UNION INTERPARLEMENTAIRE INTER-PARLIAMENTARY UNION Association des Secrétaires Généraux de Parlement CONTRIBUTION de M. V.K. AGNIHOTRI Secrétaire général du Rajya Sabha d’Inde Au débat général sur L’AUTONOMIE ADMINISTRATIVE DES PARLEMENTS Session de Panama Avril 2011 Introduction La Constitution de l’Inde sépare clairement les fonctions des trois organes de gouvernance, à savoir le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Chaque organe jouit de suffisamment d’autonomie pour bien fonctionner dans le domaine de sa compétence. Les auteurs de notre Constitution ont maintenu que la responsabilité de l’exécutif devant le Parlement était le pivot du régime Parlementaire. En vue d’assurer celle-ci, ils ont prévu un secrétariat séparé et autonome pour chacune des deux Chambres du Parlement dont le fonctionnement devait être placé sous la direction et le contrôle administratif de leurs Présidents respectifs. Les dispositions constitutionnelles Un secrétariat séparé et autonome pour chacune des deux Chambres du Parlement est garanti par l’article 98 de la Constitution ; voici ce qu’il dit : (1) Chaque Chambre du Parlement dispose d’un personnel de secrétariat séparé sous réserve que cette clause ne soit interprétée comme un empêchement à la création des postes communs aux deux Chambres du Parlement ; (2) Le Parlement est habilité par la loi de régler le recrutement et les conditions d’emploi des personnes nommées au personnel administratif de l’une ou l’autre des deux Chambres du Parlement ; et (3) Jusqu’à ce que les dispositions nécessaires ne soient mises en place par le Parlement en vertu de la clause (2) , le Président de la République peut, après avoir consulté le Président de la Chambre du Peuple ou celui du Conseil des Etats, selon le cas, établir les règles concernant le recrutement, et les conditions d’emploi des personnes nommées au personnel du secrétariat de la Chambre du Peuple ou du Conseil des Etats, et que toute règle ainsi établie entre en vigueur sous réserve des dispositions de toute loi faite en vertu de ladite clause. Les secrétariats du Parlement indien Les secrétariats du Parlement jouent un rôle important dans le renforcement de la démocratie parlementaire dans la pratique. Ils fournissent une aide administrative, objective et impartiale aux Présidents des Assemblées, membres et commissions parlementaires, contribuant ainsi grandement à la réalisation d’un avenir démocratique plus sûr. Ils sont composés des personnes qui connaissent très bien la Constitution ainsi que les pratiques, procédures et précédents parlementaires qui permettent au Parlement d’accomplir plus efficacement ses tâches principales de législation et de contrôle du gouvernement, entre autres. Les dispositions de la Constitution relatives au personnel de secrétariat des deux Chambres du Parlement sont destinées, évidemment, non seulement à sauvegarder l’autonomie du Parlement et des Présidents des Assemblées, mais à garantir aussi que les personnes recrutées aient les qualités morales et intellectuelles ainsi que les diplômes nécessaires pour faire le travail spécialisé dont s’occupent ces secrétariats. Les dispositions de la clause (3) de l’article 98 de la Constitution permettent justement la réalisation de cet objectif en accordant aux Présidents des Assemblées leur mot sur l’élaboration des règles concernant le recrutement et les conditions d’emploi des personnes nommées aux secrétariats respectifs. L’autonomie du secrétariat de la Rajya Sabha est garantie par les dispositions suivantes : L’autonomie administrative et opérationnelle du secrétariat de la Rajya Sabha est garantie par le fait que c’est le secrétariat lui-même qui recrute son personnel sous le contrôle définitif de son Président. Les règles concernant le recrutement et les conditions d’emploi du secrétariat de la Rajya Sabha ont été élaborées et promulguées à compter du 15 mars 1957 par le Président de l’Inde en consultation avec le Président de la Rajya Sabha aux termes de l’article 98(3) de la Constitution indienne. Ces règles ont la force de loi. Le Président exerce les pouvoirs que celles-ci lui confèrent par l’émission périodique des arrêtés relatifs aux recrutement et conditions d’emploi. Par ailleurs, les postes dans le secrétariat de la Rajya Sabha sont soustraits de la compétence de la UPSC ou commission de la fonction publique en vertu des dispositions de son règlement sur l’exonération de consultation de 1958. Ainsi, la commission n’est pas saisie des questions relatives au recrutement du personnel des deux secretariats. Ils recrutent directement leur personnel sous les ordres de leurs Présidents respectifs chaque fois qu’il y en a besoin. Auparavant, il existait une cellule de recrutement commune pour les secrétariats de la Lok Sabha et de la Rajya Sabha qui était chargée de la tenue des examens/entretiens de recrutement en vue de sélectionner les candidats. Mais depuis 2008, la Rajya Sabha dispose de sa propre cellule