propositions consiste en  une adéquation aux états réels : « Si  quelqu’un est un homme, l’énoncé par 
lequel nous disons qu’il est un homme est vrai. C’est aussi réciproque, car si est vrai l’énoncé par lequel 
nous disons qu’il est un homme, il est un homme. Mais l’énoncé vrai n’est en aucune façon cause du 
fait que  la chose soit, tandis que la chose  apparaît  d’une certaine façon comme la cause du  fait que 
l’énoncé soit vrai. Car c’est parce que la chose est ou n’est pas, que l’énoncé est dit vrai ou faux. »7. De 
ce  fait,  les  propositions  futures  n’ont  de  vérité  que  si  elles  sont  nécessaires,  comme  les  vérités 
mathématiques ou physiques. En revanche, les propositions futures portant sur des faits contingents ne 
sont  ni  vraies  ni  fausses,  car les  événements  non  nécessaires  ne  sont  vrais  qu’au  moment  où  ils  se 
passent, et non depuis toujours8. La conception opposée à celle-ci, qui pose une vérité du futur dans 
tous  les  domaines,  même  si  nous  ne  pouvons  la  connaître  que  rétrospectivement,  supprime  la 
distinction  entre  nécessaire  et  contingent  et  considère  tous  les  événements  comme  résultant  d’un 
enchaînement causal inéluctable. Ce déterminisme est refusé par Aristote, en raison de sa conception 
de l’action humaine comme non déterminée et non prévisible. Quant aux choses qui n’existent qu’en 
imagination, elles ne sont pas fausses en elles-mêmes mais l’affirmation de leur existence est fausse : 
« En eux-mêmes, les noms et les verbes ressemblent à la notion sans combinaison et division, comme 
« homme » ou « blanc », lorsqu’on n’y ajoute rien, car ce n’est encore ni faux ni vrai. Un signe de ceci 
est que même le bouc-cerf signifie quelque chose mais n’est pas encore vrai ou faux, si on n’y ajoute 
pas le fait d’être ou de ne pas être, soit absolument soit temporairement. »9. Pour ce genre de choses 
imaginables mais dont on ne peut observer aucun cas réalisé, on peut forger une définition seulement 
nominale, c’est-à-dire qui explique le mot mais ne rend pas compte du réel. C’est pourquoi les non-
étants de ce type ne sont pas des objets de science mais seulement d’opinion10.  
Catégories, sujets et attributs 
Le rapport du mot à la chose apparaît notamment dans le célèbre passage du traité des Catégories 
dans lequel figure la liste complète des dix « catégories »11 : 
« Chacune des  expressions  non composées désigne soit une substance soit  une  quantité, une 
qualité, un relatif, un lieu, un temps, être posé, porter sur soi, faire ou subir. Est une substance, pour le 
dire  sommairement,  par  exemple  un  homme,  un  cheval ;  une  quantité :  de  deux  coudées,  de  trois 
                                                 
7 Catégories, 12, 14b 15-22 ; Cf. Métaph. Q10, 1051b 6-9 : « Tu n’es pas blanc parce que nous pensons avec vérité 
que tu es blanc, mais, parce que tu es blanc, en disant cela nous disons vrai. ». 
8 De l’interpr. 9, 18 a 28 – 19 b 4. 
9 De l’interpr. 1, 16 a 13-18.  
10 De l’interpr. 11, 21 a 32-33 ; cf. Réfutations sophistiques 5, 166 b 37 – 167 a 6. 
11 Catég. 4, 1b 25-2a 4.