Message du P. Giovanni Salerno
Chers amis
Laudetur Jesus Christus !
Après avoir réfléchi sur notre Règle de vie, ce livre d’or qu’est l’Imitation du
Christ, comme aussi sur le rôle de l’Eucharistie et de la Très Sainte Vierge
Marie dans notre Mouvement, je veux continuer à approfondir avec vous le
charisme des Missionnaires Serviteurs des Pauvres du Tiers Monde, en pré-
sentant un autre point particulier de notre vie : la fidélité au Pape et au Ma-
gistère de l’Église.
Plus d’une fois, j’ai souligné que le Mouvement n’est pas né d’un désir per-
sonnel de servir les pauvres ou d’une inclination purement humaine (qui après
trente ans se serait déjà éteinte), mais d’une impulsion de l’Esprit-Saint qui
— moyennant les appels du Saint Père, et spécialement en ce temps-là, du Pape
Paul VI avec l’Encyclique Populorum progressio — s’est frayé un chemin en
mon cœur et dans le cœur de ceux qui ont embrassé le charisme de l’Opus
Christi Salvatoris Mundi pour être présence vivante de l’Église parmi les plus
pauvres.
Réellement, être Missionnaires Serviteurs des Pauvres du Tiers-Monde signifie
vouloir réaliser parmi les pauvres les désirs du Pape, se présenter aux pauvres
comme ses envoyés. Ceci se concrétise, en premier lieu, en alimentant continuel-
lement l’amour filial envers sa personne et surtout envers son ministère, par le
moyen de la prière selon ses intentions et au moyen de l’étude constante de son
enseignement pour interpréter correctement ses désirs et les transformer en vie.
De nos jours, il semble que l’autorité du Vicaire du Christ se soit estompée chez beaucoup de gens, même si, en réalité,
l’histoire elle-même, y compris l’histoire récente, nous montre combien ses interprétations des événements sont sages. Il
s’agit d’un obscurcissement qui, bien des fois, caractérise surtout ceux qui sont les enfants mêmes de l’Église, alors que l’au-
torité du Pape est, par contre, bien accueillie par les adeptes d’autres croyances religieuses qui souhaiteraient pouvoir compter
sur un point de référence dogmatique, liturgique et législatif.
En ce temps qui est le nôtre, nombre de réalités florissantes dans le cœur de l’Église me démontrent que la fidélité au
Pape et à l’Église, sont un fruit de la possibilité de vivre, dans la vie consacrée proprement dite mais aussi en général dans
la vie chrétienne personnelle, le don de l’obéissance, comme nous le présentent les Saints et la Tradition de l’Église.
L’obéissance est de la première importance dans toute communauté, tout comme l’est aussi l’existence d’une autorité lé-
gitime pour le service du bien commun. L’autorité a la fonction et l’efficacité décisives de principe visible pour l’unité de la
communauté, qui fait la force des membres, en suscitant et en rassemblant les énergies et les réalisations de tous. L’autorité
soutient l’ordre, base de l’unité, et guide la communauté en exerçant sa fonction de pouvoir au service de la communauté et
en demandant l’obéissance pour arriver aux fins de cette communauté.
Si ce que nous venons de dire est vrai pour n’importe quelle association d’origine purement humaine, à bien plus forte
raison est-ce vrai pour l’Église, réalité dont l’auteur immédiat est Dieu !
Dans l’Église, le commandement et l’obéissance, qui sont corrélatifs, ont leur racine en Dieu. Réussir à vivre de cette
façon la relation avec le Saint Père, permet de comprendre comment il exerce en esprit de service le pouvoir qu’il a reçu de
Dieu, par le moyen de l’Église, en gouvernant ses subordonnés en tant qu’ils sont enfants de Dieu.
C’est pour cette raison que le conseil évangélique de l’obéissance veut être la sève vitale qui unit chaque Missionnaire
Serviteur des Pauvres Tiers-Monde au “doux Christ en terre” là où nous évangélisons ; c’est une obéissance qui veut être
fidèle aux moindres détails, comme je tenterai de la présenter concrètement dans l’article suivant.
Chers lecteurs,
Après avoir médité la profession de foi de Saint Pierre (Mt 16, 13-17), laissons-nous émerveiller par les paroles avec
lesquelles le Christ, en réponse, définit ce qui sera la mission du premier des apôtres.
