Le mur de camions qui défile d'un côté, le temple de la consommation mondialisée des Rives
d'Arcins de l'autre : voilà le décor où niche le siège d'Habitat solaire, tout contre la rocade à
Villenave-d'Ornon. Il y aurait mieux pour une aventure éco-industrielle à l'étonnant succès. «
Mais ici, on capte la clientèle, on nous voit », dit Nicolas Borzeix, le jeune fondateur de la
société.
À voir les locaux, on a peine à croire que d'ici la fin de l'année, Habitat solaire France situé à
Agen pourrait compter 250 salariés. C'est pourtant la jauge que donne le fondateur de la
société, qui a commencé avec son père et un ami en novembre 2007. « On recrute à tour de
bras. Et on forme. »
Un projet somme toute banal, sur un créneau il est vrai en retard en France : la vente et
l'installation de panneaux photovoltaïques sur les maisons des particuliers.
Usine à Agen
Mais voilà, la réussite initiale, plus la rencontre de Yann Maus, un homme d'affaire lot-et-
garonnais connu pour sa propre sucess-story dans l'agroalimentaire à l'agropôle d'Agen, ont
fait d'Habitat solaire une société « en avance ». « Nous sommes les seuls à produire les
panneaux photovoltaïques que nous installons », assure Nicolas Borzeix.
La création d'une usine baptisée Fonroche, à Roquefort près d'Agen, est née de cette
association. Une levée de fonds en a bouclé le financement. « Dans notre situation de
croissance, ce n'est pas très compliqué », dit-il quand on l'interroge sur l'impact de la crise sur
ces projets.
Concession en Limousin
Habitat solaire pense atteindre les 200 salariés dans le courant de l'année à Roquefort, et 150
pour les activités de commercialisation et de pose. Celui de Villenave en regroupant une
cinquantaine, les autres se situant dans les agences départementales qui couvrent l'ensemble
de l'Aquitaine, mais aussi Toulouse, Montauban et Auch, bientôt Avignon et Marseille.
En Limousin, la marque s'implante via « un partenariat » avec une société locale. « C'est une
sorte de concession, pas une franchise. J'ai créé ma propre société avec 30 000 euros
d'économies, je n'ai pas envie de prélever quoi que ce soit sur mes partenaires », assure le
PDG. Autre projet : la création d'un centre de formation professionnelle, dans ce secteur du
bâtiment « vert » qui manque de qualification.
Les particuliers d'abord
Villenavais, Nicolas Borzeix n'a pas cherché ailleurs où se loger. C'est en accord aussi avec
son discours très au point sur la démarche « développement durable » de la société. « Ce n'est
pas seulement une image. On veut promouvoir des emplois locaux, des productions locales.
C'est une aberration écologique de construire un parc solaire avec des panneaux chinois posés
par des ouvriers roumains, pour un plan de relance français ! ».
Habitat solaire n'a pas eu de marché de cet ordre. Le PDG ajoute que ce n'est pas le créneau
de sa société, en tout cas pour le moment. « 90 % de nos clients sont des particuliers ». Mais
Habitat solaire va quand même équiper le nouveau chai du château de Camarsac dans l'Entre-
deux-Mers, avec 1 218 panneaux. Et Nicolas Borzeix milite pour « un coefficient bilan-
carbone dans les marchés publics ».
Il n'est pas inquiet pour le prix de rachat du courant photovoltaïque, clé du succès de cette
forme d'énergie verte : « Pour le particulier, le tarif n'a que légèrement baissé », dit-il.
Il ne craint pas non plus que la croissance du marché n'attire de plus puissants concurrents. «
Ça va se réguler. D'ici trois ans, il ne restera sans doute que dix sociétés sur l'agglomération ».