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de cannabis, est l’instrument de langue française qui a été le mieux validé auprès des adolescents. Il
comportesixquestions,quipermettentd’évaluerlasurvenuedesévénementssuivantsaucoursdes12
derniers mois: l’usage avant midi (c’est‐à‐dire hors contexte festif),l’usagesolitaire,lestroublesdela
mémoire,lesremarquesdel’entourageàproposdelaconsommation,l’échecdestentativesd’arrêtoude
réductiondel’usageetlesproblèmesliésàlaconsommationdecannabis(dispute,bagarre,accident,etc.).
Commentjustifieretmettreenœuvrelerepérage?
Ilestrecommandéd’aborderlaquestiondelaconsommationenprivilégiantuneentréeparlesmodesde
vie,c’est‐à‐dire une approche globale du patient,quiinterroged’abordleshabitudesde vieen général
avantd’évoquerlaconsommationdedrogues.Lesquestionsconcernantlecannabispeuventparexemple
êtreintégréesdansunquestionnairedesantégénéralouunediscussionautourdustyledeviedupatient.
Le repérage d’une consommation problématique de cannabis est plusefficacelorsqu’ilfaitpartie
intégrante des pratiques cliniques de routine. La littérature suggère de privilégier différents contextes
d’interrogation:interrogationsystématiquedetouslesadolescentsquiviennentpourlapremièrefoisen
consultation; ciblage des jeunesquisollicitentuncertificat d'aptitude sportive ou une vaccination;
questionnement en cas de problèmes qui pourraient être liés à une consommation de cannabis
(problèmes respiratoires, accident de la route, problèmes judiciaires, etc.); repérage par questionnaire
avantdeprescrireunmédicamentsusceptibled’interagiraveclecannabis.
Cependant, la demande étant rarement spontanée chez les patients mineurs, le clinicien pourra être
amenéàdéjouerlesrésistancesdusujet,carbiensouvent,lejeuneconsommateurnieladangerositéde
sonusage.Quandl'usagern'est pasaprioridemandeur,leprofessionnelde santédoitveiller à nepas
porterdejugementsurlepatient.Lestyleduthérapeuteestunpuissantdéterminantduchangementde
comportement du patient. L'aider à évaluer son niveau de consommation peut faciliter une prise de
conscienceetsoutenirsamotivationéventuelleàunchangementdecomportement(diminutionouarrêt).
Denombreusesétudesontdémontréquelapositiondusoignantdoittenircomptedel’attenteexprimée
par le patient et de sa dispositionau changement. L'écoute, l’empathie et le respect de l’autonomie du
patientapparaissentcommeles meilleures attitudesà adopter dansle cadre dela consultation,dont l’
objectifportesurdesenjeuxdesantéetnondemaintiendel'ordre familial ou social. Cependant,
particulièrementfaceàunpublicmineur,ilimported’associerl’entourageauprocessusdechangement,
enencourageantlesattitudesd'aideetdesoutiendelapartdel'entourage.L’instaurationd’unerelation
deconfianceestdoncuneconditionnécessairedelapriseenchargeetdelaréussiteduchangement.Les
stratégies relationnelles, centrées à la fois sur les préoccupations du patient et sur l’objectif d’un
changementdecomportement,ontfaitleurspreuvesdanscedomaine.
Commentprendreenchargelespatientsensituationd’usageproblématiquedecannabis?
Enl’absencedetraitementmédicamenteuxspécifique,lesmodalitésdepriseenchargeefficacesreposent
sur les approches psychothérapiques, en particulier les entretiens motivationnels et les thérapies
cognitivo‐comportementales,quis’attachentà traiterlesdifficultéspsychologiqueset lesco‐morbidités
psychiatriques,fréquenteschezlesusagersdecannabis.Lathérapiefamilialebrève(àl’instardeMDFT)et
la thérapie de groupe ont également été démontrées comme efficacespourréduirel’usageetla
dépendanceaucannabischezlesadolescents;
La stratégie de prise en charge doit être individualisée. Elle doit d’abord évaluer la motivation au
changementdupatient,pourdéterminerleniveaud’interventionadapté.Lerecoursàunquestionnairede
repérage standardisé permet de distinguer trois niveaux de risque chez le patient, qui appellent trois
typesd’attitudespourleprofessionneldesanté.Faceàunrisquefaible,leprofessionnelpeutselimiterà
conforterlasituation.Faceàunrisqueélevé, il peut recourirà uneinterventionbrèvemotivationnelle,
afin de renforcer la motivation et la capacité du consommateur à modifier son comportement pour en
diminuerlerisque,l’intérêtdesinterventionsbrèvesenpopulationadolescenteétantbienétabliparles
études.L’entretienmotivationnelapparaîtparticulièrementindiquéchezlessujetsdésireuxdediminuer
leurconsommation.Coupléàunfeedbackditnormatif,ilestdémontrécommeefficaceauprèsdes
adolescentsquineformulentaucunedemanded’aide.Pourcesdeuxniveauxderisque,l’interventionpeut
êtreréaliséepardesprofessionnelsdepremierrecours.Néanmoins,faceàdesdommagesimportantsou
unesituationdedépendance,lemédecindoitpouvoirorienterlepatientversunestructurespécialisée.
Ainsi,l’objectif principal du médecin depremier recours doitdonc être de repérer les usages à risque,
d’évaluer les risques et les dommages liés à l’usage de cannabis et d’aider le patient à en prendre
conscience.Lapremièreétapedelapriseenchargeconsisteàouvrirla discussion(l’urgencen’estpas
diagnostiquemaisrelationnelle),afindefairelepointaveclepatientsurlescirconstancesetlecontexte
de consommation et amener une réflexion sur les attentes et les alternatives à la consommation de
cannabis.La deuxième étapede la priseencharge consisteà soutenirlamotivationauchangementde
comportementetproposerdepremièresinterventionsaupatient.