Écoutons ! « Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’Hadès ne
tiendront pas contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans
les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié » (Mt 16, 18-19).
Méditons ! « Tu es Pierre ». Ce nom propre vient du grec “petros” et correspond à l’araméen “kepha”, qui signifie “la
roche” (Jn 1, 42). Jésus savait bien que pour le peuple d’Israël “la roche” était Dieu lui-même (Cf. Ps 17, 3). Il s’attribua à
lui-même ce titre, comme vrai Dieu qu’Il est (Mt 21, 42 ; 1 Co 10, 4 ; Ep 2, 20). Mais comment comprendre qu’Il donne
maintenant ce titre à Saint Pierre ? Agissant ainsi, il a voulu faire de lui le fondement de son Église. Saint Léon le Grand le
commente bellement : « Je suis le fondement (dit le Christ), et nul ne peut en poser un autre. Mais toi aussi tu es Pierre,
parce que tu es affermi par ma force ; et la puissance qui m’appartient en propre nous est commune parce que je t’en fais
part… » (4esermon pour la fête de Saint Pierre ; PL 54, 150 ; SC 200, p. 60).
« Sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Jésus parle ici en tant qu’Époux divin. En effet, Is 62, 4-5 dit : « Comme un
jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur t’épousera. Et c’est la joie de l’époux au sujet de l’épouse que ton Dieu
éprouvera à ton sujet ». L’Église est l’Épouse que le Christ s’est choisie pour faire avec elle une alliance. Il l’appelle pour
cela tendrement “mon Église”. Pour cette Église, aimée, unique Épouse du Christ, Pierre est donné comme appui. À
travers lui, c’est le Christ lui-même qui continuera de bâtir son Église, « afin de la sanctifier en la purifiant par le bain
d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni
rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5, 25-27). Soyons bien conscients de cela : à travers le ministère de Pierre,
c’est le Christ qui nous édifie, nous purifie et nous sanctifie.
« Les portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle ». En parlant des “portes de l’Hadès”, le texte grec fait référence
à la puissance de la mort et du mal (cf. Sg 16, 13). Celle-ci semble jouir d’une domination universelle et terrible, menant
tout le monde vers la destruction et la mort. Cependant, cette “puissance du mal” n’a pas vaincu Jésus : Il est bien
mort, Il est bien descendu aux enfers, mais Il est ressuscité triomphant. « Je fus mort, et me voici vivant pour les siècles
des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès » (Ap 1, 18). En suivant son Maître, l’Église non plus ne sera pas
vaincue par la puissance du mal. Au contraire, sa mission consiste à arracher les élus à l’empire de la mort, temporelle
et surtout éternelle, pour les faire entrer dans le Royaume des Cieux. D’où les mots du cher Pape Benoît XVI : « Nous
croyons avec une ferme certitude que le Seigneur Jésus a vaincu le mal et la mort. Avec cette confiance assurée nous
nous en remettons à lui : présent au milieu de nous, il vainc le pouvoir du malin (cf. Lc 11, 20) et l’Église, communauté
visible de sa miséricorde, subsiste en lui comme signe de la réconciliation définitive avec le Père » (Porta Fidei, 15).
« Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ». Les clefs sont le signe du pouvoir que quelqu’un a sur une maison,
afin d’y laisser entrer les personnes, ou pas : c’est le majordome qui les a (cf. Is 22, 22). Ainsi Saint Pierre est le ma-
jordome de la Maison de Dieu, de l’Église, et donc aussi du Règne de Dieu. Il peut y accueillir ou en exclure qui il en
juge digne. Il doit pour cela enseigner la foi correcte et les lois morales, ce qu’il faut croire et ce qu’il faut faire, afin de
pouvoir être maintenant dans l’Église et pouvoir entrer dans le Ciel pour la vie éternelle.
« Lier et délier » fait référence avant tout au fait de déclarer quelque chose comme permise ou interdite (cf. Mt
23, 4), mais aussi, plus précisément, au fait d’excommunier ou de lever une excommunion (cf. le cas d’inceste de
Corinthe - 1 Co 5, 1-5). Celle-ci vise toujours le salut de l’individu. Ces sentences seront ratifiées par Dieu depuis
le Ciel (cf. Jn 20, 23).