de recrutement. La loi portant tribunaux administratifs de 1985 ne s’applique pas non plus aux personnes nommées au secrétariat de la Rajya Sabha et seules la Haute Cour de Delhi et la Cour Suprême de l’Inde peuvent être saisies en cas de dispute sur toute question liée à leur emploi. Il est de convention constante que les arrêtés applicables aux ministères/départements du gouvernement de l’Inde ne s’appliquent pas ipso facto aux agents et personnel des secrétariats des deux Chambres, sauf si adoptés expressément à cette fin. Les arrêtés du Gouvernement de l’Inde sont adoptés par le secrétariat sous réserve de toute modification, variation ou exception que le Président de l’Assemblée pourrait préciser. L’autonomie financière du Parlement L’autonomie administrative de toute institution dépend largement de son autonomie financière. Le secrétariat de la Rajya Sabha se charge principalement de la préparation des devis budgétaires de la Chambre et du secrétariat. Les propositions budgétaires sont élaborées par le secrétariat en fonction des besoins spécifiques du travail parlementaire et sont soumises au ministère des finances pour son accord et l’incorporation de celles-ci dans le Budget de l’Etat. Si une proposition quelconque soulève des objections de la part du ministère, la question est réglée par concertation entre le secrétariat et le ministère. Si le ministère des finances a des suggestions à faire, elles sont soumises à l’examen du Président de l’Assemblée, et l’on arrive à une décision acceptable aux deux après discussion. Dans le cas peu probable d’une divergence d’opinion, généralement c’est la décision du Président de l’Assemblée qui l’emporte. Les devis ne sont soumis à aucun examen ni de la part des commissions départementales du ministère des finances, ni des autres commissions, ni même du Parlement. Comme est le cas dans les autres ministères du Gouvernement de l’Inde, des demandes d’allocations séparées pour les deux Chambres sont présentées au Parlement qui approuve chaque année les dépenses en vertu de la loi de finances. Cependant, aucune motion de veto (cut motion) n’est admise ; de même, aucune discussion sur le budget des deux Chambres ainsi que de leurs secrétariats n’est permise en séance publique. Les dépenses encourues pour les salaires et indemnités des membres et des agents/personnel des deux secrétariats sont payées par le Fonds consolidé de l’Inde. Une fois que les demandes d’allocations de la Chambre et de son secrétariat sont votées par la Chambre et les allocations sont mises à la disposition du secrétariat, ce dernier contrôle chaque unité de crédit budgétaire et les dépenses sont encourues en fonction des besoins de chaque unité de crédit budgétaire. L’exécutif ne s’ingère pas dans la gestion financière du secrétariat et son accord n’est pas demandé pour aucune dépense dans le cadre des fonds alloués. La réaffectation des économies se fait directement par l’allocation des fonds aux unités de crédit où l’on constate un déficit tout en contrôlant le budget des unités susceptibles de réaliser des économies. Il est de convention constante qu’aucun accord officiel du ministère des finances n’est nécessaire. Toutefois, les normes prescrites à cet effet sont respectées scrupuleusement et le ministère des finances est tenu au courant de toute action prise dans le cadre des processus de reporting. D’autre part, les arrêtés émis par le Gouvernement aux ministères et départements du Gouvernement de l’Inde ne s’appliquent pas automatiquement au secrétariat et c’est le Président de l’Assemblée qui prend les décisions financières, compte tenu des besoins de la Chambre et du secretariat. De même, les économies réalisées globalement, s’il y en a, sont remises au Gouvernement au mois de mars de l’exercice financier avec l’agrément du Président de l’Assemblée. En plus, la question de révision des grilles de salaires des agents et du personnel du secrétariat ne relève pas de la compétence des commissions des salaires nommées périodiquement par le Gouvernement de l’Inde. Avant 1973, la révision des salaires et indemnités des agents et du personnel du secrétariat se faisait sur la base des recommandations des commissions des salaires centrales sous les ordres du Président après consultation avec le ministère des finances. Par la suite, on a créé des commissions parlementaires des salaires séparées pour donner suite aux recommandations des troisième, quatrième, cinquième et sixième commissions des salaires centrales de 1973, 1986, 1997 et 2008 respectivement, en vue de fixer les salaires et indemnités des employés des secrétariats de la Rajya Sabha et de la Lok Sabha. La composition de la commission parlementaire des salaires est la suivante : le Président de la commission des devis ; le Président de la commission des comptes publics, le Président de la commission des entreprises publiques ; le Ministre des finances ; le Ministre des affaires parlementaires et un membre de