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Mais voilà, l’homélie du cardinal André Vingt-Trois – prononcée mercredi lors de la messe à Notre-
Dame de Paris en l’honneur du père Hamel –, nous a fait brusquement retomber sur terre. Opposant
au mariage homosexuel, l’archevêque de Paris n’a pas pu se retenir de fustiger : « Le silence des
élites devant les déviances des mœurs et la législation des déviances ». Même si elle est formulée
de chafouine manière, la pique visait clairement la loi qui a légalisé le mariage homosexuel.
Devant les protestations que ce bout d’homélie a suscitées, le diocèse de Paris a effectué un
rétropédalage très politicien : « En aucun cas, il (le cardinal) ne voulait cibler une mesure en
particulier, surtout pas le mariage pour les couples homosexuels. Il ciblait plutôt l’ensemble des
évolutions sur la bioéthique, la fin de vie, la gestation » (Le Huffington Post). Le cardinal Vingt-
Trois ayant participé très activement aux « Manifs pour tous » qui combattaient le projet de loi sur
le mariage gay, on peut légitimement mettre en doute la bonne foi de cette explication.
Et quand bien même le cardinal aurait sincèrement voulu ne s’attaquer, comme le soutient son
diocèse, qu’à « l’ensemble des évolutions sur la bioéthique, la fin de vie, la gestation », ce n’était
vraiment pas le lieu ni le moment pour mettre sur l’autel les sujets qui séparent les citoyens. A
Notre-Dame, ces citoyens avaient besoin de se retrouver unis en mémoire du père Jacques Hamel,
de faire la paix avec les autres et eux-mêmes. Ils n’avaient nul besoin d’ouïr un prélat leur débiter la
doctrine de l’Eglise sur la bioéthique, doctrine qui n’est qu’un point de vue humain parmi d’autres.
Certes, comme n’importe quel citoyen, l’archevêque de Paris a le droit d’exprimer ses opinions
contre le mariage homosexuel et de promouvoir ce qu’il pense être juste en matière de bioéthique et
de fin de vie. Mais pas n’importe où, pas n’importe quand. Monseigneur Vingt-Trois a prononcé
des paroles de division au moment où il fallait faire l’unité. Dans la mesure où l’étymologie du mot
diable en grec – « diabolein » – signifie « qui divise, qui sépare », ce bout d’homélie ne serait-il pas
quelque peu « diabolique » ? Un diable dont on sait qu’il niche dans les détails. En tout cas, avant
de prononcer ses paroles, le cardinal aurait dû se rappeler deux versets de Qohelet (Ecclésiaste), III-
1 et III-7 : Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux (…); un temps pour
déchirer, et un temps pour coudre, un temps pour se taire et un temps pour parler.
GPA : Décision controversée au Québec
autorisant l'adoption de jumelles par un
couple homosexuel
La Presse.ca du 28 juillet 2016 par Isabelle Mathieu
Un couple homosexuel québécois, Jacques et Louis, s'est rendu en Inde pour passer un contrat avec
une mère porteuse, en dépit du Code Civil canadien qui condamne tout contrat où une femme
s'engage à procréer ou à porter un enfant pour le compte d'autrui en échange de rétribution. Un tel
contrat est considéré comme « nul de nullité absolue ». Deux jumelles sont nées après insémination
avec le don de sperme de Jacques, le père biologique. Après la naissance, la mère porteuse signe
« une déclaration assermentée, dans laquelle elle mentionne qu’elle remet les deux petites filles à
leur père biologique, et qu'elle n'a pas d'objection à ce qu'il quitte l'Inde avec les enfants (...) Plus
tard, elle affirmera être aussi en accord avec le fait que Louis adopte légalement les fillettes ».
En 2013, le couple entame les démarches pour que Louis puisse adopter légalement les deux petites
filles. Mais la procureure générale du Québec s'oppose à l'adoption, déclarant que Jacques et Louis
avaient délibérément contourné la loi québécoise, jugeant que « plusieurs clauses du contrat de
gestation sont abusives et contraires à nos principes juridiques et à l'ordre public».