Maintenir la biodiversité Les insectes auxiliaires du jardin

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Le saviez-vous ?
Les insectes représentent la grande majorité
des animaux connus (près de 80 % !).
La France compte près de 40 000 espèces,
presque autant que les espèces de vertébrés de
la planète !
Seule une faible part des insectes cause des
dommages aux cultures, aux denrées alimentaires,
au bois d’œuvre et de charpente. Tandis que
la majorité se compose de prédateurs, qui
chassent d’autres insectes. Et parmi eux se
trouvent de nombreux auxiliaires.
Coccinelle à sept points
Les relations entre les plantes et les insectes évoluent depuis plusieurs dizaines de millions
d’années et sont aujourd'hui très diversifiées : le mutualisme, comme la pollinisation ou la
symbiose sont à bénéfice réciproque. Mais il existe aussi le commensalisme (à bénéfice non
réciproque) comme le mimétisme (insectes imitant des végétaux) ; l'antagonisme comme le
parasitisme (un organisme tire profit de l'autre), l'herbivorie ou les plantes insectivores sont
encore d'autres exemples connus.
Carabe doré ou Jardinière
Les insectes ne sont pas les seuls auxiliaires
de cultures, les oiseaux (ex : mésanges, rougequeue...), les mammifères (ex : chauve-souris,
hérisson), les amphibiens, les reptiles, les
acariens (ex : Phytoseidae) peuvent être, de
précieux aides.
Les interactions tri-trophiques impliquent trois organismes différents ; par exemple, lorsqu'une
plante, endommagée par des ravageurs, émet des signaux chimiques pour attirer certains
prédateurs ou parasitoïdes du ravageur. Elle signale ainsi la présence d’une proie ou d’un hôte
potentiel.
Au cours de l’évolution, les plantes ont développé des
défenses physico-chimiques contre leurs ravageurs, tandis
que les insectes ont acquis des défenses et des résistances.
Dans le même ordre d’insectes, on peut donc
trouver des ravageurs et des auxiliaires.
C’est le cas des punaises. Ne tuez donc pas
systématiquement ces insectes, mais sortez
plutôt vos loupes !
Selon le stade de développement de l’insecte,
son régime alimentaire évolue : une larve
peut être carnivore, puis se transformer en
un adulte nectarivore. Exemple : certains
syrphes, chrysopes, parasites. Il est donc
essentiel de fournir des sites d'alimentation
pour chaque stade.
Un insecte auxiliaire comme une larve de
coccinelle (Coléoptère) mange plusieurs
dizaines de pucerons par jour. Elle fait partie
des insectes spécialistes d’un groupe de
ravageurs (les pucerons). Par contre, d’autres
insectes auxiliaires sont des généralistes
comme les chrysopes (Névroptère) qui
s’attaquent à divers pucerons, cochenilles,
acariens, chenilles, psylles et aleurodes.
Pour en savoir encore plus :
Laissons donc agir les plantes et les insectes, et apprenons
à tirer avantage des interactions qu’ils développent depuis
si longtemps !
Qui n’a jamais vu ces insectes au vol stationnaire
parfait, dont la livrée évoque généralement une
guêpe ou une abeille ?
Les syrphes, de l’ordre des diptères ("mouche"),
sont de précieux auxiliaires : leurs larves sont,
selon les espèces, aphidiphages (se nourrissent
de pucerons), parasites ou détritiphages,
tandis que tous les adultes participent à la
pollinisation des fleurs. Plus de 500 espèces
en France !
Hôtel à hyménoptères
Syrphe ceinturé en vol stationnaire
Larves de syrphe
dévorant des pucerons
Syrphe écrit butinant
La spirale à insectes est un exemple
d’aménagement qui favorise l’implantation des auxiliaires de cultures.
Sa structure en pierres, montées en
forme de spirale, permet d’emmagasiner la chaleur, ainsi on peut cultiver
certaines plantes aromatiques nectarifères méditerranéennes, sur un sol
maintenu désherbé manuellement.
Des bestioles très diverses ont la possibilité de nicher dans les interstices
entre les pierres et sur le sol sec.
Spirale à insectes
Syrphe éristale butinant
Et les syrphes ?
Photos : H. MOURET, D. BOURGEOIS, Arthropologia
L. SCHWAB, L. BARBU, Arthropologia
Les espèces à larves aphidiphages :
Les femelles pondent leurs œufs à proximité des colonies de pucerons ; une fois
écloses, les larves mangeront plusieurs
dizaines de pucerons par jour.
