22 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010
Points forts
»
La presbyacousie est la cause la plus fréquente de surdité de perception chez l’adulte. Le diagnostic est
fait sur l’audiométrie tonale, qui retrouve une surdité de perception, bilatérale et symétrique, prédominant
sur les fréquences aiguës.
»
Les facteurs impliqués dans le développement de la presbyacousie sont individuels (prédisposition
génétique probable) et environnementaux (exposition aux bruits, pathologies cardio-vasculaires, etc.).
» Le traitement repose sur un appareillage audioprothétique bilatéral et précoce. Une concertation multi-
disciplinaire (rééducation de la lecture labiale par l’orthophoniste, soutien psychologique) peut parfois
permettre d’améliorer la prise en charge. En cas de surdité sévère à profonde, bilatérale, avec un bénéfice
insuffisant avec les audioprothèses, l’implant cochléaire est indiqué et donne des performances auditives
similaires à celles observées chez les patients plus jeunes.
Mots-clés
Vieillissement
Handicap auditif
Appareillage
audioprothétique
Implant cochléaire
Highlights
» Presbyacusis is the most
common cause of acquired
sensorineural hearing loss
in adults. The diagnosis is
established on audiometric
testing, showing a bilateral
and symmetrical sensorineural
hearing loss on high frequen-
cies.
» Age-related hearing loss is
due to individual (probably
genetic) and environmental
factors (noise exposure, cardio-
vascular risk factors, etc.).
» The treatment is based on the
use of bilateral hearing aids, as
early as possible. In some cases,
the auditory rehabilitation may
benefit from a multidisciplinary
management (speech therapist
for lipreading, psychological
support, etc.). In case of bilat-
eral severe/profound hearing
loss with a poor benefit of
hearing aids, a cochlear implan-
tation is indicated. Performance
is similar as those observed in
younger patients.
Keywords
Ageing
Auditory disability
Hearing aid
Cochlear implant
cochléaire qui entraîne l’accumulation intracellulaire
de radicaux libres oxygénés toxiques, induisant la
mort cellulaire.
Diagnostic de presbyacousie
Les signes d’appel
Pour dépister la presbyacousie, il faut rechercher à
l’interrogatoire des signes relativement simples, que
les personnes ont souvent bien identifiés :
➤Meilleure compréhension des voies masculines
que féminines.
➤
Difficultés à comprendre dans les ambiances
bruyantes et/ou réverbérantes (grand magasin,
brasserie, rue bruyante, etc.).
➤
Augmentation du volume de la radio ou de la
télévision.
➤Intolérance aux sons intenses.
➤
Moins bonne compréhension au théâtre ou au
spectacle.
Dans certains cas, les patients nient leurs difficultés,
ont tendance à incriminer les autres (les jeunes
“qui parlent trop vite et n’articulent plus”) et/ou
développent des stratégies de compensation comme
la lecture labiale. L’effort cognitif pour compenser la
baisse de l’intelligibilité peut entraîner une véritable
fatigue en fin de journée et conduire le patient à
s’isoler. Devant ces difficultés ou devant la renon-
ciation à certaines activités pour lesquelles l’atteinte
auditive est préjudiciable (réunions de famille
ou d’associations, spectacles, etc.), l’entourage
provoque généralement la prise de rendez-vous pour
une consultation. Dans le pire des cas, il peut s’agir
d’un repli complet sur soi ou même d’un début de
dépression. Le dépistage peut également être motivé
par les résultats d’un auto-questionnaire (encadré I).
Les données de la consultation
◆Antécédents
Le médecin ORL va rechercher si la personne
âgée a des antécédents qui pourraient majorer la
presbyacousie. Il peut s’agir d’une pathologie de
l’oreille déjà traitée, mais source d’atteinte auditive
que la presbyacousie aggravera : otite chronique
ou otospongiose opérée ou non, surdité brusque,
etc. Les principaux facteurs de risque aggravant la
presbyacousie sont l’exposition au bruit, profession-
nelle ou de loisirs, la prise de médicaments toxiques
pour l’oreille interne (aminosides, anticancéreux à
base de sels de platine, aspirine à forte dose, etc.)
et la prédisposition génétique à développer préco-
cement la presbyacousie. Une simple question
permet de clarifier ce dernier point : “À quel âge
vos parents ont-ils commencé à souffrir d’une
altération de leur audition ?” Il est également utile de
rechercher des facteurs de risque vasculaire pouvant
aggraver la presbyacousie : hypertension artérielle,
hypercholestérolémie, diabète, etc.
◆Signes associés
La presbyacousie est souvent associée à des
acouphènes. Il s’agit parfois du motif de consultation,
et c’est l’évaluation audiométrique qui objectivera la
presbyacousie. La prévalence des acouphènes lors de
la presbyacousie est variable d’une étude à l’autre.
Le facteur favorisant évoqué est essentiellement
l’exposition au bruit.
Les vertiges et les troubles de l’équilibre ne sont pas
liés à la presbyacousie. Si la prévalence des troubles
de l’équilibre augmente avec l’âge, leur origine est
multifactorielle et justifie une évaluation spécifique.
◆Examen ORL
En cas de presbyacousie, l’examen ORL est normal,
avec, en particulier, une absence d’anomalie tympa-
nique, sauf en cas d’antécédent d’otite chronique. Il
est utile de rechercher des affections qui pourraient
rendre difficile l’adaptation des appareils auditifs :
eczéma, sténose des conduits auditifs externes,
cavité d’évidement, otorrhée, etc.
Quels examens réaliser ?
Le diagnostic est fondé sur l’audiométrie tonale et
vocale. Ces tests subjectifs étant réalisés dans le
calme, ils ne renseignent que partiellement sur la
gêne réellement ressentie par le patient presbyacou-
sique. Ils sont cependant essentiels au diagnostic.