Synthèse de l’animation pédagogique Etude de la langue au cycle 3 25/11/2009 I. En préambule : • L’enjeu est national. La question récurrente est de savoir s’il faut enseigner la grammaire : la langue et sa description, son fonctionnement. • Une clarification : Distinguer Langue et langage Le langage : c’est un moyen de communication. Le langage oral est la faculté de s’exprimer par des sons articulés, organisés au travers du système qu’est la langue. L’objectif pour l’enfant est d’acquérir cette faculté. La langue : c’est un système organisé par des règles (grammaire…). Il existe environ 4 000 langues. La langue s’avère être le lien social entre les individus d’un même pays. Le langage constitue donc les variantes par rapport à la langue. Maîtriser la langue française reviendrait à maîtriser le Bescherelle de grammaire… et toutes les règles de fonctionnement qui y sont… II. Un bref survol des programmes : • Fin du XIXe : Face aux patois et langues régionales, le but est d’apprendre à parler, en maîtrisant un minimum de connaissances sur le fonctionnement de la langue. • 1923 : Premières instructions officielles. On passe du « parler » à l’« écrire » (orthographier). La grammaire est dans ce contexte une discipline reine. • 1953 : Le contexte historique contribue au développement des langues vivantes, avec une approche grammaticale de leur apprentissage. • 1972 : La grammaire est absente des IO. Ses défenseurs sont muets, Freinet prend position contre la grammaire, jugée inutile du point de vue de sa démarche basée sur la production d’écrit. La linguistique reproche à la grammaire scolaire de manquer de vision d’ensemble. Une réorganisation de l’enseignement de la grammaire se met en place, avec des éléments issus de la linguistique. GN + GV Exemple : Paul va à la piscine. Pour la grammaire traditionnelle, il s’agit d’un CC de lieu. C’est un complément de phrase … Pour le linguiste, « à la piscine » ne peut être séparé de « Paul va ». C’est un complément essentiel … • 1985 : La grammaire sert à bien lire et comprendre. La grammaire de texte apparaît au collège. • 1995 : La grammaire de texte apparaît à l’école élémentaire. Elle se distingue de la grammaire de phrase qui reste prioritaire. • 2002 : Apparition de l’ORLF à l’école élémentaire. Changement d’approche (apports de la psychologie cognitive) mais pas de gros changements sur les contenus. Les faits de langue étudiés sont en rapport avec les activités de lecture et d'écriture CONSTAT : l’observation a été fortement développée mais la formalisation des savoirs et leur mémorisation l’ont été insuffisamment. • 2007 : L’ORL devient étude de la langue ou grammaire, orthographe, vocabulaire. Augmentation de l'horaire consacré à l'étude de la langue, jusqu'à 3 h 30. La composante “entraînement et fixation des connaissances”est à développer. • 2008 : Recentrage sur la grammaire de phrase. Le lien avec la littérature est moins affirmé. Apparition des progressions. • Entre 1902 et 2006 – 2008, les priorités ont évolué : Depuis 2006, c’est le SOCLE COMMUN de connaissances et de compétences… et non plus la seule langue qui est le “ciment de la Nation”. C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 • Les principes ayant présidé à l’élaboration des programmes 2008 La concision: Les objectifs et les contenus d’enseignement - Pas de considérations épistémologiques ou Psychologiques - Pas de prescriptions relatives aux modalités didactiques ou pédagogiques équilibre sens/ automatismes La lisibilité : Un vocabulaire simple, accessible aux non spécialistes. • Les principes communs aux axes du français : le vocabulaire, l’orthographe, la grammaire - Mener des séances spécifiques - La mémorisation est indispensable - Acquérir le vocabulaire lié aux notions étudiées (savoir parler de … nommer …) - Mobiliser les connaissances acquises pour mieux comprendre et mieux s’exprimer à l’oral, à l’écrit. - Vigilance constante de l’enseignant sur la précision et la correction de la langue III. Les