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FORMATION CONTINUE
douleur. Elle est intéressante pour les cas réfractaires au trai-
tement classique et peut constituer une option à la neurolyse.
Réal a bien répondu à l’hydrodissection de son nerf et est très
heureux. Afin de mettre toutes les chances de son côté, il a
suivi vos conseils : il a délaissé sa ceinture d’outils et tente
de perdre du poids.
CAS NO 4
Raphaël est un avide joueur de tennis depuis sa retraite.
Malheureusement, il est incommodé par une tendinopathie
de l’extenseur commun du poignet depuis six mois,
la bonne vieille épicondylite latérale ou tennis elbow.
Il a amélioré sa technique, pris des AINS, fait un protocole
de renforcement excentrique en physiothérapie et reçu
une infiltration de corticostéroïde, mais il ne peut toujours
pas jouer. Que pouvez-vous faire pour lui ?
LE PLASMA RICHE EN PLAQUETTES
Le plasma riche en plaquettes gagne en popularité auprès
des sportifs et est de plus en plus offert en clinique au Québec,
particulièrement par les médecins du sport et les physiatres
qui l’injectent sous échographie. L’attrait vient du fait que
ce nouveau traitement cible la réparation tissulaire plutôt
qu’un effet anti-inflammatoire seul. En outre, de nombreuses
études en ont montré l’efficacité contre l’épicondylite9-12.
Puisque l’épicondylite représente davantage une tendinose
chronique avec désorganisation des tissus et néovasculari-
sation qu’un état inflammatoire aigu, il est logique de viser
une régénération des fibres lésées à long terme plutôt qu’un
effet anti-inflammatoire à court terme.
Ceci ne veut pas dire que l’infiltration de corticostéroïde, qui
permet d’obtenir un soulagement rapide pendant environ six
semaines, n’a plus sa place. Toutefois, elle ne prévient pas
les récurrences et pourrait mener à une aggravation du pro-
blème à long terme à la suite d’infiltrations répétées11,13. Il est
donc important de la jumeler à un programme de renforce-
ment excentrique et d’évaluer la situation au cas par cas.
Afin d’induire la réparation tissulaire, le plasma riche en
plaquettes concentre les cytokines et les facteurs de crois-
sance contenus dans les plaquettes. Pour ce faire, selon les
systèmes utilisés, une petite quantité de sang est prélevée
(entre 15 ml et 120 ml), puis centrifugée afin de concentrer
et d’extraire les plaquettes. Après une anesthésie locale, le
plasma est infiltré sous guidage échographique directement
dans les zones de tendinose. Pendant l’intervention, le méde-
cin procède également à une ténotomie percutanée, soit à
une microperforation répétée du tendon dans le but de briser
les microcalcifications présentes et de dénuder les fibres de
collagène afin que les plaquettes y adhèrent et s’activent.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un traitement de première ligne
et que des recherches supplémentaires soient toujours
nécessaires, c’est une option intéressante à l’interven tion
chirurgicale. Les indications pour les produits ortho bio lo gi-
ques se multiplient et ne sont plus limitées aux tendinopa thies
comme dans le cas présent. De nombreuses recher ches
sont en cours sur les déchirures musculaires ainsi que sur
l’arthrose du genou et de la hanche.
Vous avez prescrit à Raphaël une infiltration de plasma riche
en plaquettes. L’intervention a pris en tout moins d’une heure
et s’est faite presque sans douleur. Après une période de
deux semaines de repos relatif, le patient a entrepris un
programme de renforcement. Il a été en mesure de recom-
mencer à jouer au tennis trois mois plus tard.
CAS NO 5
Serge souffre d’une douleur au genou depuis une chute
dans un escalier. Après un examen physique révélant
un léger épanchement et une radiographie montrant un
début de gonarthrose, un traitement classique a été tenté
sans succès pendant quelques semaines, notamment
l’infiltration de corticostéroïdes et la viscosuppléance. Un
examen d’IRM a finalement été demandé afin d’exclure
un problème intra-articulaire. Une lésion cartilagineuse
simple au niveau du condyle fémoral médial d’environ
2 cm2 a été trouvée. An d’orir une solution à votre patient,
vous en discutez avec votre collègue orthopédiste.
LA MATRICE BIOLOGIQUE
ET LES TRAITEMENTS DU CARTILAGE
Depuis quelques années, des interventions chirurgicales
pour remplacer des zones bien définies de cartilages lésés
sont possibles. Il y a, par exemple, des techniques de sti-
mulation de la moelle, la greffe en mosaïque ou encore
l’imp lan tation de chondrocytes autologues. Le but est de
prévenir l’évolution vers l’arthrose.
Une méthode, aux origines québécoises, représente une
avancée intéressante, car elle produit une plus grande quan-
tité et une meilleure qualité de tissus cartilagineux. En effet,
après une technique classique de stimulation de la moelle, le
caillot sanguin qui se forme à la surface du point chirurgical
peut se rétracter, ne pas bien adhérer ou ne pas contenir
suffisamment des composants sanguins nécessaires à la
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