9 février - ArtSites

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LIN3710 : Théorie syntaxique
SC : complétives et interrogatives
Brandon J. Fry
9 février 2016
1 Les complétives
— Certains verbes prennent comme complément une phrase entière.
(1)
Frédéric pense que Paul est profondément débile.
(2)
Je ne crois pas que Dieu existe.
(3)
Suzanne a entendu que Marie est tombée.
(4)
Marie sait qu’Élizabeth préfère le riz aux pommes de terres.
— Ces phrases qui servent de compléments sont dites (propositions) complétives.
— Les complétives peuvent être finies (voir les exemples prédécents) ou infinitives (voir les
exemples suivants).
(5)
Thomas veut partir en bateau.
(6)
Guillaume a demandé a sa mère d’amener sa copine à l’aéroport.
— Nous analyserons les complétives infinitives à un autre moment du cours.
— Le complémenteur que semble être à la tête des complétives (finies).
(7)
pense
que
Paul est profondément débile
— C’est donc le SC (syntagme complémenteur) (en anglais CP (complementizer phrase))
qui est le complément du verbe.
2 Les interrogatives
—
—
—
—
Il existe plusieurs types d’interrogatives.
Les interrogatives directes sont exprimées par la proposition principale.
Les interrogatives indirectes sont exprimées par une proposition subordonnée.
Les interrogatives partielles n’ont pas de syntagme interrogatif.
1
LIN3710
SC
— Les interrogatives totales contiennent des syntagmes
partielle
directe
(8)
indirecte (10)
(8)
a.
b.
Est-ce que tu as mangé des pommes ?
As-tu mangé des pommes ?
(9)
a.
b.
Qu’est-ce que tu as mangé ?
Qu’as-tu mangé ?
(10)
Je me demande si tu as mangé des pommes.
(11)
Je me demande ce que tu as mangé.
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interrogatifs.
totale
(9)
(11)
— Nous ne traiterons ici que des interrogatives directes.
2.1 Les interrogatives totales
— Dans l’interrogative totale suivante, l’auxiliaire semble se déplacer devant le sujet.
(12)
As-tu mangé des pommes ?
(13)
as tu as mangé des pommes
— La catégorie T se déplace vers la catégorie C.
(14)
C + as
tu
as
tu
v + mangé
mangé
des
pommes
2.2 Les interrogatives partielles
— Dans l’interrogative partielle suivante, l’auxiliaire se déplacer devant le sujet, comme dans le
cas de l’interrogative totale, et il y a déplacement du syntagme interrogatif (syntagme-qu-)
en position initiale.
(15)
Qui as-tu vu ?
(16)
qui as tu as vu qui
— La catégorie T se déplace vers la catégorie C et le syntagme-qu- est Fusionné avec le SC.
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SC
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(17)
qui
C + as
tu
as
tu
v + vu
vu
qui
2.3 La cyclicité successive
— Lorsqu’un syntagme-qu- a sa position d’origine dans une proposition complétive, ce syntagme
doit passer par la périphérie de chaque proposition entre sa position de base et sa position
finale.
(18)
Qui pense-t-il que tu as vu ?
(19)
qui
C + T + v + pense
il
T + v + pense
il
v + pense
pense
qui
que
tu
as
tu
v + vu
vu
qui
— Voici deux arguments pour cette hypothèse.
2.3.1 Le déplacement-qu- long en allemand
— Le déplacement-qu- long (en anglais long wh-movement) en allemand appuie l’idée que les
syntagmes-qu- doivent passer par la périphérie de chaque proposition entre la position de
base du syntagme et sa position finale. Considérons l’exemple suivant.
(20)
Wen denkst Du wen sie meint wen Harald liebt ?
qui penses tu qui elle croit qui Harald aime
‘Qui penses-tu qu’elle croit que Harold aime ?’
— Cet exemple contient plusieurs phrases complétives. Voici une représentation plus éclairante.
(21)
[ SC wen denkst Du [ SC wen sie meint [ SC wen Harald liebt ] ] ]
— Le mot interrogatif wen ‘qui’ débute sa vie syntaxique dans la phrase la plus enchâssée, où
il est interprété comme l’objet du verbe liebt ‘aime’. Pour se déplacer jusqu’au début de la
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SC
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phrase globale, le mot interrogatif doit passer par chaque phrase intermédiaire. 1
— Autrement dit, le mot interrogatif est Copié et Fusionné dans chaque phrase enchâssée. Dans
cette construction, chacune de ces copies (en caractères gras en (21)) est prononcée.
2.3.2 Les complémenteurs en gaélique écossais
— Le gaélique écossais a plusieurs complémenteurs. Celui employé dans les propositions déclaratives est gu(n), comme dans les exemples suivants. 2
(22)
Bha mi ag ràdh gun do bhuail i e.
was I asp saying that prt struck she him
‘I was saying that she hit him.’
(23)
Tha mi a’ smaoineachadh gu bheil Iain air a mhisg.
am I asp thinking
that is
Iain on his drunk
‘I think that Iain is drunk.’
— Dans les propositions interrogatives, le complémenteur a apparait.
(24)
Cò an duine a tha thu a’ pòsadh ?
who the man C are you asp marrying
‘Which man are you marrying ?’
(25)
Cò a’ chaileag a tha thu a’ pògadh ?
who the girl
C are you asp kissing
‘Which girl are you kissing ?’
— Dans les exemples suivants, chaque complémenteur entre la position de base du syntagme-quet sa position finale doit prendre la forme interrogative (a).
(26)
Cò an duine a bha thu ag ràdh a
bhuail i ?
who the man C were you asp saying that struck she
‘Which man were you saying that she hit ?’
(27)
Cò am bodach a
tha thu a’ smaoineachadh a
tha air a mhisg ?
who the old-man that are you asp thinking
that is on his drunk
‘Which old man do you think is drunk ?’
(28) *Cò an duine a bha thu ag ràdh gun bhuail i ?
who the man C were you asp saying that struck she
‘Which man were you saying that she hit ?’
(29) *Cò am bodach a
tha thu a’ smaoineachadh gu tha air a mhisg ?
who the old-man that are you asp thinking
that is on his drunk
‘Which old man do you think is drunk ?’
— Ceci suggère que le syntagme-qu- passe par chaque proposition dans la phrase.
1. Nous verrons plus tard dans ce cours pourquoi ceci est le cas.
2. La variation dans sa forme est de nature morphophonologique.
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