Au total, on peut affirmer que la température moyenne à Rennes a augmenté, de façon globale (voire
“structurelle”), de 1,36°c en 37 ans (intervalle entre 1965-66 et 2002-03, moyennes des deux périodes
de référence extrêmes), et d’environ 1°c en 20 ans.
En période de reproduction, on relève que c’est en mai-juin, au pic de la saison, que le réchauffement
global est le plus fort (+ 1,75°c en moyenne). La hausse est conforme à celle de la moyenne annuelle en
début de saison. Elle est un peu moins marquée en plein été, même si les maximales progressent alors
plus fortement qu’en moyenne et que les minimales.
Effondrement du nombre de jours de gel
Conséquence directe de la hausse des températures minimales, le gel matinal devient de plus en plus
rare à Rennes (il pourrait se faire tout à fait anecdotique d’ici à quelques années, si la tendance actuelle
est confirmée). Il résiste relativement en automne, mais chute d’un tiers en hiver, comme sur l’année
entière, et disparaît presque au printemps. Pas une seule gelée de mai en 12 ans (une tous les 3 ans il y
a 30-40 ans) ; 8 d’avril en 12 ans, contre une pour 15 jours d’avril jadis.
Les modifications observées sur les autres paramètres sont des effets secondaires du réchauffement
climatique, résultant de mécanismes encore plus complexes, indirects, inégaux selon la latitude et la
situation géographique, même si leurs impacts peuvent être aussi voire encore plus lourds sur l’évolution
des conditions globales de vie sur Terre, du rythme des catastrophes et du phénomène lui-même.
Hausse remarquable des précipitations
L’“aridité (relative) de la steppe jacolandine” devient un mythe ancien : ceux qui ont mémorisé de longue
date le chiffre de “632 mm” peuvent y ajouter désormais 90 mm (soit + 14 %), ce qui rapproche Rennes
d’autres moyennes bretonnes, françaises et européennes.
La tendance est forte, nette, également accentuée au fil des décennies, mais elle touche inégalement
les différents mois : avril et surtout juillet, anciens mois arides dans l’Ouest de la France, sont beaucoup
plus arrosés qu’autrefois ; mais février et juin le sont nettement moins, août et novembre un peu moins,
et septembre sans changement. Les précipitations se sont également fortement accrues en mai (les
ornithologues entre autres l’ont bien remarqué), ainsi qu’en décembre et surtout octobre.
Certes, sur une période de calcul limitée à 12 ans, quelques mois très pluvieux ou très secs pèsent
excessivement sur les statistiques, et il n’est pas certain que toutes ces tendances mensuelles se voient
confirmées par la suite. En revanche, l’augmentation annuelle globale a tout d’une tendance lourde.
Pour les oiseaux nicheurs, la forte hausse des précipitations en mars, avril, mai et juillet (à l’exception
donc de juin) a nécessairement des conséquences très lourdes : destruction de nids et mort de poussins
(d’autant plus si la pluie est associée à des épisodes de temps frais ou tempétueux), impact sur l’accès
à la nourriture et la disponibilité des proies - même si l’humidité favorise certaines familles.
Les chutes de pluie ont augmenté de plus de 35 % en avril-mai : l’expression populaire (récente ?) de
“printemps pourri” a donc maintenant des fondements très sérieux. Ensuite, juin paraît plus favorable
qu’autrefois aux nichées, mais juillet, de plus en plus fréquemment “pourri” lui aussi (+ 54 % !), dresse
de nouveaux obstacles à l’émancipation des plus tardives et des secondes pontes.
Le nombre de jours de pluie suit grosso modo les mêmes tendances, avec toutefois des nuances
sensibles : les pluies de mars-avril-mai et juillet s’avèrent plus violentes ou mouillantes qu’autrefois ;
à l’inverse, juin et août-septembre semblent être devenus des mois à averses ou crachins fréquents
(comme novembre), puisque les jours mouillés augmentent nettement tandis que la hauteur d’eau
tombée diminue ou stagne.
Pluies diluviennes ou temps pluvioteux qui s’éternise : chaque aspect a ses désavantages...
Sur 37 ans, le nombre de jours de pluie ne diminue qu’en janvier et février (ce dernier devenant le
nouveau mois aride avec juin).
Baisse sensible de l’insolation
C’est une des facettes les plus désagréables de l’évolution du climat, pour nous en tout cas sinon pour
les oiseaux, mais peut-être aussi pour certaines de leurs proies : Rennes a perdu en 37 ans plus de 100
heures d’ensoleillement annuel. La tendance est marquée, même si septembre et novembre-décembre-
janvier ont gagné quelques heures à l’inverse, et même si l’insolation avait légèrement augmenté en
1961-1990 par rapport à 1951-1980 (ce qui pouvait être attribuable en partie à un changement de type
d’héliographes). A remarquer l’insolation très faible de la décennie 1990 : par rapport à ces chiffres, ce
sont 100 heures que nous avons regagnées en 7 ans. L’avenir reste donc incertain sur ce point précis.
Plus globalement, l’évolution de l’insolation est logiquement assez corrélée (négativement) à celle des
pluies : c’est en mars-avril-mai, puis juillet et octobre, mais aussi juin, que la baisse est la plus marquée.