'Eglise
continuera de voguer jusqu'à la fin.
Telles sont les considérations que nous avions à faire, et que nous terminerons par ce qui suit :
On sait que le vénérable Holzhauser n'acheva pas son œuvre, et qu'il s'arrêta au quatrième verset du quinzième cha-
pitre ; il restait donc à peu près huit chapitres de l'Apocalypse à expliquer. Lorsque ses disciples lui en demandèrent la
raison, il leur répondit ingénument qu'il ne se sentait plus animé du même esprit, et qu'il ne pouvait pas continuer. Puis il
ajouta que quelqu'un des siens, qui viendrait après lui, achèverait son ouvrage et le couronnerait. Nous ignorions ce pas-
sage de sa vie lorsque nous avons commencé ce travail ; car autrement nous n'aurions jamais osé réaliser ce projet de
publication que nous avions formé d'ailleurs huit années auparavant. Dès que nous avons été informé du contenu de ce
passage, nous avons pris conseil d'un docteur en théologie, qui a bien voulu se charger de revoir notre rédaction, et il
nous encouragea à continuer. Nous ne prétendons pas pour cela être la personne prévue par le vénérable Holzhauser ;
mais comme nous avions été frappés d'admiration pour son œuvre, nous nous sommes senti irrésistiblement poussé à la
faire connaître au public, comme un moyen efficace d'édifier les fidèles et de procurer le salut des âmes.
C'est pourquoi, dès l'instant que nous avons pu retrouver un moment de calme, après les événements dont nous
fûmes victime dans les désastres qui éprouvèrent si cruellement la Suisse catholique en 1847, nous nous sommes mis
aussitôt à exécuter notre plan. Et c'est pour atteindre plus sûrement notre but que nous nous sommes servi de la langue
la plus généralement connue en Europe. Nous avons réparti notre matière en neuf livres, en l'honneur des neuf chœurs
d'anges. La traduction des quinze premiers chapitres, que nous reproduisons textuellement, nous a servi de modèle et de
secours indispensable dans la continuation de cette œuvre dont notre maître a tout le mérite et toute la gloire. Nous ne
dissimulerons cependant pas les grandes difficultés que nous avons rencontrées soit dans la traduction, soit surtout dans
la continuation de cette interprétation ; mais nous nous sommes senti continuellement secouru et animé par une joie spiri-
tuelle inexprimable qui charmait nos fatigues. D'ailleurs le fruit que nous nous promettions de nos efforts dans l'œuvre de
la sanctification des âmes, nous a toujours servi d'appui pour ne pas succomber dans nos faibles moyens humains. Si
par malheur il nous était échappé quelque chose qui pût blesser en quoi que ce fût la saine doctrine, nous le rétractons à
l'avance, en protestant de notre parfaite et humble soumission à notre sainte mère l'Eglise romaine. C'est dans ces sen-
timents et avec la conscience de la pureté et de la droiture de notre intention, que nous nous recommandons à l'indul-
gence et aux prières de nos lecteurs, en leur souhaitant à tous le salut éternel, en Jésus-Christ et par Jésus-Christ. Ainsi
soit-il.
1 / 148 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !