Téléphone mobile Input 8/2006 Réédition 2007 |5
manière très irrégulière. Ce phénomè-
ne constitue-t-il une obligation de
communiquer ou débouche-t-il sur de
nouvelles libertés? La question est
ouverte. Vu la diversité actuelle des
moyens de communication, il convient
par ailleurs de choisir le média appro-
prié à différentes situations (une
lettre pour les communications offi-
cielles; un email lorsqu’il s’agit d’aller
vite tout en laissant à l’interlocuteur
le temps de répondre).
«Réinvention» du téléphone:
écrire un message avec
son portable
Les premiers SMS ont été envoyés en
1992. A l’origine, ils étaient unique-
ment conçus pour permettre aux opé-
rateurs de communiquer avec leurs
clients. Mais, à la surprise générale,
ils ont rapidement été très prisés du
public. Le «Short Message Service»
est disponible en Suisse depuis
1995. En raison de la limitation des
messages à 160 caractères, les utili-
sateurs – avant tout les adolescents,
très friands de ce moyen de communi-
cation – ont développé leur propre
«style télégraphique».
Spécialiste des sciences de la
com munication, Joachim Höflich a fait
des recherches, afin de savoir pour-
quoi les adolescents écrivaient des
SMS. Il a déterminé que les raisons
les plus fréquemment avancées
étaient les suivantes: fixer des ren-
dez-vous, savoir où sont ses amis,
donner sa position, signaler que l’on
est atteignable, plaisir d’avoir des
contacts et tuer le temps. Les adoles-
cents font en moyenne trois appels
par jours sur leur portable, mais ils
envoient et respectivement reçoivent
sept SMS.
Le nombre de SMS est ainsi plu-
sieurs fois supérieur au nombre de
communications purement orales. Un
chiffre montre l’importance du phéno-
mène: en 2003, les quelque 6,2 mil-
Scène de communication moderne – emails, chats et SMS nous font passer une grande partie
de notre temps devant des écrans. Mais pouvoir communiquer avec le monde entier nous fait
parfois oublier notre voisin direct.
lions de clients des opérateurs Oran-
ge, Sunrise et Swisscom Mobile ont
envoyé 3,12 milliards de SMS.
Ce qui est nouveau dans cette ma-
nière de communiquer, c’est que le
SMS a estompé la frontière entre
l’écrit et l’oral. Beaucoup de mots
sont «tapés» comme ils se pronon-
cent. Les règles d’orthographe et de
grammaire ont perdu de leur impor-
tance. A la place, on assiste à un re-
cours créatif et ironique aux angli-
cismes (cu pour see you) ainsi qu’à
l’utilisation du langage familier et du
langage propre aux jeunes. De nom-
breuses abréviations (jV tré b1 = je
vais très bien) et des émoticônes (J)
sont utilisées en raison du nombre li-
mité de caractères. Par ailleurs, le fait
que les jeunes recopient et conser-
vent certains SMS dans leurs agen-
das apparente cette nouvelle forme
de communication aux lettres.