La situation économique et financière de la Roumanie

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La situation économique et financière de
la Roumanie
Au premier semestre 2016, le dynamisme de la croissance roumaine a été porté par la demande domestique,
et notamment par la consommation des ménages suite à une forte baisse de la TVA début 2016 (de 24 à 20%)
et à des augmentations successives de salaires dans la fonction publique. Conséquences de ces mesures,
les pressions déflationnistes persistent et le déficit public se creuse nettement sur les sept premiers mois de
l’année 2016. Les mesures supplémentaires prises par le Parlement à l’approche des élections législatives de
décembre 2016 pourraient accroître encore davantage le déficit sur l’année. La forte demande intérieure a
également détérioré le solde de la balance courante, ce qui pourrait peser sur le financement de la dette
publique à moyen-long terme.
1. La demande intérieure continue de soutenir fortement l’activité
Au deuxième trimestre 2016, la croissance du PIB s’est établie à 6% en glissement annuel (pour
mémoire, le consensus économique prévoyait une croissance de 4,1%) 1, ce qui a conduit le gouvernement à
réviser à la hausse sa prévision de croissance pour 2016, qui s’établit désormais à 4,8% (contre 4,2% prévu
initialement).
La demande intérieure est restée le principal moteur de la croissance : la contribution des dépenses
de consommation des ménages à la croissance du PIB a été de 6,8 points de pourcentage (pp); celle
de l’investissement de 1,6 pp. Le dynamisme de la demande intérieure s’est accompagné d’un creusement
du déficit courant, principalement dû à l’augmentation du déficit commercial, résultant en une contribution
négative du commerce extérieur à la croissance du PIB (-3,4 pp). Du côté de l’offre, le commerce de détail et
de gros, les transports et les hôtels et restaurants ont contribué à hauteur de 2,1 pp (p.m., le secteur compte
pour 19% dans le PIB). Le secteur TIC (7,2% du PIB) a contribué à hauteur de 1,1 pp à la croissance. La
contribution de l’industrie à la croissance du PIB s’est établit à 0,4 pp (pour une part dans le PIB de 22,6%).
Plusieurs facteurs expliquent le dynamisme de la consommation des ménages. Le taux de TVA est passé
de 24% à 20% au 1er janvier 2016, le taux de chômage continue de reculer (6,1% en juillet 2016 contre 6,8%
un an plus tôt) et la croissance des coûts salariaux horaires dans l’industrie et les services est
relativement élevée (+12% au T2 2016) en raison de plusieurs hausses successives des salaires à la fois
dans le secteur privé et dans la fonction publique, mais aussi du relèvement du salaire minimum (+19% au 1er
mai 2016 à 1250 RON). A noter que l’augmentation des salaires est plus rapide que celle de la
productivité, ce qui indique que la croissance repose en partie sur des facteurs conjoncturels et qui pourrait
peser sur la compétitivité du pays et les créations d’emploi. Le risque de surchauffe de l’économie ne
semble pas élevé, même si il n’est pas à exclure dans la mesure où l’écart de production (output gap) devrait
être positif en 2016. Par ailleurs certaines mesures, en discussion au Parlement, pourraient encore favoriser
la consommation, notamment un projet visant à exempter de l’impôt sur le revenu (taux actuel : 16%) les
retraités percevant une pension supérieure à 1050 RON (environ 236 euros) et à dispenser deux millions de
retraités de contributions sociales sur la santé. Du côté des entreprises, le gouvernement a approuvé, le 8
septembre 2016, une mesure d’incitation à l’investissement des PME2 d’un montant budgétaire total allant
jusqu’à 900 M RON (202 M EUR, soit 0,12% du PIB). Cette disposition pourrait faciliter l’accès au financement
des PME, traditionnellement difficile.
L’activité devrait toutefois ralentir au second semestre 2016. Sur l’année, la Commission Nationale de Prévisions roumaine pr évoit une
croissance de 4,8%, chiffre retenu par le Premier ministre lors de sa déclaration au Parlement en septembre 2016.
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Cette aide d’Etat est conçue comme un programme pluriannuel courant jusqu’en 2020. Elle devrait être mise en œuvre à compter
d’octobre 2016. Pour être éligible, les entreprises devront faire la demande chaque année (dans la limite du budget alloué par l’Etat) et
en accord avec des conditions d’admissibilités préétablies. L’investissement faisant l’objet de l’aide doit être inférieur à 10 M EUR.
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L’évolution de la production industrielle est inégale et globalement peu dynamique (-3,4% en juillet en
glissement annuel, après +1,1% en juin, et 0% au 1er semestre 2016) compte tenu d’un nombre de jours
travaillés inférieur en juillet 2016 comparé à 2015 et des mauvaises performances de la production industrielle
en Europe, notamment en Allemagne, 1er partenaire commercial de la Roumanie (-1,2% sur un an en juillet
2016). Pour mémoire, 76% des échanges commerciaux de la Roumanie sont réalisés avec l’UE. Par
composantes, la production industrielle a été affectée par des baisses d’activité dans l’industrie des mines et
carrières (-13,7% sur un an), dans la production et fourniture d’électricité, de gaz et d’air conditionné (-5,9%
sur un an), et dans la fabrication industrielle (-2,9% sur un an). Par ailleurs, l’indice de prix à la production
(PPI) est en baisse de 2,3% en juillet 2016 sur un an (-0,5% sur un mois). La baisse est toutefois plus modérée
qu’en février (point bas depuis le début d’année), ce qui indiquerait une tendance similaire à celle des prix à
la consommation et une remontée progressive des prix.
