Des thèses et des mémoires
02 Situation sanitaire en Nouvelle - Calédonie - 2012 -
Des thèses et des mémoires II.4.1 -
l’importante morbi-mortalité associée à ces infections. Les
infections pneumococciques touchent principalement les
enfants de moins de 2 ans ainsi que les personnes de plus
65 ans. Ainsi, Sp occupe actuellement la première place
dans les infections bactériennes invasives de l’enfant âgé
de trois mois à deux ans et l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) évalue à près d’un million le nombre d’enfants
de moins de cinq ans qui décèdent chaque année d’une
infection invasive à pneumocoque.
Sp est naturellement sensible à de nombreux antibiotiques
actifs sur les bactéries à Gram positif. Cependant, depuis
une quinzaine d’années, l’émergence et la diffusion de la
résistance des pneumocoques à la pénicilline, ainsi que
l’apparition de souches multirésistantes, sont observées à
travers le monde, notamment en raison d’un mésusage des
antibiotiques.
Face à la gravité potentielle des infections pneumo-
cocciques, en particulier en pédiatrie, et l’apparition de
souches de plus en plus résistantes aux antibiotiques,
l’importance de la prévention par la vaccination apparaît
primordiale dans les populations à risque. Le premier vaccin
commercialisé en 1987 a été le vaccin polysaccharidique
23-valent (Pneumo23®). Ce vaccin n’est cependant pas
adapté aux problèmes pédiatriques, notamment en raison
de sa non-immunogénicité chez les enfants de moins de
deux ans. C’est pour cette raison qu’un second vaccin a été
développé sur le modèle du vaccin anti-Haemophilus
influenzæ. Le vaccin conjugué heptavalent (Prévenar®) a
ainsi été mis sur le marché en France en 2001. Il couvrait
les 7 sérotypes les plus fréquemment isolés à cette époque
chez les enfants de moins de deux ans. Ces sérotypes
étaient également souvent associés à une résistance à la
pénicilline. L’efficacité de ce vaccin a rapidement été
démontrée et on a pu constater une diminution de l’inci-
dence des infections invasives à pneumocoque chez les
nourrissons et une diminution globale du portage lié aux
sérotypes vaccinaux [3]. Cependant, l’incidence globale des
infections à pneumocoque n’a pas diminué et certains séro-
types non vaccinaux sont devenus plus invasifs ou/et plus
résistants. Ce remplacement sérotypique a conduit au
développement d’un nouveau vaccin conjugué à 13 valences
(Prévenar 13®) qui a été commercialisé en métropole à la
fin de l’année 2010.
En Nouvelle-Calédonie, une étude antérieure à l’intro-
duction du Prevenar®, a étudié la répartition des sérotypes
des souches invasives de pneumocoque et a évalué à 70%
la concordance entre les sérotypes circulants et les sérotypes
inclus dans ce vaccin. Les autorités sanitaires ont autorisé
l’utilisation du Prevenar® en Nouvelle-Calédonie depuis
2004 et il a fait partie des recommandations du calendrier
vaccinal de 2006 à 2010. Depuis juin 2011, le Prevenar
13® est disponible sur le territoire pour la prévention des
maladies invasives, des pneumonies et des otites moyennes
aigues causées par le pneumocoque chez les enfants de
moins de 5 ans.
C’est dans ce contexte que nous avons effectué notre
étude, avec comme objectifs principaux de décrire les séro-
types des souches de pneumocoque responsables d’infections
invasives et non invasives en Nouvelle-Calédonie en 2009
est supérieur à 85%. En Nouvelle-Calédonie, le taux de guérison
ou d’achèvement de traitement reste encore inférieur à cet
objectif, notamment en raison de la proportion de décès du
fait d’un retard diagnostic souvent majeur. Dans cette
étude, nous nous sommes rendus en tribu, au cœur des
foyers de tuberculose afin de mettre en évidence différents
déterminants pouvant être impliqués dans l’approche indivi-
duelle et collective de la tuberculose. Nous nous sommes
intéressés spécifiquement à la communauté Kanake qui est
de loin la plus affectée par ce fléau. Le but de cette étude
était de comprendre les raisons de ce retard au diagnostic
afin de proposer d’éventuelles mesures pouvant conduire à
une prise en charge précoce et ainsi de participer à la
réflexion entamée sur l’adaptation des pratiques médicales
et du système de santé calédonien à une certaine réalité
culturelle locale. Le retard de consultation dans les cas de
tuberculose revient surtout à la primo nécessité de consulter la
médecine traditionnelle, la médecine occidentale intervenant
souvent en seconde intention lorsque le tradipraticien en a
décidé. Il semble ainsi judicieux de sensibiliser en priorité
les guérisseurs pour qu’ils puissent être alarmés dès les
premiers symptômes. Pour les Kanaks, consulter un docteur
pourrait signifier une perte de liberté et de nombreuses obli-
gations. Certains ont peur d’être confrontés à des problèmes
judiciaires pour ne pas avoir leur carte d’aide médicale à
jour ou encore pour fumer du cannabis. Un moyen de pallier
à ces craintes pourrait être de faire intervenir le chef de tribu
pour qui la population locale porte du respect. En effet,
cette étude met en évidence que la totalité des patients
écoute et réalise les conseils de leur chef de tribu. Il paraît
donc important d’impliquer les chefs de tribus dans les
campagnes de dépistage et de prévention des pathologies.
Directrice de thèse : Dr Chantal BARBE
CHT de Nouméa - Nouvelle-Calédonie
Etude de l’impact des vaccins pneumococciques
conjugués en Nouvelle-Calédonie : état des lieux des
sérotypes circulants et de la résistance aux antibiotiques
en 2009, impact du Prévenar® et intérêt du Prévenar 13®
Elodie Virginie CHALUS (2012) - Univ. Clermont-Ferrand I
Streptococcus pneumoniae (Sp) est une bactérie commen-
sale des voies aériennes supérieures de l’homme. La coloni-
sation du rhinopharynx par le pneumocoque varie notamment
en fonction de l’âge et de l’environnement. Elle apparaît très
précocement au cours des premiers mois de la vie. Dans la
tranche d’âge allant de deux à trois ans, environ un enfant
sur deux est colonisé par le pneumocoque.
Le portage, en général asymptomatique, constitue une
première étape dans la transmission interindividuelle de ce
pathogène potentiel et dans le développement d’éventuelles
infections. Le pneumocoque est en effet impliqué dans un
grand nombre d’infections communautaires de l’enfant et de
l’adulte (otites, sinusites, pneumopathies, méningites,
bactériémies...). Au niveau mondial, ce germe constitue un
problème majeur de santé publique, notamment en raison de