Commentaire :
Ciao Hervé,
si je te dis d’où je t'écris, probablement tu trouveras déjà une moitié de la réponse à ton message qui me fais
plaisir. En effet, je viens d’atterrir à Fribourg pour mon cours semestriel à l'Université. Je ne serai de retour
que le 13 mars. Mais tu peu être sur qu’on trouvera à ce moment un bon moment pour le çay, en programme
depuis long temps. Quant à l’article, t'as tout à fait raison, mais là la réponse ne peu pas se limiter à deux
lignes de courriel ! Je suis très perplexe par rapport à ce que j'ai lu même si je ne tombe pas des nuages, car
c'est un discours que j'ai déjà entendu plusieurs fois. Mais, je me demande si, ceux qui devraient être des
experts, écrivent des choses pareil, on ne peut plus se plaindre de l'homme de la route qui réagit seulement à
partir de ses sentiments et ses peurs! Je me limite dans ce message à un premier détail. Il y a un principe
théorique exact : à l’origine on ne peut pas séparer « din et dawla » (religion et état), en Islam. Mais l’histoire
a déjà présenté des évolutions que le jésuite ignore ou fais semblant d’ignorer ! Son préalable est bien
parlant : « Je refuse la position de ceux - musulmans ou chrétiens - qui se voilent la face, jouent à la politique
de l’autruche, tournent autour du pot, refusent de voir la réalité en toute objectivité, ou prennent leurs désirs
pour des réalités, au nom du dialogue et de la tolérance. » C’est un article amère de quelqu’un qui a des
comptes à régler avec un monde qu’il n’est plus capable d’accueillir tel qu’il est. Il est comme borné et aussi
très présomptueux quand il dit de tout connaître… c’est intellectuellement débile une attitude comme ça ! Il
y a un tournant dans l’histoire, le tournant ottoman de Suleyman qui représente une brèche ouverte dans cette
vision totalisante de l’islam ! L’introduction du Kanun (la loi civile) à coté de la loi religieuse, brise
justement l’emprise totale du religieux sur le politique et l’unité indissoluble des deux. L’expérience
ottomane inaugure un model opposé à celui classique : ce n’est plus l’emprise du religieux sur le politique
mais du politique sur le religieux, comme le confirmera aussi Atatürk dans son projet « républicain ». Un
dernier mot. Le rapport même entre islam et islamisme présente les limites d’une vision caricaturale de
l’islamisme. L’auteur ne le dit pas explicitement, mais quand il parle d’islamisme, il pense à violence et à
occupation progressive de l’espace... Par islamisme on représente une vision idéologique de l’islam, vision
comprise comme contestation d’un pouvoir, d’un régime ou d’une société particulière. C’est évident qu’il y a
un langage réservé à l’islam qui est déjà orienté, au départ, dans un sens anti-islamique. Il y a 25 ans, quand
l’islamophobie n’était pas encore si accentuée, le terme « islamisme » était interchangeable avec « islam »,
ou il indiquait la culture et la tradition islamique plus que la religion au sens étroit. Avec « islamiste » on
signifiait le spécialiste d’islam. On parlait tranquillement de « dialogue entre christianisme et islamisme ».
Aujourd’hui, si je disais que je suis un « islamiste » (car je m’occupe d’islam dans mes études), mon
téléphone serait mis sous contrôle ! Les patrons de l’information médiatique ont décidé que par « islamiste »
on entend « intégrisme et terrorisme ». C’est bizarre, car pour les autres religions le problème ne se pose
pas : on dit tranquillement « bouddhisme / bouddhiste », « hindouisme / hindouiste », ou « hébraïsme /
hébraïste »… Dans les journaux télévisés on dit tranquillement : « On a saisi une nouvelle cellule
islamique », car dire « On a saisi une nouvelle cellule intégriste musulmane » est trop compliqué. On dit
tranquillement : « La violence islamique fait un carnage parmi des civils israéliens », mais essayez-vous de
dire pareillement : « violence hébraïque de colons israéliens fait deux victimes… », vous seriez
immédiatement accusés d’anti-sémitisme ! Pourquoi ne pas adopter le préfixe « pseudo islamique ou pseudo
hébraïque… » pour éviter des discrimination terminologiques ? Ce n’est bien évidemment pas le souci de
notre auteur qui termine son chef d’œuvre en niant à l’islam l’ambition de convertir toute l’humanité…
C’est un article qui représente très bien une école de pensée très répandue aujourd’hui. Mais la solution ce
n’est pas d’y opposer une école de signe opposé mais de considérer que n’existe pas l’islam en tant que tel
mais des croyants musulmans… Avec beaucoup d’entre eux est possible d’enter en dialogue pour partager le
désir de s’élever plus haut des simples préoccupation matérialiste de ce monde… Ce qui reste de l’Occident
chrétien n’a peut être pas compris que épuisant ses énergies dans une guerre idéologique contre l’islam est en
train de rendre service à la sécularisation laïciste… Bien à TOI !
Claudio