THEMA
Pakistan
Zindabad
Longue vie au Pakistan
Mardi 11 septembre 2007 à 20.40
À l’occasion du soixantième
anniversaire de la création du Pakistan
et des futures élections en automne
prochain, Pakistan Zindabad - Longue
vie au Pakistan, décrypte l’histoire de
ce pays mouvementé, pour mieux en
comprendre l’actualité.
www.arte.tv/pakistan
Pakistan Zindabad
Longue vie au Pakistan
Un lm de Pascale Lamché
Coproduction : ARTE France – Alegria (2007-108mn)
Depuis sa création en 1947, le Pakistan paraît prisonnier d’un héritage conictuel
qui handicape son développement politique et économique. « Vivier terroriste »,
« proliférateur nucléaire », « État voyou », « dictature militaire » « pays ravagé
par la corruption », « femmes soumises aux pires traitements »… des formules
choc qui racontent l’image désastreuse du Pakistan mais qui ne sufsent
pas à comprendre la « boîte noire » pakistanaise. Une boîte noire qui ne peut
s’éclairer qu’en explorant les fractures originelles de ce pays à l’histoire
chaotique. Pakistan Zindabad - Longue vie au Pakistan revient sur ces soixante
ans d’histoire et dresse un tableau géopolitique.
À partir d’archives inédites et d’interviews, Pakistan Zindabad - Longue vie au Pakistan
présente les personnages clés qui ont marqué l’histoire du pays : le fondateur
Mohamed Ali Jinnah, l’ancien président Bhutto, le général Zia ul-Haq, Nawaz Sharif,
Benazir Bhutto, l’actuel général président Pervez Musharaf. Le film revient également
sur les éléments majeurs de la politique intérieure et extérieure : l’antagonisme avec
l’Inde, le voisinage avec l’Afghanistan, les stratégies changeantes d’alliances avec
les grandes puissances ainsi que la bannière de l’islam qui, sans parvenir à unifier les
groupes ethniques, a parfois accentué les conflits entre musulmans...
Les fils de l’histoire de ce pays, qui joue et jouera encore longtemps un rôle primordial
dans l’échiquier politique et stratégique mondial, se dénouent l’un après l’autre tout
au long de ce film.
Sortie DVD le 5 septembre 2007
(ARTE Vidéo)
Disponible en vidéo à la
demande sur www.artevod.com
Pour en savoir plus sur les thématiques abordées dans
Pakistan Zindabad - Longue vie au Pakistan :
L’obsession indienne ...............................................................................p. 4
La complexité du rapport de force
politique entre civils et militaires .......................................................p. 5
La relation ambiguë avec l’allié et protecteur américain ...........p. 7
La nature pour le moins ambivalente
des liens entre l’armée et les militants islamistes .......................p. 9
L’obsession indienne
Le Pakistan est né d’une guerre qui l’opposa à l’Inde de 1947 à 1949, dans la
région du Cachemire. Depuis plus de cinquante ans, le conit du Cachemire
reste « l’agenda inachevé » de la partition de 1947 et reste le principal obstacle
à la pacication de l’Asie du sud. Ce territoire disputé a fait l’objet de trois
guerres et de multiples crises qui, sans la médiation des États-Unis, auraient
dégénérées en guerre ouverte, voire en une escalade nucléaire.
Les frontières actuelles du pays ont été déterminées lors de deux sécessions
traumatiques.
Première sécession en 1947 :
Sous l'égide de Muhammad Ali Jinnah il fut décidé de territorialiser la minorité
musulmane de l’ex-Empire britannique des Indes. Le Pakistan ou « pays des
purs » en persan, mais aussi nom acronyme composé de toutes les régions
sensées former ce nouveau pays (Punjab, Afghania, la zone pashtoune,
Kashmir, Sindh et Balouchistan), devient donc un État à part entière. Cette
sécession s'opéra au prix de terribles massacres intercommunautaires et d'un
déplacement massif de population qui fit du Pakistan naissant un « État de
réfugiés ». Toutes ces communautés étaient regroupées de façon non seulement
artificielle – chacune étant dotée d'une identité historique et linguistique propre
mais aussi dans une configuration territoriale si fragile qu'elle provoqua une
deuxième sécession.
