AMBASSADE DE FRANCE A MADAGASCAR
SERVICE ECONOMIQUE
TANANARIVE, LE 21 JUIN 2016
SITUATION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE DE MADAGASCAR
Figurant parmi les pays les plus pauvres du monde (PIB/habitant de 402 USD), Madagascar
émerge difficilement d’une crise politique (2009-2013) qui a lourdement pénalisé sa population.
L’économie peine à décoller - prévision de 4,1% pour 2016, pour une croissance démographique
estimée à 2,8% - tandis que les capacités financières de l’Etat demeurent très faibles. Toutefois,
la possible mise en place par le FMI d’un programme triennal adossé à une Facilité Élargie de
Crédit (FEC) pourrait permettre à Madagascar de prendre un nouveau départ économique.
1. La situation économique et financière demeure fragile après plusieurs années de crise politique
Madagascar affiche un PIB par habitant estimé à 402 USD par le FMI pour 2015, ce qui classe la Grande
île de 23 millions d’habitants parmi les dix pays les plus pauvres du monde. La faiblesse de l’économie
se retrouve au niveau d’autres indicateurs : IDH (154e), Doing Business (164e), Transparency International
(123e). La Banque mondiale et la Banque africaine de développement classent toutes les deux Madagascar
parmi les Etats fragiles. Cet état des choses résulte d’une trajectoire de croissance particulièrement
erratique depuis l’indépendance, où chaque cycle d’accélération du développement a été neutralisé par
une crise politique induisant systématiquement une régression du revenu par habitant (91% des habitants
vivent avec moins de 2 USD par jour).
Madagascar émerge, non sans peine, de la dernière crise politique et économique : faute de ressources, en
raison de l’érosion des recettes fiscales (inférieures à 10% du PIB) et de la suspension partielle de l’aide
internationale, les dépenses publiques ont chuté de 17,4% du PIB en 2008 à 13,5% du PIB en 2013.
Pendant ces cinq années, le service de la dette a été honoré, sans dérapage de la masse monétaire, sans
recours excessif à l’emprunt ni déficit budgétaire conséquent jusqu’en 2013. Cependant, les budgets
sociaux se sont effondrés, et l’investissement s’est contracté de 7,7% du PIB en 2008 à 3,1% du PIB en
2013, l’investissement privé passant de 33% à 16% sur la même période (affecté par l’effondrement des
IDE). Au final, le taux de croissance annuel moyen est estimé à 0,6% sur 2009-2013, provoquant un
appauvrissement de la population (taux de croissance démographique de 2,8%).
L’économie malgache souffre encore des conséquences de ces années de crise, et la croissance ne réussit
pas à décoller : 2,3% en 2013, 3,3% en 2014, 3,1% en 2015, prévision de 4,1% pour 2016 (contre des
prévisions initiales du FMI à 5% dès 2014). Les secteurs les plus porteurs (agroalimentaire, tourisme,
exportations, travaux publics, grande consommation) ne croissent pas encore à vitesse de croisière, et
l’activité a été tirée ces dernières années principalement par le secteur minier. Par ailleurs, ces secteurs
nécessitent des investissements importants que l’instabilité politique persistante et des conditions
économiques peu favorables ne permettent pas d’attirer. Le Plan National de Développement (PND) à 5
ans repose sur des hypothèses de croissance à plus de 7% et sur une programmation peu opérationnalisée
et encore mal articulée avec les autres programmes de développement (notamment le Programme
d’Urgence Présidentiel). Enfin, les capacités de l’Etat, au plan financier et institutionnel, ne permettent
pas de créer les conditions favorables à un décollage du pays.
Madagascar dispose en effet de très faibles capacités financières, notamment en raison du niveau de
recettes fiscales (10,1% du PIB en 2015, l’un des plus faibles du monde), dont l’amélioration constitue
une priorité pour les partenaires financiers de Madagascar, particulièrement le FMI. Le gouvernement,
qui s’est engagé à élargir l’assiette fiscale, peine à mettre en œuvre une politique fiscale efficace
(augmentation du nombre de contribuables mais collecte inefficace), rendue ambiguë par la création de