’ÉD CAT OL U I NMAISON DE
ANGELO,
TYRAN DE PADOUE
drame de Victor Hugo
Dossier
pédagogique
Dossier
Assistanat
à la mise en scène
Florian Richaud
Compositions additionnelles
Alex Beaupain
Scénographie
Samuel Deshors
Son
Valérie De Loof
Lumière
Rémy Chevrin
Costumes
Yohji Yamamoto
et Limi Feu
Mise en scène
Christophe Honoré
©Christophe Raynaud de Lage/Festival d’Avignon
’ÉD CAT OL U I NMAISON DE
ANGELO,
TYRAN DE PADOUE
Ce dossier pédagogique
destiné aux professeurs a été réalisé par
Caroline Jouffre,
professeur de lettres
relais de l’Inspection académique des Yvelines
auprès de la Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines
Février 2010 2
I. Victor Hugo et le drame romantique
Une biographie de Hugo
Hugo et le théâtre
Le drame romantique
II. Angelo, tyran de Padoue
La genèse
La construction de la pièce
Les personnages principaux
Le thème majeur
Le décor historique
III. Les transformations du texte
Le désir de modernisation
Le resserrement dramatique
IV. Dramaturgie
Les intentions de Christophe Honoré
La scénographie
L’univers sonore
Le traitement cinématographique
V. Critiques
VI. Ressources
Bibliographie
Iconographie
©Christophe Raynaud de Lage
Festival d’Avignon
I. Victor Hugo et le
drame romantique
Biographie de Hugo
On lira une biographie sur le site1,
biographie qui reprend celle d’Émile
Faguet, dans son ouvrage Dix-neuvième
siècle, Études littéraires.
Victor Hugo est à Besançon le 26 février
1802. Fils d’un général de Napoléon, il
suivit d’abord son père dans le hasard des
expéditions et des campagnes, en Italie,
en Espagne, il fut page du roi Joseph et
élève au séminaire des nobles de Madrid.
Vers l’âge de onze ans, il vint s’établir
avec sa mère, séparée à cette époque du
général, à Paris, dans le quartier, presque
désert alors, du Val-de-Grâce. C’est
qu’il grandit dans une liberté d’esprit et
de lectures absolue, sous les yeux d’une
mère extrêmement indulgente et assez
insoucieuse à l’endroit de l’éducation. Il
s’éleva tout seul, lut beaucoup, au hasard,
s’éprit, dès quinze ans, à la fois de vers et
de mathématiques, se préparant à l’École
polytechnique et concourant aux Jeux
floraux.
Couronné deux fois par cette société
littéraire, nommé par elle maître ès jeux
floraux en 1820, distingué par l’Académie
Française en 1817, à l’âge de quinze ans,
pour une pièce sur les Avantages de l’étude,
s’essayant à une tragédie (Irtamène dont on
trouve quelques fragments dans Littérature
et Philosophie mêlées), il comprit que sa
vocation était toute littéraire, abandonna
les mathématiques, et lança en 1822 les
Odes. Il obtint une pension de 2 000 francs
de Louis XVIII, peut-être pour son livre,
peut-être pour un trait de générosité dont
le Roi fut touché ; il se maria (1822), et ne
songea plus qu’à marcher sur les traces de
Lamartine, qui était l’idole du jour.
Journaux (Le Conservateur littéraire),
romans (Bug-Jargal, Han d’Islande), théâtre
(Amy Robsart avec Ancelot, à l’Odéon,
chute), vers (Ballades et nouveaux recueils
d’Odes) l’occupent jusqu’en 1827. À cette
date, il donne Cromwell, grand drame en
vers (non joué), avec une préface qui est
un manifeste. En 1828, il écrit Marion de
Lorme, drame en vers, qui est interdit par
la censure, en 1829 les Orientales, en 1830
Hernani, joué à la Comédie Française,
acclamé par la jeunesse littéraire du
temps, peu goûté du public.
La Révolution de 1830 donne la liberté à
Marion de Lorme, qui est jouée à la Porte
Saint-Martin avec un assez grand succès.