Prions ! « Nous vous en prions, Dieu tout-puissant : faites que rien ne parvienne à nous ébranler, puisque la pierre
sur laquelle vous nous avez fondés, c’est la foi de l’Apôtre saint Pierre » (Prière en la fête de la chaire de Saint Pierre,
le 22 février).
Agissons ! Interrogeons-nous : moi, qui veux vivre uni au Christ, est-ce que je m’efforce de connaître les ensei-
gnements du Successeur de Pierre (par exemple, en étudiant le catéchisme de l’Église Catholique, ou en écoutant
ou en lisant les catéchèses du Saint-Père) ? Est-ce que je me laisse édifier par ceux-ci ? Est-ce que je les divulgue
autour de moi ?
Votre frère missionnaire.
Chers amis, nous avons commencé l’Année de la Foi, dans la-
quelle le Pape Benoît XVI nous a invités à entrer ensemble avec
toute l’Église, en passant par la “porte de la foi”. Ceci ne signifie
pas seulement un acte intellectuel d’approfondissement de ce que
nous croyons, pour acquérir une conviction plus forte, mais aussi
de parcourir à nouveau le chemin de la foi que tant de millions de
chrétiens ont déjà parcouru au cours de l’histoire en rendant leur
vie féconde, en donnant un témoignage clair que cela produit une
nouvelle mentalité et une vie selon un modèle divin : Jésus Christ.
Notre réflexion christologique nous offre une bonne occasion
pour le faire, évidemment pas par l’éloquence de notre parole,
mais par la grâce de Dieu
qui, rencontrant quelqu’un
de bien disposé, entre et ré-
pand en cette âme cette vie
abondante que le Seigneur
Jésus Christ a acquise par
son incarnation, sa vie, sa
passion, sa mort et sa résur-
rection.
Après avoir vu de façon
schématique l’arrière-plan
vétéro-testamentaire du
titre de “Fils de l’homme”,
seul titre qu’utilise Jésus
pour parler de lui-même,
nous allons maintenant
nous consacrer à analyser la
manière dont il s’en sert
pour découvrir ce qu’il ré-
vèle de sa personne , et cela
pour pouvoir adhérer plei-
nement à lui avec notre intelligence et notre volonté. Comme nous
l’avons déjà fait en d’autres occasions, nous verrons comment
Jésus reprend certains aspects du titre de Fils de l’homme déjà
présents dans l’Ancien Testament, mais y ajoute quelque chose
de nouveau et jette une lumière nouvelle sur le mystère de sa per-
sonne.
1. Le titre de Fils de l’homme peut être utilisé de façon poé-
tique pour parler d’un simple mortel, d’un homme quelconque.
Nous le voyons clairement au livre du prophète Ezéchiel (cf. Ez
2, 1, 3, 6, 8 ; 3, 1, 3, 4, 10, 16, 25, etc…) : de fait Dieu appelle le
prophète avec la dénomination “fils d’homme” au moins 90 fois.
Dans certains cas, on le trouve appliqué à Jésus : « Vient le Fils
de l’homme, qui mange et qui boit, et l’on dit : “Voilà un glouton
et un ivrogne” » (Mt 11, 19 , cf. Lc 7, 34) ; « Les renards ont des
tanières et les oiseaux du ciel ont des nids ; le Fils de l’homme,
lui, n’a pas où reposer sa tête » (Mt 8, 20, cf. Lc 9, 58). Un autre
aspect important de cette dimension humaine du Fils de l’homme
est celui de la souffrance : « Et il commença à leur enseigner que
le Fils de l’homme devait beaucoup souffrir » (Mc 8, 31).
2. Nous rencontrons une autre dimension qui nous intéresse
dans le titre de Fils de l’homme, et c’est à ce niveau-là que se
trouverait sa nouveauté. Il s’agit du fait que le Fils de l’homme
est un sujet ayant pouvoir divin ou surnaturel, comme par exem-
ple, celui de pouvoir remettre les péchés : « Eh bien, pour que
vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir sur la terre de
remettre les péchés : “Lève-toi, - dit-il alors au paralytique -
prends ton lit et va-t’en chez toi” » (Mt 9, 6-7). Et aussi le pouvoir
de suspendre les exigences du sabbat : « Ainsi le Fils de l’homme
est maître du sabbat »(Mt 12, 8, cf. Mc 2, 28 ; Lc 6, 5).
