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Mohamed Ali : encore une exploitation anachronique.
L’immense boxeur reconnaîtrait-il son islam ?
Date : 6 juin 2016
Raoul Fougax, journaliste ♦
Mohamed Ali ne s’exprimait plus. On l’exhibait, on se servait de lui. On le fait encore après sa
mort. Il était ailleurs depuis longtemps, ayant payé un terrible tribut à sa carrière sur le ring.
Mais que pensait-il vraiment de l’évolution du monde, des noirs et de l’islam ? Personne ne le
sait.
Clinton va le dire cependant pour conforter le vote noir en faveur de sa femme en
difficulté. Obama aussi dans doute, lui le président post raciste qui n’aura en rien fait avancer la
cause des noirs.
Cassius Clay est devenu musulman pour rejeter, en tant que noir, l’Amérique des blancs. Mais
il n’a rien dit sur le 11 septembre par exemple. Ce qui est sûr, c’est que le mouvement des
noirs américains n’est plus, depuis longtemps, dominé par l’islam et que les noirs le rejettent le
plus souvent l’assimilant à un terrorisme qui n’est plus leur actualité.
Les musulmans noirs des années Ali ne se sentaient pas américains. Ce mouvement
nationaliste noir nord-américain, se réclamant de l'islam, fondé en 1930, est hostile à
l'intégration des noirs dans la société américaine. Fondé à Detroit sous l'impulsion du «
prophète » Wallace D. Fard, dit Walli Farrad, surnommé aussi « le Grand Mahdi » et « le
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Sauveur », le mouvement connaît ses premiers succès grâce au successeur de Farrad, Elijah
Poole, qui se fait appeler Elijah Muhammad. Dans les années 1960, Malcolm Little (Malcom X)
développe considérablement le mouvement mais rompt avec Muhammad et est assassiné en
1965.
Les Black Muslims se réclament de l'islam, tout en se distinguant des autres musulmans
(Moslems) du pays. Ce sont souvent d'anciens chrétiens qui ignorent l'arabe. Ils rejettent le
christianisme (« la religion de l'homme blanc ») et leurs patronymes d'origine européenne («
des noms d'esclaves »). Ils doivent mener une vie exemplaire (pas d'alcool, pas de drogues,
pas de fornication, pas d'excès alimentaire, pas de mensonges).
Leur influence s'est exercée surtout dans les milieux étudiants et dans les milieux les plus
défavorisés de la population noire. Le champion de boxe Cassius Clay, devenu Muhammad Ali,
est donc un des plus célèbres membres des « Black Muslims. »
Le comparer à Mandela ou King est tout de même un sacré amalgame et une simplification
pour exploitation.
Les hommages se détachent du contexte historique et de la réalité de son parcours. Aurait-il
refusé l'Irak ou l'Afghanistan où personne ne l'a jamais traité de sale nègre? Nul n’a le droit de
le dire à sa place.
Personne ne peut le dire et le patriotisme des noirs américains de l’après 11 septembre n’a rien
à voir avec le rejet des années Clay…. L'Islam non plus d’ailleurs.
C’est pourquoi Barak Obama plus proche de noirs de Foreman que d’Ali devrait être plus
réservé sur son hommage au « greatest », un surnom qu’il a peu de chance d’obtenir.
Illustration : Ali, un soutien posthume à Hillary Clinton
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