CLUB DE REFLEXION PROSPECTIVE 2012
ANALYSE STRUCTURELLE ET CONJONCTURELLE
DE L’ECONOMIE SENEGALAISE
PRESENTATION
DE
MONSIEUR ALIOU FAYE
DIRECTEUR DU CENTRE D’ETUDES DE POLITIQUES POUR LE DEVELOPPEMENT
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INTRODUCTION
Le Sénégal est présentement classé parmi les PMA. En 2001, le PIB (Produit Intérieur Brut)
par habitant est d'environ 565euros contre 1732euros en Tunisie, et 670 euros en Côte
d’Ivoire et une moyenne estimée à 462 euros en Afrique. Le PIB par habitant n'est certes
pas l'unique ni le plus fidèle instrument de mesure du niveau de vie et de bien-être. Ces
chiffres sont néanmoins le reflet d'une situation économique moins favorable.
I. LES DONNEES STRUCTURELLES DE L’ECONOMIE SENEGALAISE
1.1. Les années précédant les indépendances : un diagnostic vieux de 50 ans
J’introduirai cette partie en m’appuyant sur le portrait économique et social du Sénégal qui a
été dressé à la veille des indépendances en préparation du premier plan de développement. Le
Rapport général sur les perspectives de développement préparé en 1959-60 avait identifié
quatre caractéristiques clé :
- faiblesse du niveau général de développement
o un PNB qui se situe assez bas dans l’échelle mondiale
o une mortalité générale et infantile élevée en comparaison avec les normes
internationales
o une espérance de vie à la naissance très faible
- une croissance démographique rapide
o une population totale qui double tous les 30 à 35 ans
o une population urbaine qui quadruple dans le même laps de temps
- une dépendance économique
o sur le plan des finances publiques
o sur le plan du commerce extérieur
o sur le plan du financement des investissements
o pour le fonctionnement des secteurs clé
- la nécessité d’une large ouverture vers le reste du monde
o du fait de l’étroitesse de l’espace économique national
o pour exporter l’arachide, principale source de revenus pour le pays et
s’approvisionner en produits industriels et alimentaires
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o du fait du rôle de Dakar de pôle économique et culturel de l’Ouest africain
Entre 1959-1960, cette situation a été expliquée par la structure de l’économie qui reposait
sur :
- l’économie de subsistance (environ 12% du PIB) – le producteur en même temps
consommateur n’est incitée ni à accroître sa productivité, ni à diversifier sa
production ; dans la production traditionnelle de céréales, il n’y a pas de stimulation
pour le progrès économique. L’ouverture à l’économie monétaire se limite encore à la
culture de l’arachide et se trouve freinée par le manque de routes et de marchés
locaux ;
- l’économie de traite – les grandes maisons de commerce, directement ou à travers des
intermédiaires locaux, achètent aux paysans l’arachide qu’elles exportent en France et
leur vendent des produits de consommation importés. Toutefois, avec le début de la
transformation locale de l’arachide, la vente de produits industriels importés va
prendre plus de place dans les activités des grandes maisons de commerce. Mais déjà,
les crédits bancaires consentis sont surtout des crédits à court terme pour permettre la
traite de l’arachide et l’importation de produits manufacturés ou alimentaires ; les
infrastructures routières ou portuaires, les équipements commerciaux semi-publics et
la densité de peuplement sont modelés par l’économie de traite;
- l’économie industrielle – composée de trois groupes d’industries : transformation des
produits locaux pour l’exportation (industries extractives, huileries et conserveries de
thon), production de biens de consommation pour le marché sénégalais et africain
(biscuiterie, minoterie, tissage etc.) et production de biens intermédiaires et
d’équipements. Mais les capitaux, l’initiative, l’organisation et la technique à la base
de cette industrie sont d’origine extérieure, notamment française. L’économie
nationale est une juxtaposition de trois économies non intégrées et n’exerçant que de
faibles effets les unes sur les autres ;
- l’importance des dépenses administratives représentant 20% de la dépense intérieure
en 1957 et soutenant une activité commerciale et industrielle importante ;