3. Ce titre inclut encore une dimension messianique et trans-
cendante. Le sens messianique du titre se place dans la ligne du
Messie-Roi, qui vient pour gouverner son peuple ; et c’est sous
cet aspect que l’on évoque la signification du titre que nous avons
médité la fois dernière en analysant Dn 7, 13. Le sens transcen-
dant est donné par l’allusion
au fait qu’il viendra “avec les
nuées du ciel”. Jésus emploie
le titre de Fils de l’homme
pour dire qu’il sera intronisé
au ciel : «Quand le Fils de
l’homme viendra dans sa
gloire, escorté de tous ses
anges, alors il prendra place
sur son trône de gloire » (Mt
25, 31).
4. La nouveauté et le ca-
ractère unique de ce titre est
marqué non pas tant par le
fait que son emploi évoque
l’aspect messianique et mon-
dain de Jésus que par le fait
qu’il relie le Fils de l’homme
à sa mission rédemptrice,
qui comprend la souffrance.
En effet, quand il prédit sa
Passion, Jésus le fait en se référant à ce qui arrivera au Fils de
l’homme : « Le Fils de l’homme doit être livré aux mains des
hommes ; et ils le tueront, et, le troisième jour, il ressuscitera »
(Mt 17, 22).
A l’aide de ces données, nous pouvons tirer quelques conclu-
sions :
A. Le titre de Fils de l’homme rassemble en lui-même divers
aspects qui convergent dans la personne de Jésus : vrai homme,
même comme simple mortel, dans la ligne d’Ezéchiel, mais aussi
et en même temps élevé à un tel point qu’il vient “avec les nuées
du ciel”, montrant ainsi qu’il est un personnage transcendant et
qui agit avec un pouvoir divin. Ce titre pourrait exprimer parfai-
tement la nature divine et la nature humaine véritables de Jésus
Christ.
B. Enfin ce titre incorpore la dimension de la souffrance,
chose que ne fait aucun autre titre messianique. L’emploi que
Jésus en fait nous porte à interpréter dans un sens messianique
d’autres passages de l’Ecriture Sainte (comme, par exemple, ceux
concernant le Serviteur de Yahvé en Is 42 – 53 passim), passages
qui n’étaient pas interprétés en ce sens dans l’Ancien Testament,
justement parce que l’on ne pensait pas que le Messie finirait par
montrer sa gloire et sa puissance sur une Croix, dans la souf-
france.
Dans cette contribution, nous resterons dans le domaine de la Sainte Écriture en examinant un texte qui, dans une optique
missionnaire, est un des plus importants pour l’Église. Ce texte est celui du mandat missionnaire bien connu donné par Jésus
aux Apôtres, sur une montagne de la Galilée, avant de monter aux Cieux. Les quatre évangélistes racontent l’événement, même
si c’est sous des formes diverses (Mc 16, 15 ; Lc 24, 47 ; Jn 20, 21 ; Ac 1, 8 ; Mt 28, 19-20), ce qui ne diminue en rien sa valeur
historique, mais la renforce puisque quatre sources historiques, comme le sont les Evangiles, attestent le même événement. Nous
proposons de l’examiner dans la version donnée par Saint Matthieu, qui est celle qui nous aidera le plus à en tirer d’importantes
conclusions :
Quant aux onze disciples, ils se rendirent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait donné rendez-vous. Et quand
ils le virent, ils se prosternèrent ; d’aucuns cependant doutèrent. Venant à eux, Jésus leur dit ces paroles : “Tout
pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au
nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis
avec vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde”. (Mt 28, 16-20).
Les spécialistes de la Bible ont reconnu une grande ressemblance entre ce texte et un autre, du livre de l’Exode (19, 4-7) : celui
de la ratification de l’Ancienne Alliance de Yahvé avec Israël sur le Mont Sinaï, événement qui fonda le peuple d’Israël. Avant tout,
notons que, comme l’ancien Israël, le nouvel Israël, lui aussi, représenté par les Apôtres, vit une expérience de communion avec
Dieu, le Ressuscité, sur “la montagne où Jésus leur avait donné rendez-vous”, et que les deux textes débutent par une affirmation
de pouvoir, d’un côté le pouvoir de Yahvé, de l’autre celui du Ressuscité.