composantes de la démarche - Préalable: formulation de la question, du problème objet de la recherche. - Etape 1 : l’observation. - Etape 2 : synthèse et formulation des acquis, ébauche collective de la règle… - Etape 3 : la formalisation – l’institutionnalisation des savoirs. - Etape 4 : entraînement (appropriation, application, mémorisation) On vise des connaissances sûres et des raisonnements adéquats …Sens et automatismes sont liés • Réflexions, raies flexions, réflexes ions… Infos +, infos +… Un mot n’a de « valeur » qu’en contexte. exemples : - blanc, rouge… fort… adjectif ou nom ??? - déjeuner, parler… verbe ou nom ??? C’est par des exemples mais aussi des particularités ou des contre exemples que se construisent les notions. exemples : La représentation canonique de la phrase est : - « groupe de mots qui a un sens et commence par une majuscule et finit par un point » - en général, les phrases données sont sur le schéma « groupe sujet – groupe verbal » Quel beau soleil ! Viens. Oui. Bonjour. Les nuages courent dans le ciel. Lorsque nous parlons, nos expressions sont toujours reliées à la situation et au contexte, il n’y a aucune chance pour que l’on mette spontanément les différentes formes que peut prendre un verbe selon les personnes, temps, modes. C’est grâce à l’écrit que l’on peut construire des tableaux de déclinaison et de conjugaisons. On ne connaît aucun exemple d’analyse grammaticale dans des sociétés de tradition purement orale. IV. « Les points clés » ou incontournables en termes de connaissances et capacités La phrase La simplification des relations syntaxiques exemples : le sujet commande le verbe le déterminant commande le nom Conjugaison : construction par les constantes dans les terminaisons. C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 V. Les opérations nécessaires à l’étude de la langue Il s’agit principalement de : trier, classer, comparer, déplacer, substituer, ajouter, compléter, supprimer. VI. Progressions – Programmations - outils – pistes de travail 1. Programmations et progressions On trouve les mêmes rubriques du CP au CM2 Deux lectures sont indispensables pour permettre une cohérence et continuité dans l’apprentissage d’une notion… : - lecture verticale : la classe et le cycle progression - lecture horizontale : le cycle programmation et nécessité de cohérence Quelques-uns des enjeux : Quelle progressivité dans l’apprentissage des notions ? voir référentiel sur le site de circo Une lecture horizontale au travers de deux exemples : Exemples : • Rubrique La phrase Compétence G1 01 : Identifier les phrases d'un texte en s'appuyant sur la ponctuation : c’est une nouveauté au CP et cela doit être consolidé ensuite. • Rubrique La phrase Compétences G1 02 Transformer oralement une phrase simple déclarative affirmative en phrase négative G1 03 Transformer une phrase simple déclarative en phrase interrogative (affirm. Négat. ) et inversement. Construire correctement ces phrases Ces deux compétences sont considérées comme des nouveautés aux CE1 – CE2 – CM1 ce qui suggère que cela se construit dans le temps, progressivement… pour être consolidé au CM2. Comment donner du sens à l’étude de la langue et permettre des transferts, des réinvestissements ? « ils connaissent les règles … par cœur… mais ne savent pas les (ré)utiliser…!!! en situations d’écriture…(dictée ou rédaction…) » Exemples : -Comment aborder les classes de mots depuis le CP ? -Comment aborder l’étude des temps, de la conjugaison depuis... ? -Quelle est la part de l’oral, de l’écrit ? Certaines compétences sont notées à la fois en orthographe, en grammaire, en vocabulaire ou même deux fois en grammaire dans deux rubriques différentes… (ce qui est logique du point de vue linguistique) Il convient de veiller à ne pas refaire la même chose… Exemples : Compétences O9 et G25 – compétences O10 et G28… Compétences G6 02 et G2 01 C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 2. Pour chaque notion, quelques éléments à prendre en compte : -Les