(cf. graphique 12). La part de l’endettement
obligataire totalise ainsi 11% du total de bilan au
Portugal et 4% en France ou en Italie mais à peine
2% en Allemagne et 1% en Espagne. Toutefois, ces
chiffres agrégés – établis sur la base de bilans
sociaux – sous-estiment la réalité économique. Il
n’est pas possible de les redresser en comptabilisant
pour les entreprises adossées à un groupe, les fonds
levés indirectement sur les marchés par leur holding
financière et qui leur sont réalloués ensuite, sous
forme de prêts intra-groupe. En effet, la holding ou la
x
tête de groupe détentrice des filiales peut lever des
fonds par endettement bancaire ou sur les marchés
et les réallouer à ses filiales sous forme d’avances et
prêts intra-groupe. Ces comptes agrégés
d’entreprises intègrent donc les flux intra-groupes
(soit des doubles comptes). Ceux-ci conduisent de
fait à diluer la part de l’endettement obligataire dans
le total car i) le total de bilan est artificiellement gonflé
(double comptes) et ii) une partie des fonds levés sur
les marchés en direct par la holding ou la tête de
groupe est comptabilisée (et à l’instar du
crédit bancaire) dans le poste « avances et prêts
intra-groupe »
.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
BE DE ES FR IT PT
Fonds propres Provisions pour risques et charges
Emprunts obligataires Crédits bancaires
Autres dettes financières Autres dettes
%
Graphique 12
Structure du passif agrégé des grandes entreprises en
2012 (CA>50 mns d'€-hors holdings et sièges sociaux)
Source : Banque de France - BACH Database
Outre les fonds propres et les dettes financières,
les dettes fournisseurs constituent à un autre mode
de financement. Leur part, en pourcentage du total
du passif, est relativement élevée en France (30%),
en Italie (30%) et au Portugal (29%) mais plus
modeste en Belgique (21%) et en Espagne (20%).
Leur importance relative pour les sociétés non
financières françaises, italiennes et portugaises
reflète des délais de paiement relativement longs
vis-à-vis de leurs fournisseurs. La part des dettes
fournisseurs est en revanche bien plus faible en
Allemagne (11%) et la moins élevée des pays de la
zone euro, en raison notamment de délais de
paiement parmi les plus courts de l’Eurozone.
-20
-15
-10
-5
0
5
10
15
20
25
30
35
04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15
France Allemagne
Zone euro Espagne
Italie Royaume-Uni
Taux de croissance en %, calculés selon la méthodologie BCE
Graphique 13
Crédits bancaires aux sociétés non financières en
Europe
Sources : BCE, Banque de France et BoE
Selon l’INSEE [2014], la crise financière s’est
accompagnée de l'allongement des délais de paiement
en France. Malgré la mise en place de la Loi de
Modernisation de l'Économie (LME) en 2008 qui a
harmonisé les pratiques des entreprises françaises, un
tiers des entreprises règlent encore leurs dettes vis-à-
vis de leurs fournisseurs, ou sont elles-mêmes payées,
au-delà de 60 jours. Conformément à la loi LME et
depuis le 1er janvier 2009, le délai entre les parties
pour honorer les engagements financiers ne devrait
pas toutefois dépasser 45 jours fin de mois, soit 60
jours calendaires à compter de la date où la facture est
établie. Si l’allongement du délai de paiement des
fournisseurs constitue une ressource non coûteuse
pour l’entreprise, il peut impliquer des tensions sur la
trésorerie des créanciers, notamment ceux des petites
entités. En France, l’INSEE [2014] estime que le motif
principal des faillites post-crise résulte, en raison de
l’intensité des engagements financiers réciproques,
dans l’allongement des délais de paiement et non
dans le rationnement du crédit
. En zone euro, la
contraction des encours de crédit depuis la crise
(cf. graphique 13) tient, comme le mentionnent le
rapport annuel 2013/2014 sur les PME du Parlement
Européen ou les enquêtes qualitatives de la BCE sur
la distribution de crédit bancaire (Bank Lending
Survey) et l’accès au financement des sociétés
(Survey on the Access to Finance of Enterprises ou
SAFE
), essentiellement à l’atonie de la demande, et
peu à des facteurs d’offre. La modération de la
demande de prêts pour les grandes entreprises
résulte principalement de l’arbitrage en faveur de