Afin de sensibiliser
la population locale et les autorités publiques sur l’intérêt et l’importance de
la conservation et
la valorisation de
ce site, l’Association Initiatives-Martil a mis en place un
certain nombre
d’actions. Entretien avec Lahcen Taiqui,
vice-secrétaire de cette association.
Libé: De quelle manière le site de Koudiet Taifour peut être mis en valeur et qu’attendez-vous des
pouvoirs publics ?
A notre avis, la mise en valeur de ce site passe obligatoirement par la conservation de l’intégrité de
ses valeurs environnementales en tant que bien public d’intérêt patrimonial à part entière. La
durabilité de cette mise en valeur doit tenir compte aussi bien des valeurs naturelles, sociales et
récréatives que de la dimension de marketing territorial du site.
En effet, les valeurs environnementales de Koudiet Taifour sont multiples et reconnues dans l’Etude
nationale des Aires protégées de 1995 où il a été classé comme Site d’intérêt biologique et
écologique de priorité 3 (à faire bénéficier d’un statut de protection au plus après un délai de dix
ans). Il s’agit d’un espace forestier couvrant tout un promontoire paléozoïque de plus de 600
hectares et dominant l’ensemble du littoral tétouanais de Sebta à Azla avec une altitude d’environ
330 mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée. Il possède une grande qualité paysagère grâce à
sa verdure et à sa structure géomorphologique, très remarquables par rapport aux plages urbanisées
de Martil et Mdiq-Fnideq. Dominé par un reboisement de pin d’Alep, cet espace est plus varié
qu’on ne le pense et abrite divers milieux naturels (matorrals et falaises rocheuses en particulier) où
se réfugie une partie de notre faune et flore méditerranéenne. Rien que pour les points de vues
panoramiques qu’il offre sur la mer, la plage et l’arrière-pays, la valeur de ce site reste
exceptionnelle et inestimable.
Pour la sauvegarde et la valorisation de Koudiet Taifour, nous avons entamé un processus de
plaidoyer qui se donne pour objectif une prise de conscience de tous les acteurs concernés en faveur
d’une mise en valeur participative du site. Ce processus est orienté de bas en haut, car nous
considérons que Koudiet Taifour ne peut être protégé en tant qu’espace vert d’intérêt public en
l’absence d’une participation citoyenne consciente et active de la part de la société civile locale et
différentes catégories de la population des villes de Martil, Mdiq, Fnideq et Tétouan. C’est là une
condition déterminante pour la défense et la protection du site contre les pressions énormes exercées
de la part de diverses agences immobilières nationales et internationales.
Bien entendu, notre action citoyenne est orientée vers les centres de décision aux niveaux local,
provincial, régional et national. Dans ce sens, nous espérons aboutir à court terme à une prise de
position positive de la part des autorités locales et régionales.
Cette prise de position pourra être matérialisée par une déclaration ou une charte entre les différents
partenaires, englobant une proposition officielle de statut légal de protection des vocations
environnementale, sociale, éducative et récréative du site Koudiet Taifour. En principe, notre
démarche ne doit soulever aucune opposition mais s’avère nécessaire et urgente dans le contexte
actuel de l’aménagement et de la gestion intégrée du développement touristique du littoral.
De quelle manière intégrer le site dans le projet touristique du littoral?
La dynamique d’urbanisation touristique de l’ensemble du littoral tétouanais s’est intensifiée au
cours des dernières années en relation avec les différents chantiers de développement qui ont été
lancés dans la Région. Notre projet de sauvegarde et de valorisation de Koudiet Taifour embrasse
ces chantiers et s’y intègre dans une perspective durable de contribution au bien commun (par
opposition aux aménagements touristiques de consommation du bien public).
Notre alternative à la bétonisation de ce site singulier est l’aménagement d’un parc périurbain dirigé
vers la promotion de l’éducation environnementale et du contact avec la nature. D’une part, cela
répondra à un besoin crucial d’une population urbaine croissante, car il constitue le centre d’un