caractéristiques de la notion -La terminologie à utiliser avec les élèves (quand, laquelle…) Point d’appui : Rapport Bentollila Voir sur site de circonscription -Les types de situations proposées (oral, écrit, phrases, textes…) -Les situations d’écriture pouvant mettre en jeu la notion (dictée, ateliers d’écriture, reproductions de textes…) -Des traces, des exemples pour mémoriser 3. Quelques éléments à prendre en compte dans les pratiques : (préconisations de Viviane Bouysse Inspectrice générale de l’Education Nationale) - Veiller à la dynamique dans le temps, la cohérence du travail au cours du(des) cycle(s), les niveaux d’exigence successifs… - Veiller à la répétition au travers de pratiques récurrentes (activités ritualisées…) des séances courtes et régulières (voir calcul mental) - Travailler à partir d’exemples ET de contre exemples - Vigilance constante sur la précision et la correction du vocabulaire - La mémorisation : création et/ou utilisation d’outils - L’évaluation : contrôler mais aussi évaluer la mobilisation en situation faire produire … de l’écrit, de l’oral… C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 - Veiller à une continuité pour les élèves dans les outils… mobiliser les appuis sur ce que l’on sait/ ce que l’on a appris… 4. Des outils et des pistes de travail L’appui sur des situations d’écriture • La phrase du jour Voir Document sur site de circonscription • La dictée Voir Document sur site de circonscription • Les ateliers d’écriture Voir Document sur site de circonscription tableau de mise en relation compétences en français et ateliers d’écriture • La reconstitution de textes Le support : Ce peut être un extrait d’une œuvre de littérature, une poésie (à apprendre)… La démarche : • Le texte est donné à lire. On en vérifie la compréhension générale. • Une phase de mémorisation pendant laquelle le texte est lu par plusieurs élèves phrase par phrase (vers par vers) et répété ensuite par d’autres élèves. On peut masquer au fur et à mesure les phrases précédentes…et on répète deux puis trois… phrases. • Phase de reconstitution : On présente le texte sous forme de « texte à trous » en laissant des mots à des endroits particuliers de manière à susciter chez les élèves des points d’appui sur la langue : - … oiseaux sont … induit un déterminant pluriel, un accord pluriel. - Nous … induit un verbe se terminant par ONS… - … maison … fermée. induit une majuscule, un verbe. Les élèves doivent alors reconstituer le texte en s’aidant de leur mémoire, du sens et des indices orthographiques. L’appui sur des situations régulières/quotidiennes • Le petit bac des classes de mots … : diverses possibilités Classes Nom Verbe déterminant Adjectif qualificatif S D Catégories R A V P Fruit Animal Objet • La phrase problème en fonction de son intention pédagogique (accords, vocabulaire…) Par manque : On propose une ou plusieurs phrases à trous et les élèves doivent faire des propositions. (soit de manière collective, soit individuellement, par binômes, par équipes…) Exemple : les homonymes L’argent ne .. trouve pas sous les sabots de .. cheval. C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 Exemple : les terminaisons Il distribu… les cartes, l’atmosphère est très tendu…. Il n’a pas plu… cette semaine. Je ne l’ai plu… revu. Par substitution : Trouve des mots équivalents à ceux soulignés (même classe) dans une phrase donnée. • La caisse qui est garée devant la baraque est bousillée. • Qui veut tartiner loin ménage sa confiture. • Les défis : en fonction de son intention pédagogique (accords, vocabulaire, conjugaison…) Exemples sur la conjugaison • On demande aux élèves de faire quatre colonnes : imparfait, futur, passé composé, conditionnel présent… et de noter dans la bonne colonne le numéro des phrases que l’on dit à l’oral… des verbes qu’on leur donne… (soit de manière collective, soit individuellement, par binômes, par équipes…) • On prend deux ou trois boîtes, une avec les verbes étudiés, une avec les personnes (pronoms