- la marque défavorable des facteurs d’ordre physique et géographique – le climat influe
négativement sur les possibilités de diversification des cultures, la grande dispersion
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des établissements humains frein l’efficacité des équipements collectifs, l’absence de
pôles secondaires de développement exerçant un effet stimulant sur les régions ;
- une population encore peu dense, de bas niveaux de revenus, une autoconsommation
importante, l’absence de normalisation de la consommation, des difficultés de vente
dans les autres pays africains ;
- l’absence de circuits régionaux et interrégionaux d’échange des productions locales ;
- la faiblesse de l’épargne locale due à une productivité agricole faible, ;
- l’absence de l’esprit d’entreprise et de chefs d’entreprises et l’absence du goût du
risque en présence d’une hiérarchie sociale orientée vers l’idéal de sécurité de la
profession de fonctionnaire ;
- un nombre infime de cadres techniques nationaux, la faiblesse des connaissances
techniques des paysans et un système de scolarisation ne valorisant ni l’enseignement
technique ni le prestige des professions;
- une administration publique s’exerçant du sommet vers la base (problème de
décentralisation) et non orientée vers le développement autonome.
Sous l’influence de cette situation d’ensemble, le rapport sur les perspectives de
développement classait comme suit par ordre d’insatisfaction les besoins de subsistance :
- protection contre les maladies endémiques (paludisme, parasites intestinaux) ;
- hygiène et suffisance de l’eau ;
- connaissance et équipement pour l’hygiène générale ;
- régularité des apports alimentaires durant l’année (problème de la soudure) ;
- équilibre de la diète alimentaire qui se caractérise par une nette carence en protides
animaux (viande, laitages, poisson) ;
- protection contre les maladies épidémiques ;
- possibilité de soins des malades.
Tel est le diagnostic qui a été fait à la veille du premier plan de développement
économique et social qui a porté sur la période 1961-64. Telles sont les conditions
initiales du processus de développement économique et social du Sénégal indépendant.
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Les années 60 et 70 : confirmation du diagnostic précédent et problèmes nouveaux
Aux problèmes soulevés par ce diagnostic, les journées d’études sur le Sénégal de l’an
2000 tenues en mai 1977 à l’initiative du Bureau Organisation et Méthode, en
collaboration avec le ministère du Plan et de la Coopération et de la délégation à la
Recherche scientifique et technique ont ajouté les préoccupations suivantes :
- la fonction de consommation ;
- la stabilisation des recettes d’exportation ;
- l’indexation des prix des matières premières aux prix des produits manufacturés
- le rôle des firmes multinationales dans le financement ;
- la zone franc et les problèmes monétaires internationaux ;
- le problème du transfert de technologie ;
- la zone franche industrielle,
- les problèmes de stockage des produits agricoles ;
- le problème des semences et leur vulgarisation ;
- la maîtrise de l’eau ;
- l’intensification ou non de l’élevage ;
- la conservation du patrimoine forestier et le reboisement ;
- la femme dans le système économique, social et politique ;
- l’aménagement du territoire ;
- le transport ;
- la qualité de la vie ;
- l’Etat.
Ces préoccupations additionnelles ou plus clairement explicitées portent en elles les
limites des réponses apportées pendant les années 1960 et 1970 aux problèmes soulevés
par l’étude des perspectives de développement de 1959-60. Elles portent également en
elles la prise de conscience de problèmes nouveaux ou qui ont pris plus d’ampleur au
cours des années 70, notamment, que ce soit sur le plan de l’environnement international,
de la gestion de l’économie ou de la situation sociale. En particulier, avec l’essoufflement
de l’Etat-Providence, l’on commence à s’interroger sur le rôle de l’Etat.
Tableau 1 : Evolution de la structure de l’économie sénégalaise : valeur ajoutée en % du PIB
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