Deuxième sécession 1971 :
Grâce au soutien massif de l'armée indienne le Pakistan oriental, aujourd’hui
Bengladesh, prend son indépendance. Cette deuxième sécession priva le
pays de 55% de sa population et constitua une humiliante défaite dont l'armée
pakistanaise ne s'est toujours pas remise (la sécession du Bangladesh est
aujourd’hui encore présentée comme une conspiration indienne dans les
manuels scolaires pakistanais).
Persuadés que l'Inde n'a jamais accepté la création de leur État, les dirigeants
pakistanais ont toujours concentré leurs efforts autour d'un objectif : dissuader
le voisin indien de toute ambition hégémonique, notamment économique, en
tissant des liens stratégiques avec l'Afghanistan voisin et en bénéficiant d'une
protection militaire américaine.
Le Pakistan est ainsi resté, selon la formule d'un diplomate américain, un « État
d'insécurité ». On comprend mieux dès lors, qu’il ait été pendant vingt-neuf de
ses soixante années d'existence, dirigé par des militaires.
L’obsession indienne . 4
La complexité du rapport de force politique
entre civils et militaires
Les tensions avec l’Inde restent la principale justication à la domination politique des
militaires et au maintien d’un budget de la fense qui représentent, ofcieusement,
près de 30% des penses publiques (70% à la n des anes 40).
Mais cette domination politique des militaires ne relève toutefois pas seulement
d’impératif sécuritaire : elle a des origines historiques profondes.
L'héritage colonial :
Les régions qui formèrent le Pakistan (le nord-ouest de l’Empire des Indes)
ont été celles que le colonisateur britannique administra d’une main de fer
car elles constituaient une « zone tampon » face à la Russie et à l’Afghanistan.
Le Pakistan a donc été, dès l’origine, un « État de la ligne de front
». Les
institutions démocratiques y ont été plus tardivement mises en place que dans
le reste de l’Inde : le maintien de l’ordre était la priorité. En outre, les Britanniques
laissèrent derrière eux une armée surdimensionnée et bien mieux organisée
que les forces civiles. Alors que les dirigeants pakistanais avaient à construire
un appareil d’État presque de toute pièce, le premier parti politique, la Ligue
Musulmane du Pakistan (la PML) était particulièrement mal implantée dans les
provinces devenues pakistanaises.
Du rêve démocratique à l'autocratie et au chaos :
La première décennie, politiquement cruciale, de l’histoire du pays vit le rêve
démocratique de Jinnah, le « père de la patrie » s’écrouler comme un jeu de
cartes. Les dirigeants du nouvel État, refusant la loi du nombre à savoir :
laisser les Bengalis peser face aux puissantes minorités pendjabie, pashtoune
et mohajir qui dirigeaient le pays ont progressivement plongé le Pakistan dans
l’autocratie et le chaos. Se sont alors mis en place des lignes de fractures
politiques qui subsistent encore aujourd’hui : bureaucratie, appareil judiciaire
et armée d’un côté, partis politiques nationaux et régionaux de l’autre. De
cette période, les militaires ont gardé une méfiance, voire un mépris et une
haine farouche, à l’égard des « politiciens » perçus comme irresponsables
et corrompus. L’armée n’a jamais accepté que les partis politiques puissent
déterminer les règles du jeu : même lorsque les civils ont été au pouvoir, les
militaires ont toujours gardé le contrôle de leur chasse-gardée (conflit du
Cachemire, enjeu nucléaire, politique d’armement…). Toutefois, le Pakistan
n’est pas une dictature militaire dite « classique ». En dépit d’épisodes tragiques
(la mise à mort du Premier ministre Ali Bhutto en 1979 par le général Zia), les
généraux pakistanais ont toujours cherché à légaliser leur putsch ou à modifier
la Constitution pour établir un régime présidentiel leur permettant de rester au
pouvoir. L’armée est donc obligée de composer avec ses rivaux civils.
La complexité du rapport de force politique entre civils et militaires . 5
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