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Comment il convient de faire apprendre les conjugaisons.
I. CARRÉ,
Inspecteur général honoraire.
Monographies pédagogiques, tom. 1V, 1889, p. 58.
Comme les analyses, les conjugaisons écrites étaient autrefois en grand honneur; comme elles aussi, on les
a supprimées, quand il eût fallu seulement les réformer. La pratique de la conjugaison aide puissamment à
la correction du langage. N
'est-il pas vrai que la plupart des fautes qu'on relève dans les petites
compositions des écoliers proviennent d
'un mauvais emploi du verbe ? Ses formes sont si nombreuses et
ses nuances si délicates! Et puis il est des fautes qui sont toutes locales, inhérentes au milieu dans lequel
vit l
'enfant : il ne suffit pas de les lui signaler, il faut les combattre sans cesse et par des exercices tout
spéciaux. Des élèves disent et écrivent : « J'ai venu, tu as arrivé, il s'a coupé, nous avons sorti, etc ; c'est
moi qui est, c'est nous qui sont, etc. » Il faut leur faire conjuguer « Je suis venu, etc... tu es arrivé, il s'est
coupé, etc; c'est moi qui suis, c'est nous qui étions, etc., », et ils se serviront de la locution correcte tout
aussi naturellement qu'ils employaient la locution vicieuse ; mais il y faut la répétition et l
'habitude. Il est
tout aussi naturel à un enfant, qui ne sait pas encore de grammaire, de dire : « je suis venu, nous sommes
entrés », que de dire : « je suis malade, nous sommes contents. » Il en est de même du verbe pronominal,
dont les deux pronoms ne l'embarrassent pas long-temps, quand une fois il a été mis sur la voie. Mais c'est
surtout pour la correspondance des temps que la pratique de la conjugaison est utile. A des enfants qui ont
l'habitude de dire « Si je voudrais, si je pourrais », etc., qui ne savent pas mettre le temps convenable après
les locutions conjonctives « afin que, de peur que, pourvu que, etc... », il ne peut qu'être avantageux de
faire des conjugaisons, même par écrit, mais bornées à un temps, deux temps au plus, et spécialement
imaginées en vue des locutions vicieuses à détruire.
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L'analyse grammaticale et l'analyse logique.
BROUARD et DEFODON.
Inspection des écoles primaires, page 252. - Hachette, éditeur.
Suivant la force des élèves et suivant l'objet spécial que se proposera le maître, ces exercices prendront
des formes très diverses. Au début, l'analyse sera presque toujours une analyse partielle, c'est-à-dire qu'elle
ne s'appliquera qu'à distinguer dans une phrase ou dans un en-semble de phrases tel ou tel élément, telle ou
telle espèce de mots : nom, adjectif, verbe, adverbe, etc., soit qu'on se borne à la simple indication de
l'espèce, soit qu'on y ajoute, pour les mots variables, celle des circonstances qui les font varier; soit encore
qu'on veuille faire apercevoir aux élèves plusieurs mots de différentes espèces avec le rapport qui les unit,
les noms avec leurs qualificatifs, les verbes avec leurs compléments, les prépositions et les termes
qu'elles rattachent, etc. Plus tard, l
'analyse deviendra générale, et l
'on prendra successive-ment, pour s'en
rendre compte, tous les termes d
'une phrase, soit dans l
'ordre où la phrase les donne, soit en rétablissant,
s'il y a lieu, l'ordre logique.
Dans tous les cas, remarquons-le bien, un exercice d
'analyse grammaticale n
'est véritablement complet
que lorsqu'il joint à l
'étude de l
'espèce des mots celle de leur fonction dans la phrase où ils sont placés.
Si j'ai à analyser : J'aime mon père, qu'importe que je sache que je est un pronom; aime, un verbe; mon,
un déterminatif, et père, un nom, si je ne sais qu'il y a des rapports entre tous ces mots et quels sont ces
rapports : que je est le sujet de aime et lui fait la loi, tant au point de vue du sens qu'au point de vue de
l'orthographe ; que père complète l
'idée exprimée par le verbe aime et la complète directement, c'est-à-
dire sans l
'addition d
'aucun rapport intermédiaire; que c'est le nom père que détermine le possessif mon?
Dans l
'analyse logique, quelques procédés que vous employiez, les plus simples, ne l
'oublions pas,
seront toujours les meilleurs. Plus le maître pourra éviter les subdivisions délicates, les termes tech-
niques qui ne sont pas absolument indispensables, plus il approchera du but.
C'est ainsi que, s'il s'agit d
'une proposition isolée, qu'on nomme en général absolue, ou d
'une proposition
que l
'on considère momentanément comme isolée, on s'attachera surtout à faire reconnaître et distinguer,
dans la variété des constructions, les termes essentiels et les termes accessoires : sujet, verbe, attribut
d'une part, et de l
'autre, compléments. Au lieu de dire qu'un sujet est multiple, par exemple, dites que la