2.
Les
pressions
progressivement
déflationnistes
persistent,
mais
refluent
Le taux d’inflation reste négatif, à -0,7% à la fin du deuxième trimestre 2016 et -0,2% à fin août sur un an,
malgré la forte croissance économique. L’impact de la baisse de la TVA est toujours marqué mais
s’atténue progressivement. La banque centrale de Roumanie (BNR) anticipe une remontée progressive du
taux d’inflation et un taux positif d’ici la fin d’année 2016 (fin des effets de premier tour et demande domestique
soutenue). Hors effet afférant à la baisse de la TVA, l’inflation s’établit à 1% en août, un niveau situé en deçà
de la cible d’inflation définie par la BNR (2,5%, avec une marge de fluctuation de +/-1 pp).
A court terme, la BNR devrait maintenir son taux d’intérêt directeur à son niveau actuel (1,75%) ; elle
pourrait en effet se trouver contrainte entre deux objectifs : abaisser son taux d’intérêt pour relancer l’inflation
– les pressions déflationniste devraient perdurer en 2017 en raison d’un nouvel abaissement du taux de TVA
à 19% prévu au 1er janvier 2017 et d’un niveau d’inflation importée toujours bas – ou l’augmenter afin de
maintenir un niveau d’attractivité élevé pour les marchés si une remontée des taux de la Fed devenait effective,
ou pour limiter une possible surchauffe de l’économie.
Les réserves en devises de la BNR se sont établies à 33 milliards d’euros à fin août 2016 (+1% sur un mois),
6,3 mois d’importation à fin juin 2016, niveau jugé adéquat par les institutions internationales.
3. Les déficits public et courant devraient se détériorer en 2016
Le déficit public roumain a atteint -0,2% du PIB sur les sept premiers mois de 2016, un niveau supérieur
à celui de l’année dernière à la même période (+1% en juillet; -1,5% sur l’année 2015) mais inférieur à ce
qu’avait prévu le gouvernement dans son budget 2016. Les dépenses publiques augmentent
significativement tandis que la baisse des recettes provenant de la réduction du niveau de la TVA n’est
pas totalement compensée par l’augmentation des recettes provenant de l’impôt sur les profits d’entreprise,
des droits d’accise, des contributions à l’assurance sociale et des taxes sur les salaires et revenus. Alors que
la loi de finances publiques pour l’année 2016 prévoit un déficit public de près de 3%, les élections
législatives du 11 décembre 2016 pourraient conduire à une dégradation de l’équilibre budgétaire de
2016, mais également de 2017, si de nouvelles mesures fiscales venaient à se multiplier. En 2016, la
dette publique devrait augmenter à nouveau pour atteindre près de 40% du PIB (contre 12,3% en 2006).
La dette extérieure augmente légèrement à fin juillet 2016 (54,4% du PIB) comparé à fin 2015 (54,3% du PIB)
en raison de la hausse de la dette externe de court terme (+7% sur la période) qui représente près d’un quart
de la dette externe totale. Par ailleurs, le niveau de la dette externe de long terme diminue légèrement (-2%
sur la période).
Au premier semestre 2016, le déficit courant (EUR -2,16 Mds soit -1,3% du PIB) s’est accru comparé au
premier semestre 2015 (EUR -0,76 Mds). La balance des biens et services est désormais déficitaire (EUR 538 millions), alors qu’elle était excédentaire un an plus tôt (EUR 344 millions), en raison de la dégradation de
la balance des biens attribuable à la demande domestique soutenue qui accroît les importations, à la faible
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demande mondiale et à la légère dégradation des termes de l’échange. Sur l’année 2016, le déficit courant
devrait se creuser (-2,0% en 2016, contre -1,1% en 2015 selon les prévisions du FMI) en raison
principalement de la dégradation du solde commercial et des flux entrant de subventions provenant de l’UE
inférieurs au niveau initialement prévu (début de période de programmation 2014/2020). A moyen long terme,
la détérioration du solde de la balance courante pourrait peser sur le financement de la dette publique.
4. La morosité de l’environnement international pourrait affecter la
confiance des investisseurs
L’environnement international reste sujet à plusieurs risques baissiers qui pourraient impacter
l’économie roumaine. La demande mondiale reste en effet contrainte alors que le risque politique3 en Europe
(Royaume-Uni, Italie, Espagne, etc.) et aux Etats-Unis augmente. Par ailleurs, un relèvement des taux par la
Fed d’ici la fin d’année 2016 est de plus en plus probable. Ces trois facteurs (faible croissance mondiale,
risque politique et hausse des taux), la multiplication des mesures de soutien fiscal et un éventuel dérapage
budgétaire pourraient peser sur la confiance des investisseurs.
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En Europe, l’indicateur EPU (Economic Policy Uncertainty), qui mesure le degré d’incertitudes en matière de politique économique, est
plus élevé en moyenne sur les huit premiers mois de l’année 2016 comparé à la même période en 2015.
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