Comment préparer la bouillie ?
par François Laurent
Association MISOLA, 12, rue des Soupirants, 62100 Calais.
Il est d'usage depuis quelques décennies de conseiller aux mères, en
particulier à celles dont le jeune enfant présente un retard pondéral, de donner
des bouillies afin d'accroître les apports alimentaires. Cet article montre le
bien fondé de ces pratiques, à condition que soient respectées quatre règles
fondamentales. Le non-respect de ces quatre règles est en effet à l'origine de
nombreux échecs et d'aggravation de la malnutrition. Si l'intérêt de donner
aux jeunes enfants souffrant de malnutrition ou de sous-nutation des bouillies
de haute valeur énergétique est bien établi, les moyens simples d'y parvenir
avec des bouillies non lactées (Les bouillies lactées resteront hors de notre
propos, la présence de lait permet en effet de résoudre la plupart des difficultés liées
aux bouillies préparées à l'eau), sont plus difficiles à trouver et nous proposons
ici des solutions faisant appel à de l'amylase domestique.
Dans la première partie, nous aborderons la notion de valeur énergétique
des aliments, appliquée à l'alimentation infantile. Puis, nous parlerons de
la viscosité des bouillies et du rôle de l'amylase sur l'amidon. Enfin, nous
verrons ce que permet l'utilisation des amylases domestiques.
I. Valeur énergétique des aliments dans l'alimentation infantile
1. Les bouillies
Pour situer le problème, il faut bien comprendre que le nourrisson et le jeune enfant
ont une croissance pondérale fabuleuse, comme en témoigne une courbe de poids
normale : ils grossissent en moyenne de 20 à 30 grammes chaque jour les premiers
mois, et de 10 grammes par jour jusqu'à 1012 mois. Les scientifiques ont observé
que pour obtenir une telle croissance, il fallait que le nourrisson de plus de six mois
consomme environ 100 kilocalories et 140 ml d'eau par kilo de poids et par jour.
Mais on sait aussi que le nourrisson a des capacités digestives limitées et immatures
: en effet, le volume de ce qu'il peut absorber à chaque repas est limité par la
contenance de son estomac (200 à 250 ml), et il lui faut un certain temps entre
chaque repas. De même il ne peut manger de tout car ses fonctions digestives,
mastication, déglutition, équipement enzymatique, ne sont pas encore complètes.
Pour toutes ces raisons, il faut donner aux nourrissons des aliments spécifiques.
Ces aliments seront faciles à avaler (semi-liquides), faciles à digérer, nourrissants
pour un faible volume (haute valeur énergétique). Les bouillies peuvent réunir ces
diverses qualités (À ces qualités, on ajoutera : équilibre en nutriments (protides,
lipides, glucides), apport suffisant en vitamines et en micronutriments, faible taux de
fibres, goût apprécié).
2. Quelle valeur énergétique ?
On admet facilement que l'aliment donné aux nourrissons doit être liquide ou
onctueux et facile à digérer. Mais, qu'est-ce qu'un aliment nourrissant ? Combien