Lorsque ces insectes attaquent vos plantes, patientez quelques jours, vous observerez les syrphes, et autres prédateurs,
faire un gros travail. Mais il faut avoir un
jardin accueillant pour ces insectes. Favorisez donc la vie dans l'environnement des
cultures, pour que les auxiliaires accomplissent entièrement leur cycle de vie !
Pour aller plus loin !
M Chinery, Insectes de France et d’Europe
occidentale, Flammarion.
JN Reboud, Les insectes entomophages, ACTA.
JP Thorez, Le guide du jardinage biologique, Terre
Vivante.
V Albouy, Le jardin des insectes, Delachaux et
Niestlé
Textes et réalisation : Hugues MOURET, Arthropologia
Informations et formations sur
les auxiliaires de cultures :
Arthropologia propose des formations pour les professionnels (espaces verts, jardiniers,
agriculteurs, étudiants...) pour
appréhender ce monde si particulier des insectes, des plantes
sauvages et de leur environnement. Des notions théoriques
et des sorties pratiques sur les
insectes auxiliaires de cultures
permettent à chacun d’apprendre à reconnaître ces précieuses
aides. Nous organisons également des sorties tous publics,
des ateliers, des expositions ou
des conférences.
N’hésitez pas à nous contacter.
ARTHROPOLOGIA
60, rue du Jacquemet
69890 La Tour de Salvagny
internet : www.arthropologia.org
mail : [email protected]
04 72 57 92 78
Ce document a été réalisé avec le soutien du :
Maintenir la biodiversité
dans le Grand Lyon
Les insectes auxiliaires
du jardin
Définitions
Les ravageurs sont des
organismes qui se nourrissent
des plantes cultivées, des stocks
alimentaires ou du bois de
construction.
Les auxiliaires agissent de
manière antagoniste à celle des
ravageurs.
- Les parasitoïdes des ravageurs pondent un ou
plusieurs œufs selon l’espèce, dans ou sur leur hôte
(au stade œuf ou larve). Les larves commencent par
manger les parties non vitales (réserves de graisses) de
l'hôte et finissent par le tuer. Rapidement apparaît alors
une nouvelle génération, qui se met aussi prestement,
en chasse de nouveaux hôtes. De nombreux petits
hyménoptères parasitent des pucerons, des chenilles...
Parmi les mouches, il convient
de citer les tachinaires, souvent
trapues et pourvues de poils
hérissés, qui parasitent des
chenilles, des punaises...
Tachinaire
- Les pollinisateurs participent quant à eux, grâce au
transport du pollen des fleurs, à la formation de fruits
et donc des graines. Citons naturellement les abeilles
(près de 1000 espèces en France !) qui pollinisent 80%
des plantes sauvages et 70% des plantes cultivées en
Europe.
Abeilles sauvages
Doryphore
Chaque année, la France déverse plus de 75 000 tonnes de pesticides, dont évidemment une large
part (80 à plus de 90 % !) est larguée en pure perte ; en outre, presque 10 % des produits sont
utilisés par les jardiniers amateurs, qui épandent parfois 5, même 10 fois plus de produits au m²
qu'un agriculteur !
L'Institut Français de l'ENvironnement (IFEN, sous l'égide du Ministère de l'Environnement)
rapporte, en 2007, que 91% des eaux de surface et 59 % des nappes phréatiques contiennent des
traces de pesticides.
- Carabes
- Staphylins
- Vers luisants
- Coccinelles
Larve de ver luisant
Hyménoptères parasitoïdes :
Parmi les insectes auxiliaires de
cultures, on peut distinguer :
- Les prédateurs des ravageurs.
Ces chasseurs, spécialisés ou
généralistes, possèdent des armes
adaptées à la capture de leurs
proies : des pattes ravisseuses,
un stylet ou un dard venimeux.
Certaines espèces chassent des
proies pour nourrir leurs larves.
Staphylin odorant
Anthidie femelle
Eucère mâle
- Le rôle des
décomposeurs, ou
recycleurs, est aussi
primordial : ils transforment
la matière organique morte,
en substances assimilables
par les plantes.
Copris, un bousier cornu
Les scarabées bousiers,
comme certains asticots, se
nourrissent d'excréments.
D'autres consomment
encore les cadavres,
les végétaux morts et
Mouches domestiques
pourrissant...
Dans la Nature, un équilibre existe entre les
ravageurs et les auxiliaires ; chaque ravageur
a souvent plusieurs ennemis naturels.
- Perce-oreilles
Perce-oreille
Les principaux groupes d’insectes auxiliaires :
Coléoptères prédateurs :
- Ichneumons
- Braconides...