Voyons plus en détail le parallélisme auquel nous avons fait allusion :
Le texte du livre de l’Exode est structuré à la manière des traités d’alliance qui, en ce temps-là, étaient conclus entre les peuples
du Moyen Orient. C’étaient des traités de vassalité entre un peuple plus fort et un plus faible, qui s’en remettait à la protection du
premier à condition de respecter les clauses du traité. Les traités commençaient par une affirmation d’autorité et de pouvoir de la
part du peuple le plus fort ; puis suivaient les clauses et enfin les promesses en cas d’accomplissement, ou de malédiction en cas
d’infidélité.
En Ex 19, 4-6 on peut noter que :
• la clause du traité de l’Ancienne Alliance était la suivante : “Si vous m’obéissez et respectez mon Alliance”. Le devoir du
peuple d’Israël était en effet d’être gardien de l’Alliance, destinée à tous les peuples, moyennant l’écoute de la parole de Dieu.
• la promesse faite au peuple d’Israël était d’être propriété (segullah, ce qui veut signifier une propriété personnelle) de YHWH,
de jouir d’une intimité spéciale avec Dieu, en faveur de tous les peuples, et pour ce motif d’être un royaume de prêtres, médiateurs
entre Dieu et les peuples.
Ces renseignements peuvent nous aider à éclairer la signification du parallélisme que nous avons déjà constaté précédemment.
Saint Matthieu, en effet, a structuré le texte de manière à rappeler celui d’Ex 19, 4-6, pour dire avant tout que ces paroles de Jésus,
le nouveau Moïse, proclament une Nouvelle Alliance et en même temps fondent un nouveau Peuple de Dieu, le nouvel Israël,
l’Église.
Sur la base de ce parallélisme, nous pouvons donc affirmer que :
• la clause de la Nouvelle alliance est le mandat missionnaire : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant
au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit ».
• la promesse qui y est associée est la présence providentielle du Ressuscité, par le moyen de son Esprit : « et moi, je serai avec
vous pour toujours, jusqu’à la fin du monde ».
La conclusion que nous pouvons en tirer est de grande importance et confirme le chemin que nous avons jusqu’ici suivi dans
ces modestes contributions : l’Église est le Peuple de Dieu dans le Christ et ne peut rester tel qu’en obéissant au mandat mission-
naire, qui est la clause de la Nouvelle Alliance. Ce n’est qu’en obéissant au mandat missionnaire d’annoncer l’Évangile à toutes les
nations que nous pourrons jouir de la promesse qui y est jointe, celle de la présence constante de Jésus sur notre chemin.
Ex 19, 4-6
4. Vous avez vu vous-mêmes comment j’ai
traité les égyptiens, comment je vous ai empor-
tés sur des ailes de vautour et amenés vers moi
5a. Désormais, si vous m’obéissez et
respectez mon alliance …
5b … je vous tiendrai pour miens parmi tous les
peuples : car toute la terre est mon domaine.
6 Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres
et une nation consacrée ?
Mt 18, 18b-20
18b. Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la
terre …
19a. Allez donc, de toutes les nations faites des dis-
ciples - 19b, les baptisant au nom du Père et du Fils
et du Saint Esprit, - 20a et leur apprenant à obser-
ver tout ce que je vous ai prescrit …
20b … Et moi, je serai avec vous pour toujours
jusqu’à la fin du monde.
Introduction
La question que je pose avec cet article peut sembler trop élémentaire, mais il vaut la peine que nous nous y arrêtions et que
nous supplions le Saint-Esprit de nous aider à y répondre. De la même façon qu’une meilleure connaissance de Dieu aide
l’homme à l’aimer, une meilleure connaissance de la malice du péché aide l’homme à combattre le péché avec toutes ses
forces.
La malice du péché
1. Le péché est principalement une offense envers Dieu.
- Le premier élément nécessaire pour comprendre le péché, ce n’est pas la loi, mais Dieu. La loi exprime ce qui
donne vie à notre communion avec Dieu et souligne ce qui est interdit lorsque le mal surgit. « Contre toi, et toi seul, j’ai
péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait » (Ps 51, 6) : voilà ce qui sort du cœur de celui qui reconnaît son péché et le connaît
en vérité. Tous nos actes libres possèdent une dimension théologique ; ils ont de la valeur aux yeux de Dieu, ils le touchent
mystérieusement en lui-même. Le mal du péché est infini, non par la grandeur de l’acte en soi ou des dégats qu’il cause mais
à cause de l’amour infini de Dieu que l’on méprise.
