Questions pour un champion en anesthésie 95
Les signes cliniques de la maladie n’apparaîtraient qu’après une déplétion cellulaire
de 70 à 80 % [5]. Il existe également une raréfaction des neurones nigro-striés qui est
corrélée avec l’évolution des symptômes de la maladie. Ces dernières notions indiquent
une installation progressive de la maladie avec une longue phase de latence. Sa cause
demeure en revanche inconnue. Les recherches épidémiologiques axées sur des facteurs
génétiques et/ou environnementaux (exposition toxique, régime carencé en antioxydants,
origine infectieuse, origine traumatique...) n’ont à ce jour abouti à aucune conclusion [5].
Une cause inconnue aboutit donc à la déplétion progressive en dopamine des neurones
qui relient la substancia nigra au striatum, voie dopaminergique qui régule les mouvements
générés par les voies motrices pyramidales, par l’intermédiaire de faisceaux ascendants
vers les aires corticales motrices et préfrontales (voir Figure).
Il existe cependant un modèle expérimental toxique de la maladie, qui fait appel au
MPTP (N-méthyl-4phényl-tétrahydroxypyridine), un composé utilisé pour les synthèses
organiques. Son injection aux primates reproduit la maladie, tant au plan clinique que
biochimique, avec effet favorable de la L-dopa [6]. Ce modèle de neurotoxicité a été
développé à la suite d’observations cliniques faites chez des toxicomanes et chez un
«chimiste» en Californie, où un Parkinson irréversible avait suivi l’exposition au MPTP,
produit annexe d’une préparation illégale de mépéridine [7]. Ce modèle a permis
notamment de découvrir que la neurotoxicité du MPTP était dépendante de l’activité de
l’enzyme MAO type B ; une action prophylactique était donc possible par un IMAO
sélectif. Ce produit a été effectivement utilisé en thérapeutique à partir de 1985. De même
l’incidence plus faible de la maladie chez les fumeurs a pu être attribuée à une inhibition
de la MAO type B par la combustion du tabac [1].
1.3. TRAITEMENTS
1.3.1. LE TRAITEMENT MEDICAMENTEUX A POUR BUT ESSENTIEL DE RESTAURER
L’ACTIVITE DOPAMINERGIQUE DANS LE STRIATUM.
La L-dopa reste le médicament de référence. Il s’agit du précurseur immédiat de la
dopamine, obtenue après action d’une décarboxylase cérébrale. Depuis le début des années
70 elle est associée à des inhibiteurs des décarboxylases systémiques (benserazide,
carbidopa) ce qui a amélioré sa tolérance hémodynamique et a permis une réduction des
doses (Modopar Sinemet). Elle est la plus puissante sur les signes cardinaux de la maladie
(akinésie, hypertonie), et prolonge la durée de vie des patients. Elle agit aussi sur d’autres
symptômes : anomalies de posture, initiation du mouvement, expression du faciès, parole,
micrographie, hypersialorrhée, troubles respiratoires. Parallèlement à l’amélioration
clinique le contenu en dopamine du striatum augmente, ce qui montre que les neurones
nigro striés restants gardent une capacité de stockage et une activité enzymatique [6].
Son utilisation est limitée cependant par l’apparition à court terme d’effets indésirables.
ll peut s’agir de signes de stimulation excessive (dyskinésies, nausées, psychose,
cauchemars). Il peut s’agir aussi d’une résistance acquise obligeant à majorer les doses.
C’est dans ce contexte que l’on observe des variations nycthémérales brutales et contrastées
de l’activité, du tonus, et du tremblement (syndrome «on-off»).
Les agonistes dopaminergiques s’utilisent essentiellement soit à ce stade, soit au
début de la maladie pour réduire les doses de L dopa. Il s’agit soit de stimuler la libération
neuronale de dopamine (amphétamine, amantadine), soit de bloquer son recaptage
présynaptique (amantadine), soit de bloquer son métabolisme par un inhibiteur sélectif
de la MAO type B, principale enzyme impliquée dans son métabolisme cérébral (Sélégiline