Diptères prédateurs :
- Syrphes
- Tachinaires
Syrphe sur lierre
Tachinaire hérisson
Névroptères
prédateurs :
Larve de chrysope
- Chrysopes, Hémérobes
Et dans nos jardins ?
Dermaptères :
On continue pourtant à utiliser abusivement des pesticides (herbicides, insecticides...) chimiques
à large spectre, dont les effets sont dévastateurs sur la faune utile. Pour un traitement ciblant une
espèce d’insectes ravageurs, des dizaines, des centaines d’espèces d’insectes auxiliaires, selon les
produits, sont aussi atteintes.
Larve de coccinelle
Courtilière
Quelques dégâts sont parfois causés par des insectes auxiliaires, dégâts cependant négligeables
par rapport aux services gratuits rendus. Par exemple, les perce-oreilles peuvent, surtout l'été,
ronger quelques fleurs ou se glisser dans les noyaux de fruits, mais au printemps, ils dévorent
essentiellement pucerons et petites chenilles des arbres fruitiers !
Autres arthropodes:
Mille-Pattes :
- Lithobie, scutigère...
Pour qu’un jardin fonctionne, il faut le comprendre
comme un véritable écosystème, dans lequel des
auxiliaires de cultures régulent les populations de
ravageurs. Ainsi, une prolifération intempestive
indique généralement un déséquilibre entre les
ravageurs et leurs ennemis naturels. Sans contraintes,
les ravageurs peuvent se multiplier rapidement et
causer des dégâts importants aux cultures. Il faut
donc repenser notre manière de jardiner et on doit se
demander : que manque-t-il à mon jardin pour que les
auxiliaires de cultures soient présents ?
Les différentes formes de luttes naturelles permettent
de maîtriser le développement des ravageurs ; c'est
une alternative efficace à l’utilisation de pesticides.
Lithobie
Araignées :
- Orbitèles, tisseuses...
- Araignées-crabe, coureuses,
sauteuses...
Hyménoptères prédateurs:
- Guêpes, frelons
Frelon
- Sphégiens
Comment attirer
ces auxiliaires de cultures ?
- Punaises
Ammophile
Hétérotome
- Préserver ou créer des boisements (haies et bosquets) avec des
plantes indigènes (originaires de la région), diversifiées, comme
sources de pollen et de nectar pour les auxiliaires adultes.
- Préserver ou créer des mares et points d'eau pour que les animaux
puissent boire....
- Créer des abris et refuges en laissant des tas de bois mort, des arbres
morts, des tas de feuilles, de pierres, des tuiles....
Installer des nichoirs.
Gîte à chrysopes
- Dans son jardin potager : pratiquer des plantations
mixtes et la rotation de cultures, éviter les grandes
surfaces de même espèce et associer les cultures
(défense, stimulation réciproque).
- Ne pas brûler les végétaux, c'est inutile, polluant
(dégagement de CO2...) et très destructeur.
Hétéroptères prédateurs:
Réduve
- Préserver des friches, bandes fleuries et enherbées, comme abris et sources d'alimentation de
certains adultes ou comme réserves de proies alternatives pour
les prédateurs.
- Ne pas utiliser de pesticides : les ennemis naturels
seraient aussi tués. Et une fois le milieu déséquilibré, les ravageurs et les adventices ne pourront que
proliférer !
Chrysope
Ichneumon
- Laisser des coins de jardin en friche (toute l’année) : plusieurs mètres carrés disséminés
permettent d'héberger de nombreuses espèces d’insectes.
Quelques gestes favorables aux
insectes auxiliaires de cultures :
Épeire fasciée
Ichneumon
Pour obtenir un milieu favorable :
Diviser les jardins en micromilieux : créer de nombreux
petits recoins
Et n'oublions pas les nombreux
amphibiens, reptiles, oiseaux,
mammifères...
L'installation d'auxiliaires dans son jardin dépend
de plusieurs facteurs ; pour accomplir leur cycle, les
auxiliaires ont besoin de sources de nourriture variées
(souvent différentes selon le stade de développement),
mais également d'abris (nuit) et de zones de refuge
(hiver, été), en résumé d'un jardin diversifié en
essences, en micromilieux...
- Tondre le moins souvent possible et le moins ras
possible (surtout en été) et uniquement les surfaces
utiles ; insectes et autres bestioles sont broyés par la
tondeuse.
- Ainsi, nul besoin d’acheter des insectes auxiliaires pour votre jardin, il faut pratiquer autrement.
Utilisez ces conseils et bénéficiez de l'assistance spontanée de la nature de proximité...
Un jardin trop « propre », aseptisé, est donc un milieu en total
déséquilibre, sans défense, propice à la prolifération des ravageurs et adventices !
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