Technologie de l’information et croissance de l’économie du secteur privé
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Harchaoui et Tarkhani (2004a) ont approfondi et étendu l’analyse en utilisant un
cadre comptable de la croissance agrégée, à la fois, élargi et totalement intégré à un
modèle sectoriel, afin de retracer les différents canaux par lesquels se manifestent
les technologies de l’information. Leurs résultats portent à croire que les techno-
logies de l’information sont bien au cœur du nouvel essor de la productivité aux
États-Unis, mais qu’elles ne sont qu’un des facteurs entrant en ligne de compte
au Canada. Le regain de productivité du travail aux États-Unis est attribuable
d’abord à l’accroissement de l’intensité du capital associée aux technologies de
l’information et aux gains de productivité dans les industries productrices des
technologies de l’information. Selon les données relatives au Canada, les gains au
chapitre de la productivité multifactorielle dans les industries qui utilisent les
technologies de l’information sont l’un des principaux facteurs expliquant
l’accélération de la productivité.
Dans le but d’évaluer la robustesse de nos résultats antérieurs, nous élargissons
dans la présente étude notre cadre de départ, et nous tirons parti d’une nouvelle
base de données sur les sources de la croissance au Canada et aux États-Unis du-
rant la période allant de 1981 à 20004. Notre examen s’oriente de la façon suivante.
En premier lieu, notre examen porte sur l’ensemble de l’économie du secteur privé
au lieu de se cantonner au secteur des entreprises. L’économie du secteur privé
comprend, outre le secteur des entreprises, les logements occupés par le proprié-
taire. Cela a pour effet d’élargir le champ de notre analyse, qui concorde ainsi da-
vantage avec le domaine de définition du Système de comptabilité nationale5.
En deuxième lieu, nous mesurons les flux de services issus du stock de biens
durables au lieu des dépenses6. Les acquisitions de biens de consommation du-
rables sont enregistrées à titre d’investissements et les flux de services issus du
stock de biens durables, à titre de consommation, étant donné que ces derniers
représentent la fraction consommée dans les faits au cours d’une période donnée.
Cette approche présente deux avantages : a) le traitement des biens de consom-
mation durables devient similaire à celui prévu dans le Système de comptabilité
nationale pour la comptabilisation des loyers reliés aux logements occupés par le
propriétaire; b) il y a symétrie entre le traitement des biens de consommation
durables et le traitement déjà prévu dans les comptes de productivité pour la
mesure des biens de production durables.
En troisième lieu, au chapitre du travail, les travailleurs ayant fait des études uni-
versitaires sont souvent considérés comme étant des « travailleurs du savoir »,
qui utilisent les technologies de l’information; nous avons donc subdivisé