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« L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER ET LES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE
VERS LES PAYS D’AFRIQUE : CAS DE L’ALGERIE»
Chabha BOUZAR Fatima TAREB
Professeur Doctorante
Faculté de sciences économiques, sciences de gestion et sciences
commerciales Université Mouloud Mammeri Tizi Ouzou
e-mail : Chabha_bouzar @ yahoo.fr
Résumé de la communication
Pour les pays d’Afrique, dans la recherche de rattraper le retard accumulé en matière de
compétitivité vis à vis des pays développés où les progrès du savoir se sont accélérés de manière
prodigieuse et largement diffusés, les IDE semblent être le meilleur moyen de s’insérer dans la
mondialisation et de stimuler le développement industriel, les IDE sont aussi un moyen de bénéficier de
« transferts de technologie ».
L’Algérie, en ce qui la concerne, n’est pas à l’abri de la problématique du transfert de
technologie, du moment qu’elle ne dispose pas de capacités suffisantes pour un développement autonome.
Depuis 1990, elle s’est ouverte aux investisseurs étrangers et des réformes sont mises en œuvre pour
permettre l’attrait des flux d’IDE et l’implantation des FMN au sein du pays. La nouvelle stratégie
industrielle confirme cette volonté de faire des IDE un vecteur de la politique de développement industriel
et un canal de transmission de transfert de technologie. Mais comment faire pour valoriser le rôle des
IDE dans le processus de transfert de technologie et comment procéder pour que la technologie transférée
soit maîtrisée et adaptée aux conditions locales et aux exigences des entreprises nationales en la matière
en minimisant les risques et les effets boomerang du transfert ?
Mots clés : Investissement direct étranger, transfert de technologie, industrie, développement, croissance,
Algérie
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« L’INVESTISSEMENT DIRECT ETRANGER ET LES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE VERS
LES PAYS D’AFRIQUE : CAS DE L’ALGERI
Chabha BOUZAR Fatima TAREB
Professeur Doctorante
Faculté de sciences économiques, sciences de gestion et sciences
commerciales Université Mouloud Mammeri Tizi Ouzou
e-mail : Chabha_bouzar @ yahoo.fr
PLAN DE LA COMMUNICATION
PARTIE I : Investissement Direct Etranger et transfert de technologie : cadre conceptuel
1. Les investissements directs étrangers (IDE) : Quelques précisions
1.1. L’ide selon les institutions internationales
1.2. Motivations et importance des IDE
1.3. Impacts et effets des IDE sur les économies d’accueil
2. Le transfert de technologie adaptée et maîtrisable : éclairage conceptuel
2.1. Technologie et transfert de technologie
2.2. Le transfert de technologie via les IDE : revue de la littérature économique
PARTIE II : Les IDE et le transfert de technologie en Algérie
1. L’expérience de l’Algérie en matière de transfert de technologie
1.1. Aperçu sur la politique algérienne de développement et d’importation de technologie des décennies
1970 et 1980
1.2. L’ouverture de l’économie algérienne à l’IDE et le transfert de technologie
2. Les obstacles à l'absorption de la technologie transférée
2.1. Problèmes liés aux technologies importées
2.2. Problèmes liés aux structures locales de recherche et développement
PARTIE III : Les préalables pour assurer un transfert technologique réussi
1. Le développement des capacités indigènes
2. Les systèmes nationaux d’innovation et Les p-requis Organisationnels
Conclusion
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Introduction
A l’heure la technologie et le progrès scientifique sont les déterminants essentiels du
développement économique ; et les vraies richesses ne sont plus les matières premières mais les
hommes avec leur niveau d’éducation, de culture, d’intelligence et de leur travail, la créativité et
l’innovation sont devenues des atouts fondamentaux et des éléments primordiaux de développement
économique.
Pour les pays d’Afrique, dans la recherche de rattraper le retard accumulé vis-à-vis des pays
développés le progrès du savoir s’est accéléré de manière prodigieuse, les investissements directs
étrangers (IDE) semblent être l’un des moyens de s’insérer dans la mondialisation et de stimuler la
croissance. Les IDE sont aussi un moyen de bénéficier de « transfert de technologie et de savoir-faire ».
Cependant, les défis de ces pays ne se réduisent pas à la seule problématique de l’attractivité des
IDE, la question est plus complexe que cela. Car, il ne suffit pas de convaincre les investisseurs étrangers
à venir s’installer dans le pays d’accueil, mais il faut en tirer profit.
L’Algérie en ce qui la concerne, n’est plus à l’abri de la problématique du transfert de technologie,
du moment qu’elle ne dispose pas de capacité pour un développement autonome. Depuis 1990,
l’économie algérienne s’est ouverte aux investisseurs étrangers et les pouvoirs publics ont pris le soin de
mettre en œuvre toutes les réformes et mesures permettant l’attrait des flux d’IDE et l’implantation des
FMN au sein de notre pays. La nouvelle stratégie industrielle vient pour confirmer cette volonté et faire
des IDE les vecteurs de la politique de développement industriel et de transfert de technologies.