de conjugaison) et une autre avec les temps étudiés (facultatif si on travaille sur un seul temps) On tire une carte dans chaque boîte… Exemple : sur les homophones On demande aux élèves de faire des colonnes pour CES, C’EST, SES, S’EST, SAIT… et de noter dans la bonne colonne le numéro des phrases que l’on dit à l’oral… • Les questions en fonction de son intention pédagogique (accords, vocabulaire…) Exemple : sur les classes de mots Donner la phrase « Tu jacasses comme une pie bavarde » • Trouvez l’adjectif de cette phrase. • Combien y a-t-il de déterminants dans cette phrase ? Exemple : sur le sens des mots et la pronominalisation Donner la phrase « Demain, il viendra à l’école en voiture. » • De qui parle-t-on ? • Quel mot remplace « IL » ? • Que se passe-t-il si on remplace « IL » par « ELLE », par « ILS »… • Les énigmes en fonction de son intention pédagogique (accords, vocabulaire, conjugaison…) Exemple : sur les classes de mots • Je suis un mot qui change en fonction du temps. J’appartiens à un groupe où on a tous les mêmes caractéristiques. Je suis … verbe du 2° groupe • Je suis un mot invariable mais je suis important pour donner des précisions dans la phrase. Je suis … adverbe • Je suis un mot qui ne s’accorde pas avec les autres mais certains doivent s’accorder à moi. Je suis … déterminants – pronoms personnels (sujets) • Je suis un mot sans qui la vie serait triste. C’est moi qui indique les caractéristiques des choses, des personnes… Je suis … adjectif qualificatif Exemples divers : • Je suis un signe de ponctuation qui sépare les groupes de mots. On respire quand j’apparais. Je suis … la virgule • Si je dis « ce mot est sujet ou complément de nom ou attribut … », je parle de la ……… du mot la fonction C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 L’appui sur des outils… pour analyser, mémoriser • Une fiche cadre en conjugaison Sur quels aspects insister ? Que mettre dans les traces écrites en conjugaison ? Quelques éléments à faire émerger quel que soit le temps : • Identifier l’époque concernée par le temps : PASSE, PRESENT, FUTUR, pointer les indicateurs de temps possibles (hier…) Observer la construction du temps : ce que nous dit le nom du temps, faire le constat du nombre de mots nécessaires, est-ce un temps simple ou composé ? Analyse de ces mots Exemples : - des temps simples de l’indicatif (imparfait, présent, futur simple, passé simple…), des temps composés (passé composé, plus que parfait…) pour lesquels parfois le nom donné renseigne déjà… - le passé composé = être ou avoir au présent de l’indicatif + participe passé du verbe concerné. Dégager les terminaisons : - sont-elles régulières ? - comment peut-on les regrouper si elles ne le sont pas ? - quelles sont celles qui se distinguent aisément ? - quelles sont celles qui se « disent pareil » mais s‘écrivent différemment … ? Y a-t-il des régularités au niveau du radical ? Exemples : - le futur : radical = à l’infinitif pour les verbes en ER et IR et radical identique quelle que soit la personne pour les autres verbes - l’imparfait : le radical est toujours le même… Y a-t-il des cas particuliers ? Une grille d’analyse Pour faciliter : le suivi par le maître et l’élève – l’anticipation par l’élève – une différenciation C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09 • Un carnet de Vocabulaire spécifique ou un répertoire… Il y a une grande vigilance à avoir par rapport à la terminologie spécifique aux disciplines… (en maths, en géographie, en scences…) • Quand donner le terme ? Quand on pense que la notion est intégrée… Un moyen d’évaluer la compréhension de la notion : Avant de donner le terme exact, demander aux élèves de trouver un mot qui pourrait correspondre. Tous les termes qui montrent la compréhension sont alors écrits (néologisme compris…), on peut utiliser des termes ou expressions transitoires (paquets de dix, de cents…) puis on donne le mot exact. C. BADEROT CPC généraliste Montargis Ouest Animation pédagogique ETUDE LANGUE Cycle 3 11/09