la Rajya Sabha. Le Président de la commission des devis est le Président ex officio de cette commission à laquelle s’associent les Secrétaires généraux de la Lok Sabha et de la Rajya Sabha. Conformément aux dispositions de la loi portant sur le vérificateur des comptes et ses attributions, devoirs et conditions d’emploi de 1971, les comptes du secrétariat du Parlement sont soumis à un audit, puisque les fonds pour payer les dépenses sont tirés du fonds consolidé de l’Inde. Pour faciliter le travail du secrétariat parlementaire, le vérificateur des comptes de l’Inde, comme un cas particulier, y affecte de manière permanente une équipe d’audit pour permettre des vérifications simultanées des comptes des deux secrétariats. Il est de convention que tout rapport d’audit ou d’inspection contenant des objections et projets d’alinéas concernant la Chambre ou son secrétariat est envoyé au secrétariat pour ses opinions là-dessus avant de les incorporer dans le rapport définitif du vérificateur des comptes. L’autorité de nomination et disciplinaire, et l’administration du secrétariat Comme mentionné ci-dessus, le secrétariat fonctionne sous la direction et le contrôle du Président de la Rajya Sabha. Il exerce les pouvoirs qui lui sont attribués par le règlement sur le recrutement et les conditions d’emploi de 1957 et les modifications ultérieures apportées périodiquement à celui-ci. Aux termes de ce règlement, l’autorité de nomination et disciplinaire concernant les employés du secrétariat de la Rajya Sabha est le Président de celle-ci. Il peut déléguer ses pouvoirs à cet effet au Secrétaire général en ce qui concerne les agents autres que ceux du Groupe A (les hauts postes). En sa qualité de dépositaire des droits et privilèges de la Chambre et de ses commissions et membres, le Président a le pouvoir et la responsabilité d’assurer que le secrétariat remplisse efficacement les tâches qui lui sont confiées. Non seulement il dirige les politiques du secrétariat, mais il veille aussi à leur application. C’est par l’intermédiaire du Président que les membres et autorités externes communiquent avec le secrétariat. Le Secrétaire général jouit principalement des pouvoirs que le Président lui délègue. Le Secrétaire général est le chef administratif du secrétariat et exerce les pouvoirs investis au Président, y compris la fixation du poids, mode de recrutement, des qualifications nécessaires, etc. pour les diverses catégories de postes. C’est l’autorité de nomination, disciplinaire et d’appel pour certaines catégories d’agents et du personnel du secrétariat. Il exerce les pouvoirs financiers et élabore les propositions budgétaires relatives à la Rajya Sabha et son secrétariat. C’est la principale autorité comptable concernant les crédits autorisés par la Chambre pour les dépenses dans le cadre des demandes d’allocations budgétaires de la Rajya Sabha et de son secrétariat et il s’acquitte de cette fonction par l’intermédiaire et avec l’aide du responsable du service comptable qui travaille en rapport direct avec lui. Le Secrétaire général veille également à ce que le travail du secrétariat de la Chambre et des commissions soit effectué par des agents compétents et expérimentés et qu’il soit organisé de façon efficace sous sa direction. Les devoirs des agents ne sont pas cloisonnés dans des compartiments étanches. Ils sont plutôt flexibles et sont susceptibles d’être modifiés sur ordre du Secrétaire général. L’allocation du travail aux agents du secretariat est la prérogative exclusive du Secrétaire général. Il est secondé par une hiérarchie d’agents, à savoir secrétaire, secrétaires additionnels, secrétaires adjoints et directeurs qui, à leur tour et avec le concours de leur personnel, sont responsables de l’accomplissement de l’ensemble des fonctions du secrétariat. Restructuration fonctionnelle du secrétariat de la Rajya Sabha En 1974, fondée sur les recommandations de la commission parlementaire des salaires, le secrétariat a fait l’objet d’une restructuration fonctionnelle en divers services, compte tenu de la nature spécialisée des fonctions et responsabilités de chacun de ces services. Le secrétariat est désormais organisé sur une base fonctionnelle en dix services comme suit : 1. Service législatif, financier, exécutif et administratif (LAFEAS) 2. Service bibliothécaire de référence, de recherche, de documentation et d’information (LARRDIS) 3. Service de compte rendu in extenso (VRS) 4. Service d’interprétation simultanée (SIS) 5. Service de traduction et de rédaction (ENT) 6. Service de publication et d’impression (P&P) 7. Service de dactylographie (PSS) 8. Service de sécurité Parlementaire 9. Service de chauffeurs et de coursiers (D&D) 10.Service de messagerie Chacun des services a pour objet de satisfaire les besoins du Président de l’Assembleé et de la Chambre ainsi que de ses membres et commissions. Le fonctionnement du secrétariat est conçu de sorte qu’il puisse travailler de manière autonome.