Cette décision stratégique met le pays devant le défi soulevé plus haut : comment peut-il profiter
des avantages potentiels de l’implantation des firmes étrangères et des flux d’IDE attirés ?
Autrement dit, quoi faire pour valoriser le rôle des IDE dans le processus de développement et de
transfert de technologie? Et comment procéder pour que la technologie transférée soit maîtrisée et adaptée
aux conditions locales et permette de satisfaire les exigences des entreprises nationales en la matière ?
L’objectif de la présente communication est de tenter d’apporter des éléments de réponses à ces
interrogations. Pour ce faire, nous avons opté pour une approche théorique et empirique. Dans la partie I,
la communication donne un éclairage théorique sur les IDE et l’identification des effets qu’ils peuvent
exercer sur les économies des pays d’accueil surtout en matière de transfert de technologie. Dans la partie
II, il s’agit de présenter l’expérience de l’Algérie en matière de transfert de technologie ; le but est de
mettre la lumière sur les différents mécanismes de transfert de technologie adaptée et de déceler les
problèmes rencontrés dans les politiques technologiques mises en œuvre par les Pouvoirs Publics. Enfin,
dans la partie III, nous inspirant de l’expérience des pays dits émergents du Sud Est Asiatique, nous
essayons d’entrevoir quelques solutions.
Partie I : Investissement Direct Etranger et transfert de technologie : cadre théorique
1/ Les investissements directs étrangers (IDE) : Quelques précisions
1.1/ Les ide selon les institutions internationales
Selon une définition commune du FMI et de l’OCDE, adoptée également par la CNUCED et
EUROSTAT, un investissement direct à l’étranger (IDE) désigne l’«investissement qu’une entité
résidente d’une économie (l’investisseur direct) effectue dans le but d’acquérir un intérêt durable dans
une entreprise localisée dans une autre économie (l’entreprise d’investissement direct). Par intérêt durable
on entend qu’il existe une relation à long terme entre l’investisseur direct et l’entreprise et que
l’investisseur exerce une influence significative sur la gestion de l’entreprise… »
D’une façon générale, nous pouvons retenir que l’investissement direct étranger désigne les
engagements des capitaux effectués par un investisseur, sur le territoire d’une économie autre que la
sienne, dans le but d’obtenir : « un intérêt durable et une capacité d’exercer une influence dans la
gestion ».
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En outre, les IDE connaissent quatre formes :
Création d’une entreprise ou d’un établissement à l’étranger ;
Acquisition d’au moins 10% du capital d’une entreprise étrangère déjà existante ;
Réinvestissement de ses bénéfices par une filiale ou une succursale située à l’étranger ;
Opérations entre la maison mère d’une firme transnationale et ses filiales (souscription à une
augmentation du capital, prêt, avance de fonds).
1.2/ Motivations et importance des IDE
La décision d’investir à l’étranger est généralement motivée par la recherche d’une fiscalité
avantageuse, d’une qualité d’investissement, ou encore d’un niveau de qualification et/ou de coûts
avantageux de la main d’œuvre des pays d’accueil, ainsi que les « effets d’agglomération » (les
entreprises s’implantent à proximité d’autres entreprises). En revanche, la volonté de contourner des
droits de douanes ou d’économiser les coûts de transports semble peu importante.
Par ailleurs, les IDE sont vus par bon nombre de pays d’accueil comme étant un facteur clé de
croissance, qui exercent un effet sur la demande globale et un effet sur les capacités de production. Ils
sont aussi considérés, dans un contexte où l’essentiel du commerce mondial est réalisé par les entreprises
multinationales, comme étant un moyen de s’insérer dans la mondialisation.
1.3/ Impact et effets des IDE sur les économies d’accueil
Dans les années 1950 et 1960, l’IDE était regardé avec beaucoup de méfiance et de scepticisme
par certains pays en voie de développement y compris l’Algérie.
Aujourd’hui, on assiste à un changement radical d’attitude des politiques de promotion visant
à drainer les flux d’IDE remplacent les comportements de suspicion.
En effet, plusieurs économistes (Graham et Krugman, 1995, Caves, 1996, Lall, 2000, etc.)
accordent à l’IDE une place importante dans le développement économique, allant jusqu'à le présenter
comme une sorte de remède miracle pour les « problèmes chroniques » des PVD (voir M. Alaya, 2004) .
Parmi les effets qu’ils peuvent entraîner sur l’économie d’accueil, on peut noter particulièrement :
Les flux d’IDE peuvent accroître la formation du capital et la création d’emplois et surtout
stimuler l’investissement domestique ( voir le modèle théorique de Markusen et Vinables, 1999);
L’IDE peut promouvoir les exportations manufacturières et avoir des effets sur le commerce
extérieur, une firme multinationale peut, en effet, agir sur le commerce d’un pays d’accueil aussi
bien d’une façon directe qu’indirecte ( CNUCED, 2002);
Il peut fournir aux pays hôtes des ressources spéciales tels que le savoir-faire en management, le
travail qualifié, l’accès à des réseaux internationaux de production et de distribution;
Enfin, l’IDE peut engendrer un transfert de technologie vers le pays d’accueil et une diffusion des
externalités positives. Ce point fera l’objet de plus de développements dans les deux axes
suivants.
