Appel à communications
Colloque international : « La littérature américaine et le
philosophique »
Paris, 23-25 mars 2017
Considérant la littérature comme une forme de pensée et la philosophie comme un mode
d’écriture, ce colloque se propose d’interroger frontières et points de passage entre le
philosophique et le littéraire dans les lettres d’Amérique depuis l’époque coloniale jusqu’à la
période contemporaine. Comment le philosophique, compris comme une pratique qui excède
son inscription dans la philosophie tout en partageant nombre de ses présupposés et de ses
intentions, participe-t-il à la constitution de la littérature américaine ? En retour, de quelles
manières la littérature américaine contribue-t-elle à façonner notre compréhension du
philosophique et des questions qu’il emporte avec lui parfois depuis l’Antiquité, mais aussi à
en transformer, et même à en remanier les termes ? Plutôt que de postuler quelque chose
comme un exceptionnalisme américain et d’envisager la littérature comme l’inévitable refuge
de la pensée dans un pays a-philosophique — au risque d’étendre un peu vite en amont
comme en aval la thèse formulée par Stanley Cavell pour le XIXe siècle — ou plutôt que de
faire fond sur l’hypothèse tout aussi schématique que la relation entre littérature et
philosophie en Amérique se serait développée selon une trajectoire linéaire qui passerait
d’une relative indistinction disciplinaire aux XVIIe et XVIIIe siècles à un agon insurmontable
après l’« invention » de la littérature dans le sillage du romantisme, notre ambition consiste au
contraire à examiner, à même les textes, les diverses façons dont le littéraire et le
philosophique s’intriquent, se provoquent et s’ébranlent l’un l’autre en terre américaine. Il
s’agira notamment de s’intéresser aux formes de cette relation singulière, entre dialogue et
dispute, intimité complice et distance conflictuelle, hospitalité et hostilité, et d’examiner ce
qu’il en est des hiérarchies traditionnelles d’autorité et de dépendance (entre l’original et son
imitation, la production et sa reproduction) et de leurs perturbations. Les propositions de
communications, d’ateliers ou de tables-rondes pourront porter sur des moments canoniques
de l’histoire de la littérature américaine (le puritanisme, le transcendantalisme, le modernisme
ou le post-modernisme, pour ne citer que quelques repères attendus), aussi bien qu’elles
pourront mettre en question ces périodisations à la faveur de contextualisations nouvelles,
voire assumer l’anachronisme pour mieux explorer les liens intempestifs qui unissent la
littérature américaine et la philosophie. Nous souhaitons également accueillir des
contributions qui entreprennent de lire la littérature américaine depuis la perspective d’autres
histoires de la philosophie ou qui entendent porter la philosophie au-delà d’elle-même pour
mieux dissocier l’élan de la pensée de l’entreprise métaphysique. Les discussions pourront en
outre porter sur certains « lieux » propices à l’entrecroisement du littéraire et du
philosophique en Amérique, comme la religion, la science ou la technique, où se font et se
défont certaines des oppositions conceptuelles que cet entrelacs suppose : figure et concept,
langage et pensée, auteur et sujet, représentation et présentation, mimesis et praxis, muthos et