Accueil aux urgences et hospitalisation d’un patient grippé A propos de l’épisode grippal 2014-2015 3ème Journée régionale de veille sanitaire en Bretagne -15 décembre 2015Dr F. Cellier-Dr P. Kergaravat Aux urgences, grippe = pas un problème « médical » - Prise en charge médicale assez « simple » - Précautions contagiosité +++ - Hospitalisés = patient se compliquant, la plupart sans détresse vitale - Rares cas graves pouvant relever de réanimation Circonstances de venue aux urgences d’un patient grippé • Venue spontanée : - tableau d’emblée sévère ou inhabituel et/ou - impossibilité de consultation ambulatoire par surcharge du secteur en période épidémique • Après avis médical: - consultation ambulatoire (en fonction du terrain et de la sévérité du tableau) - régulation du Samu-Centre 15 selon tableau clinique décrit et possibilités de consultation ambulatoire Accueil aux urgences d’un patient grippé • Pose essentiellement le problème de l’accueil d’un malade très contagieux (aérienne et manu portée), pour le personnel et les autres patients, dans un lieu à forte concentration humaine=problème organisationnel • Mesures préventives de contamination - Tableau explicatif et mise à disposition à l’entrée de masques et PHA pour patients et visiteurs - Au mieux, secteur individualisé en salle d’attente pour les patients suspects de grippe -Importance de l’IAO (Infirmière Organisatrice de l'Accueil) -> Mesures précautions Gouttelettes (masques, isolement) au plus vite, pour les patients et les soignants -> Importance du « tri »+++ Accueil aux urgences d’un patient grippé • Problèmes rencontrés : - circulation des patients , circulation des soignants - pas de circuit dédié patient « infecté », - temps de nettoyage et désinfection , - charge de travail alourdie par respect des mesures préventives , - difficulté voire impossibilité d’isolement en cas de SU saturé en période épidémique - temps de passage aux urgences augmenté (et risque de contamination augmenté): - en cas de SU saturé - en cas de service d’aval saturé en période épidémique si nécessité d’hospitalisation Aux urgences: établir le diagnostic si non connu évaluer la gravité potentielle - Diagnostic clinique: quand penser à la grippe : • Syndrome grippal: signes non spécifiques (fièvre élevée, toux +/-myalgies, céphalées, pharyngite, asthénie, malaise) • Critères chronologiques: début brutal évolution favorable en quelques jours (4 à 7) en l’absence de complication • Critère épidémiologiques: survenue en période d’épidémie - Établir le terrain du patient: recherche de facteur de risque de complications: • • • • • • • • Enfants de moins de 5 ans (moins de 2 surtout) Adultes de plus de 65 ans Pathologie chronique (diabète, atteinte cardiaque, respiratoire, rénale chronique), Immunodépression Grossesse ou post-partum précoce (2 semaines) Mineurs traités par aspirine au long cours Obésité Institutionnalisation Aux urgences: établir le diagnostic si non connu évaluer la gravité potentielle - Recherche d’éléments de gravité: • pneumopathie(clinique ou radiologique) • signes de détresse respiratoire(dyspnée, polypnée>25/mn, cyanose, SaO2<94%AA) • signes de mauvaise tolérance hémodynamique(Tas<100mmHg, tachycardie>120/mn, marbrures, oligoanurie) • signes de sepsis - Recherche de complications : • Respiratoires(15 à 18%):hautes banales par surinfection, basses plus graves en particulier: pneumopathie grippale: précoce(J1, J2), mortalité élevée, rare pneumonie bactérienne secondaire(J4, J5) : 20 à 35% des grippes graves • Autres: neurologiques: méningo-encéphalite, Sd de Reye, méningite à méningocoque cardiaques: myocardite, péricardite, décompensation cardiaque Toute pneumopathie en période d’épidémie est suspecte de grippe Aux urgences: confirmation diagnostique - Méthode: prélèvement nasal, facile, avec test rapide(TRD)(30 mns à 2H) avec IF(diagnostic A et B) +/-RT-PCR(2jrs) + culture(2 à 4jours) -Indication: • Patients avec facteurs de risques de complication • Patients avec signes de gravité Aux urgences: traitement • Traitement antiviral: - Produit: Oseltamivir(Tamiflu), inhibiteur de la neuraminidase (empêche la libération de nouveaux virions, actif sur virus A et B, réduction des symptômes et des complications) - Utilisable en préventif (dans les 48 h suivant l’exposition) et en curatif - Indication au traitement: -patient avec facteurs de risques de complications -patient avec pneumopathie et/ou signes de gravité Traitement à débuter en urgence, le prélèvement peut être effectué après, que le patient soit ou non vacciné • Et traitement symptomatique en plus selon tableau clinique Aux urgences: orientation du patient • Forme banale , patient sans facteur de risque : retour au domicile • Patient avec facteur de risque sans signe de gravité ni complication: retour au domicile (avec traitement) • Patient avec signes de gravité: hospitalisation Au SAMU Régulation - privilégier prise en charge ambulatoire, n’orienter vers les urgences que si hospitalisation probable, sur critères de gravité ou impossibilité de prise en charge ambulatoire. - prévenir pour accueil avec mesures barrières d’emblée - voire, au mieux accueil direct dans service adéquat( en pratique, exceptionnel en régulation sauf grippe confirmée et disponibilité en lit du service) Au SAMU Intervention SMUR -Formes graves avec détresse -Nécessité de mise en condition parfois lourde d’où précautions renforcées (masques APR, gants blouse lunettes) pour le personnel d’intervention -Privilégier l’admission directe dans le service adéquat pour optimiser la prise en charge du patient (le bon soin au bon endroit)et protéger l’hôpital (évite la multiplication des intervenants et précautions et la contamination de locaux et matériels multiples = gain pour l’hygiène et la charge de travail) -Désinfection matériel et véhicule Au SAMU Transferts - Patients graves nécessitant une hospitalisation dans une unité de soins critiques à partir des urgences ou d’un service d’un établissement n’en disposant pas - Pas de prise en charge médicale spécifique mais mêmes précautions et mêmes caractéristiques que cas précédent