2/ Le transfert de technologie adaptée et maîtrisable : éclairage conceptuel
Il existe dans la littérature économique une série de définitions relatives à la technologie et au
transfert de technologie. Sans vouloir être exhaustive, nous essayons de reprendre certaines d’entre elles
avant d’aborder les mécanismes de transfert de technologie.
2.1/ Technologie et transfert de technologie
La technologie
Par définition, la technologie peut être considérée selon Ch. Durand, De Boeck (1994, p.11)
comme « une science de la technique, de la réflexion sur les techniques qui les décrivent, qui en fait et,
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de façon plus opératoire, conceptualise et formalise les activités techniques. Donc, la technologie inclut
les connaissances utiles pour construire les machines et les faire fonctionner. Cependant, qu’elle peut être
codifiée dans des manuels, dans le design, les machines ne sont pas la totalité, mais seulement une
manifestation de la technologie. Aussi, la technologie peut être tacite, c’est à dire, un savoir faire non
codifié que l’on trouve dans l’expérience des travailleurs et des ingénieurs… » .
Toujours dans cette perspective, l’Organisation Mondiale de la Propriété Industrielle définit la
technologie (repris par D. Rouach, 1999, p 9) comme étant «un ensemble de connaissances
systématiques servant à la fabrication d’un produit, à l’utilisation d’un procédé ou à la prestation de
service, qu’il s’agisse d’une invention, d’un dessin industriel, d’un modèle fonctionnel, ou d’un nouveau
type d’usine, ou de renseignement, ou de connaissance technique, ou des services et de l’aide fournis par
des experts pour la conception, l’installation, l’exploitation ou l’entretien d’une usine industrielle ou
pour la gestion d’une entreprise commerciale ou industrielle ou de ses activités»
De ces définitions, on comprend bien que la technologie ne se limite pas à la technique, elle englobe
en plus les connaissances, le savoir et le savoir-faire qui font de cette technique une véritable
technologie.
Le transfert de technologie
Vu la nature de la technologie sujette de transfert, la question du transfert de technologie est très
complexe. Elle est, au sens large de ce terme, aussi vieille que l’humanité elle-même : à chaque fois qu’un
homme a inventé un instrument nouveau et que cet instrument a été imité par d’autres hommes, il y a eu
transfert de technologie.
Dans la terminologie grecque (voir D. Rouach. 1999 p8), le mot « tran » signifie le passage d’une
entité à une autre. Le transfert de technologie peut être alors considéré comme le passage d’une
technologie d’une entreprise à une autre, et dans le cas de transferts internationaux, d’un pays à un autre.
Selon les Nations Unies (repris par D. Rouach. 1999 p8), le transfert de technologie « est le transfert
des connaissances nécessaires à la fabrication d’un produit, à l’application d’un procédé ou à la prestation
d’un service, et ne s’étend pas aux transactions comportant la simple vente ou le simple louage de biens »
D’une façon récapitulative, par transfert de technologie nous sous-entendons un ensemble d’activités
dont l’objectif est d’aider une entreprise ou une institution à maîtriser les compétences et les aptitudes
nécessaires pour l’utilisation efficace d’une nouvelle technologie. Donc, transférer une technologie
revient à mettre l’acquéreur en position de reproduction de certains processus de production tout en étant
capable de l’expliquer et de la formaliser. Le transfert de technologie entraîne obligatoirement, entre
autres, des transferts de connaissances et de savoir-faire tacites et organisationnels.
Transfert de technologie adaptée et maîtrisable
Une technologie adaptée et maîtrisée par le récepteur n’est pas seulement le résultat du transfert
d’une pièce d’équipement d’un pays à l’autre. C’est souvent le résultat d’un ensemble d’activités de
sélection et de discrimination pour choisir la technologie « adaptée » aux conditions locales (techniques et
humaines). Une fois importée (transférée), la nouvelle technologie doit être assimilée, maîtrisée et
adaptée pour fonctionner de façon efficace dans le nouvel environnement économique et institutionnel.
Mécanismes de transfert de technologie
Les principaux mécanismes de transfert de technologie se réalisent par : - Les fournisseurs
locaux et étrangers de nouveaux produits, matériaux et équipements ;
- Transfert de technologie par les ingénieurs-conseils, projets clé en main ;
- L’achat de licence, échange de licence, alliance stratégique ; - L‘investissement
direct par les multinationales.
Parmi ces mécanismes, qui ont tous leur place dans l’accès à la technologie, l’investissement
direct par les multinationales occupe une place centrale.
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