À partir
des lectures
Autour des textes
Avec ce dimanche est clôturé
le cycle de Noël. L’Épiphanie
soulignait déjà la manifestation du
Seigneur. Avec la fête du baptême
sont mises en valeur son humanité
et sa divinité. Humanité solidaire
des hommes et des femmes de
tous les temps ; divinité lorsque,
sortant de l’eau, Jésus voit le ciel
se déchirer et l’Esprit descendre
comme une colombe. Il s’entend
dire alors : «Tu es mon Fils bien-
aimé, en toi j’ai mis tout mon
amour». Par cette solidarité
avec les êtres humains et cette
révélation de sa proximité avec
Dieu, Jésus souligne que Dieu
ne fait pas de différence entre
les hommes et qu’à notre tour
nous pouvons nous entendre
dire : «C’est toi mon Fils bien-
aimé en qui j’ai mis tout mon
amour». Comme Jésus qui faisait
le bien et guérissait tous ceux qui
étaient sous le pouvoir du démon,
puisqu’aussi bien Dieu était avec
Lui, nous avons cette même
possibilité de faire le bien.
Ce passage lumineux par lui-même, l’est
plus encore placé dans son contexte
immédiat, la fin du Second Isaïe, c’est-
à-dire les chapitres 40 à 55, centré sur
le retour des exilés et précisément
appelé Livre de la Consolation. Aux
Israélites découragés qui doutaient de
l’Alliance, Isaïe avait déjà proclamé en
40, 8 : «L’herbe se dessèche, la fleur se
fane, mais la parole de notre Dieu sub-
siste (litt. tient debout) à jamais !» Ceci
confirme que le Second Isaïe est, autant
et plus que tout autre, le prophète d’un
Dieu qui parle alors que les idoles sont
muettes puisque au début (40, 7) et à la
fin (55, 11) il mentionne l’action de la
Parole ! Au début, la solidité absolue et
à la fin son efficacité que rien n’arrête.
«Car mes pensées ne sont pas vos pen-
sées, et mes chemins ne sont pas vos
chemins, déclare le Seigneur.»
Il y a une grande distance entre les pen-
sées et les chemins de Dieu et ceux des
hommes : distance incommensurable
puisque c’est celle qui sépare le ciel et
la terre : autant dire qu’il n’y a rien de
commun.
Autrement dit : le texte invite à entrer
dans un univers qui n’est pas le nôtre
où nos repères habituels d’intelligence
(pensée), de chemin à suivre (agir) ne
fonctionnent plus : «ne sont pas… ne
sont pas…»
Donc Dieu nous invite à aller à Lui, à ac-
cepter de perdre nos repères habituels,
nos manières de voir, pour entrer dans
sa logique.
«Mes pensées ne sont pas vos pen-
sées» ; cette distance infinie qui nous
sépare de Dieu explique la faiblesse de
notre langage sur Lui ! Du coup, cette
phrase devrait être pour nous une invi-
tation à l’humilité et à la tolérance : hu-
milité quand nous osons parler de Dieu,
tolérance pour la façon dont les autres
parlent de Lui : qui d’entre nous peut
prétendre sonder les pensées de Dieu ?
Aujourd’hui, la liturgie nous propose
quelques versets du Cantique d’Isaïe
12. On se demande pourquoi ne pas
avoir pris le texte en son entier. La 1
ère
strophe insiste sur les titres donnés à
Dieu : «force… chant… salut» et les
deux autres mettent l’accent sur son
nom qui est dit sublime et qui accom-
plit de grandes choses. Nous pouvons
faire nôtre l’invitation à rendre grâce
lancée à toute la communauté et pré-
cisée par de nombreux impératifs :
«rendez grâce… proclamez… annon-
cez… redites… jubilez et criez de
joie...» Et parmi les motifs, que nous
avons, nous lecteurs d’aujourd’hui de
rendre grâce, il y a bien sûr, l’invita-
tion gratuite au festin et l’engage-
ment de Dieu, annoncé dans la pre-
mière lecture, de conclure avec nous
«une Alliance éternelle».
Après avoir affirmé à la fin du cha-
pitre 4 qu’on ne peut aimer Dieu si
on n’aime pas son prochain, ici Jean
affirme : «Voici comment nous recon-
naissons que nous aimons les enfants
de Dieu : lorsque nous aimons Dieu
et que nous accomplissons ses com-
mandements». Il est clair qu’amour de
Dieu et amour du frère ne peuvent se
séparer. Jésus n’avait-il pas déjà affir-
mé que le second commandement –
l’amour du prochain – était semblable
au premier – l’amour de Dieu ? (Mt
22.39).
Dans ce passage de l’épître, Jean in-
siste aussi sur le rapport entre la foi
et naître de Dieu. «Quiconque croit
que Jésus est le Christ est né de Dieu.»
Croire c’est donc naître. Croire c’est ac-
cueillir la parole et accueillir la parole,
c’est accueillir le Christ. Nous pouvons
alors saisir ce qu’est vraiment la foi,
non pas une adhésion de l’intelligence
à des doctrines, mais l’adhésion à
quelqu’un. La foi c’est naître de Dieu.
On peut être étonné du lien qui est
fait avec ceci : «C’est lui, Jésus Christ,
qui est venu par l’eau et par le sang :
non pas seulement avec l’eau, mais
avec l’eau et avec le sang».
La vie de Jésus se déroule entre son
baptême – l’eau – et sa mort sur la
croix – le sang – et lorsque le soldat
perce le côté de Jésus il en sort de
l’eau et du sang. On peut, à la suite
de la relecture du Prologue de Jean,
reconnaître ici une allusion aux sacre-
ments du Baptême et de l’Eucharistie.
Deuxième lecture
1 Jean 5, 1-9
Première lecture
Isaïe 55, 1-11
Cantique – Isaïe 12, 4b.e.5b-6
2Fiches Dominicales - Baptême du Seigneur - B