Dès lors, Victor Hugo se multiplie en
créations. Les recueils de vers et les
drames se succèdent rapidement. En
librairie, c’est Notre-Dame de Paris, roman
(1831), Littérature et philosophie mêlées
(1834), Feuilles d’automne, poésies
(1831), Chants du crépuscule, poésies
(1835), Voix intérieures, poésies (1837),
Rayons et Ombres, poésies (1840), Le Rhin,
impressions de voyage (1842). Au théâtre,
c’est Le Roi s’amuse, en vers (1839),
représen une fois, puis interdit sous
prétexte d’allusions politiques, Lucrèce
Borgia, en prose (1833), Marie Tudor, en
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1. http://www.ac-
strasbourg.fr/pedago/
lettres/victor%20hugo/
Communs/Biographie.htm
Toutes les citations du texte Angelo, tyran de Padoue sont extraites du recueil paru chez Garnier-
Flammarion, n° 324.
Les orthographes des noms propres sont prises dans cette édition ainsi que l’orthographe du nom
commun « podesta » qui renvoie au mot italien employé par Hugo à la place du terme français
« podestat ».
Pour faciliter le repérage des scènes évoquées, on utilisera soit les divisions de Hugo en journées
et parties soit la terminologie classique en actes. Ainsi la première journée correspond à l’acte I,
la seconde à l’acte II, la première partie de la troisième journée à l’acte III et ainsi de suite.
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prose (1833), Angelo, en prose (1835),
Ruy Blas, en vers (1838), les Burgraves, en
vers (1843).
Il mourut le 22 mai 1885, « dans la saison
des roses », comme il l’avait prédit quinze
années auparavant, à l’âge de 83 ans,
comme Goethe. Son corps fut déposé
au Panthéon, après les funérailles les
plus magnifiques que la France ait vues
depuis Mirabeau. Il a laissé une grande
quantité d’œuvres inédites qui paraîtront
successivement. En 1886, on en a donné
deux, le Théâtre en Liberté, et la Fin de
Satan, qui n’ont rien ôté à sa gloire.
Pistes de travail
Comprendre la place du théâtre dans
l’œuvre hugolienne. À partir de la biog-
raphie proposée ci-dessus, le professeur
demandera aux élèves de classer les œu-
vres citées par genre (roman, théâtre et
poésie), de noter leur date de parution
afin de voir à quelle période de la vie de
l’auteur elles correspondent (œuvre de
jeunesse, de maturité ou de vieillesse).
Hugo et le théâtre
Comme on le voit plus haut, Hugo a
marqué le théâtre du XIXe siècle tant par
sa productivité que par sa créativité.
Victor Hugo fut fécond : une vingtaine
de pièces si l’on compte celles qui
composent :
• Le théâtre de jeunesse : Irtamène. À
quelque chose hasard est bon. Inez de
Castro. Amy Robsart.
• Les drames en vers : Cromwell. Marion de
Lorme. Hernani. Le Roi s’amuse. Ruy Blas.
Les Burgraves. Torquemada.
Les drames en prose : Lucrèce Borgia.
Marie Tudor. Angelo, tyran de Padoue.
• Le théâtre lyrique : La Esmeralda.
Le théâtre en liberté : La Grand-mère.
L’Épée. Mangeront-ils ? Sur la lisière d’un
bois. Les Gueux. Être aimé. La Forêt
mouillée.
Le théâtre moderne : Mille francs de
récompense. L’Intervention. Fragments.
La plupart de ses pièces sont écrites
entre 1827 et 1838. À vingt-six ans, dans
la célèbre préface de Cromwell, Victor Hugo
jette les bases d’un genre nouveau : le drame
romantique que nous étudierons plus en
détail dans la partie suivante. Revers de la
médaille : Cromwell, pièce aux 6 000 vers
et aux innombrables personnages n’est pas
jouée « injouable » disent certains…
L’année 1830 sera décisive : le 25 février
1830 se déroule à Paris la plus fameuse
bataille qu’aient jamais livrée des hommes
de lettres. Elle reste connue sous le nom
de « bataille d’Hernani », du nom d’une
pièce de Victor Hugo que l’on jouait ce
soir-là pour la première fois. Victor Hugo
fait partie du Cénacle romantique qu’anime
Sainte-Beuve, théoricien du mouvement2.
Dès la lecture d’Hernani, les hommes de
lettres s’enthousiasment pour cette pièce
d’une facture qui n’a rien à voir avec les
lois édictées par Boileau au XVIIe siècle. Le
soir d’Hernani, le spectacle est autant sur
scène que dans la salle. Les romantiques
parmi lesquels figurent Gérard de Nerval
et Théophile Gauthier, arborent un gilet
rouge et insultent les « perruques » fidèles
aux canons classiques. Ils en viennent
même aux mains.