- Nous comprenons mieux la gravité de l’offense qu’est le péché lorsque nous contemplons la Passion de Jésus-
Christ (cf. CEC 1851). Dans la Passion nous voyons qui nous offensons sans le savoir par nos péchés.
- L’Écriture sainte nous parle du mystère du péché et de ses conséquences lorsqu’elle nous raconte la chute d’Adam
et Ève (cf. Gn 3, 1-14) qui se sont rebellés et ont désobéi librement à Dieu par incitation du diable et « par la volonté de
devenir “comme des dieux”, connaissant et déterminant le bien et le mal » (CEC 1850) sans Dieu et même contre Dieu.
2. Il blesse la nature de l’homme.
Étant un acte de la personne, « les conséquences premières, et les plus importantes, du péché portent sur le pécheur
lui-même : c’est-à-dire sur sa relation avec Dieu, fondement même de la vie humaine ; sur son esprit, affaiblissant sa volonté
et obscurcissant son intelligence. » (Jean-Paul II, Reconciliatio et Penitentia, 16) D’autre part le péché rend la volonté de
l’homme esclave des créatures.
3. Une atteinte à la solidarité humaine.
- « Du fait que par le péché l’homme refuse de se soumettre à Dieu, son équilibre intérieur est détruit et c’est au
fond même de son être qu’éclatent les contradictions et les conflits. Ainsi déchiré, l’homme provoque de manière presque
inévitable un déchirement dans la trame de ses rapports avec les autres hommes et le monde créé » (Reconciliatio et Peni-
tentia, 15).
- Il existe une « interdépendance entre l’essor de la personne et le développement de la société elle-même. En effet,
la personne humaine (...) de par sa nature même, a absolument besoin d’une vie sociale (...) Aussi c’est par l’échange avec
autrui, par la réciprocité des services, par le dialogue avec ses frères que l’homme grandit selon toutes ses capacités et peut
répondre à sa vocation. (...) Mais si les personnes humaines reçoivent beaucoup de la vie sociale pour l’accomplissement de
leur vocation, même religieuse, on ne peut cependant pas nier que les hommes, du fait des contextes sociaux dans lesquels
ils vivent et baignent dès leur enfance, se trouvent souvent détournés du bien et portés au mal. Certes, les désordres, si sou-
vent rencontrés dans l’ordre social, proviennent en partie des tensions existant au sein des structures économiques, politiques
et sociales. Mais, plus radicalement, ils proviennent de l’orgueil et de l’égoïsme des hommes, qui pervertissent aussi le climat
social » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 25).
- De telle sorte que « en vertu d’une solidarité humaine aussi mystérieuse et imperceptible que réelle et concrète,
le péché de chacun se répercute d’une certaine manière sur les autres. C’est là le revers de cette solidarité qui, du point de
vue religieux, se développe dans le mystère profond et admirable de la communion des saints, grâce à laquelle on a pu dire
que “toute âme qui s’élève, élève le monde”. A cette loi de l’élévation correspond, malheureusement, la loi de la chute, à tel
point qu’on peut parler d’une communion dans le péché, par laquelle une âme qui s’abaisse par le péché abaisse avec elle
l’Eglise et, d’une certaine façon, le monde entier » (Reconciliatio et Penitentia 16).
Pour la réflexion et la prière : « Face au mystère du péché, il faut sonder “les profondeurs de Dieu” jusqu’au bout. Il
ne suffit pas de sonder la conscience humaine, en tant que mystère intime de l’homme ; il est nécessaire de pénétrer dans
le mystère intime de Dieu, dans ces “profondeurs de Dieu” que synthétise la formule : au Père, dans le Fils, par l’Esprit-
Saint. C’est précisément l’Esprit-Saint qui “sonde” ces profondeurs, et qui en tire la réponse de Dieu au péché de l’homme.
(... Alors) le péché, mis en relation avec la Croix du Christ, est en même temps identifié dans la pleine dimension du mys-
terium pietatis (cf. 1 Tm 3, 16) » (Jean-Paul II, Dominum et Vivificantem, 32).
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