C’est grâce à Hernani que le dramaturge
accède véritablement, en 1830, à la
célébrité dans le milieu du théâtre et
prend une place déterminante parmi les
Modernes. Les années suivantes, Hugo se
heurtera aux difficultés matérielles (scène
à l’italienne, peu propice aux spectacles
d’envergure) et humaines (réticences des
comédiens français devant les audaces de
ses drames). Il alternera triomphes (Lucrèce
Borgia) et échecs (Le Roi s’amuse), avant
de décider, avec Alexandre Dumas, de créer
une salle dédiée au drame romantique : ce
sera le Théâtre de la Renaissance où il fera
donner, en 1838, Ruy Blas.
En 1843, l’échec des Burgraves l’affecte
2. On en lira plus sur le
site http://www.herodote.
net/histoire/evenement.
php?jour=18300225.
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durement. Hugo désespère de parvenir à un
théâtre à la fois exigeant et populaire. Le
dramaturge, frappé en outre par le deuil de
Léopoldine qui meurt cette même année,
délaisse la scène.
Victor Hugo marquera son retour au
théâtre avec l’écriture, à partir de 1866, de
plusieurs pièces, dont la série du Théâtre
en liberté.
Pistes de travail
Approcher la dramaturgie hugolienne.
L’enseignant invitera les élèves à s’interroger
sur les pièces de Hugo : combien d’œuvres
écrites, jouées ; la composition des titres et
le genre des pièces (comédie, tragédie), les
pièces déterminantes et la raison de leur
importance. Les élèves pourront rédiger une
synthèse sur le théâtre de l’auteur qui leur
permettra de mieux lire et comprendre la
place d’Angelo, tyran de Padoue par rapport
à l’ensemble de l’œuvre hugolienne. On peut,
afin d’élargir la réflexion, établir un lien avec
le « théâtre dans un fauteuil » de Musset.
Le drame romantique
Le drame romantique a vécu une vingtaine
d’années dans la première moitié du
XIXe siècle. La jeunesse romantique est une
jeunesse fougueuse, qui ne se sent pas à
l’aise dans l’époque elle vit. La jeunesse
romantique est donc à la recherche d’actes
héroïques. De même, elle refuse tout ce
qui est cher aux classiques, le théâtre
classique avec toutes ses règles et ses
contraintes.
Les jeunes romantiques redécouvrent
avec un plaisir certain le théâtre de
Shakespeare (1564-1616) qu’ils prennent
comme modèle. Shakespeare leur paraît
moderne pour plusieurs raisons : il a écrit
pour les « grands » (rois et courtisans)
et pour le peuple, et les personnages
appartiennent à ce qu’on appelle aujourd’hui
des milieux sociaux très différents. De plus,
Shakespeare varie les genres, enfreint les
règles classiques liées aux unités spatio-
temporelles, et aucun aspect de la nature
humaine ne lui échappe.
On situe généralement la naissance du
genre avec le texte de Stendhal Racine et
Shakespeare (1823) : Stendhal y compare
le théâtre racinien et shakespearien afin
de montrer que le théâtre de Shakespeare
est supérieur. Stendhal demande aussi aux
dramaturges de renoncer à la versification.
La préface de Cromwell (1827) fait
également date.
Le drame romantique peut se définir
ainsi :
• Refus de la règle des trois unités.
Les romantiques veulent se libérer de la
forme et refusent la règle des trois unités
car elle étouffe le génie.
• Refus de la règle de bienséance.
Par souci de réalisme, les romantiques
veulent montrer sur scène ce qui
existe (meurtres, suicides, duels, etc. ;
Cf. Chatterton, Ruy Blas, Hernani et
Lorenzaccio).
Recherche du mélange des genres, de la
diversité.
Les romantiques prétendent qu’on peut
écrire une pièce de théâtre en mélangeant
les tons, refusant ainsi qu’il n’y ait que
du tragique dans une tragédie, que du
comique dans une comédie, etc.
• Rejet du drame bourgeois.
Dans celui-ci, on est fidèle aux décors,
aux costumes, entre autres. pour imiter
la réalité. Les romantiques refusent
cette illusion de faire vrai au nom de
l’imagination, de l’expression du génie.
Rejet du moralisme et du théâtre
manichéen conception dualiste du bien et
du mal.
Le drame bourgeois est, pour les
romantiques, un théâtre moralisateur (le
dénouement est toujours moral).
Remplacement des personnages
stéréotypés des XVIIe et XVIIIe siècles par
des héros singuliers.
Le héros romantique est un individu
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