
Les historiens du Vietnam notent qu’une des caractéristiques de la culture vietnamienne est de 
parvenir  à  « vietnamiser »  tous  les  apports,  tous  les  éléments  culturels  qui  viennent  de 
l’extérieur, de les faire concorder avec les siens propres, pour mieux les dépasser et innover 
pour en faire autre chose, y compris le Confucianisme (cf. la notion de « bricolage » proposée 
par Phan Ngoc). L’identité culturelle vietnamienne est pluraliste, elle  se  caractérise par une 
grande adaptabilité et une capacité d’innovation (Do Benoit, 2011).  
Sur le plan psychologique, cela pose la question de savoir ce que chacun, individu ou groupe, 
fait  d’une  transmission  culturelle  ou  psychique,  comment  il  se  l’approprie  pour  mieux  la 
subvertir et en faire autre chose : une création personnelle, une innovation collective.   
3. Le sentiment d’identité nationale et le parti communiste : 
 
Le Vietnam a été bousculé tout au long de son histoire par des guerres tragiques. Il est resté le 
symbole d’un petit pays agressé par de grandes puissances étrangères qu’il a réussi à vaincre, 
à chaque fois, grâce à un peuple courageux et indépendant. A différentes périodes de son 
histoire, le Vietnam s’est libéré des chinois, des français, des américains et des japonais, entre 
autres.  
 
Quelques dates et périodes clés : (Mai Ly, 2009)  
1884-1945 : Domination française et chute de l’Etat monarchique centralisé du Vietnam. 
1945-1954 : Période d’indépendance nationale et de résistance à la reconquête française (Ho 
Chi Minh lit la déclaration d’indépendance à Hanoi le 2 septembre 1945).  
  Cette  période  se  caractérise  par  une  critique  radicale  du  Confucianisme,  qui  était 
associé au féodalisme, et qui était à combattre au même titre que le colonialisme. 
 
1954-1975 : Guerre contre les américains aboutit à la libération totale du Sud-Vietnam et à la 
réunification du pays. Le 30 avril 1975, la prise de Saigon met fin à la guerre armée contre les 
américains avec, au moins, 4 millions de morts côté vietnamien.  
  Néanmoins, pendant cette période, on va assister à un retour du Confucianisme par le 
biais de la formation des cadres politiques du parti communiste vietnamien en Chine. 
Ceux-ci vont adopter le modèle maoïste chinois et vont voir dans le Confucianisme un 
outil  idéologique  pour  soutenir  le  développement  économique  du  pays.  A  titre 
d’exemple,  la  réforme  agraire  vietnamienne  de  1953  et  1956  va  s’inspirer  de  la 
« rectification idéologique » maoïste (Do Benoit, 2011). 
 
1975-1986 :  Restauration  du  pays après deux  guerres  libératrices,  française  et  américaine. 
Mais,  en    1976  des  conflits  frontaliers  avec  le  Cambodge  et  les  Khmers  rouges  vont  se 
rajouter aux difficultés existantes et affaiblir la jeune république socialiste. Pendant toute cette 
période, jusqu’à la fin des années 80 avec l’effondrement de l’Union Soviétique, le Vietnam 
ne pouvait  compter  que  sur  les aides  de  l’URSS  et  des  pays de  l’Est  puisqu’il  subissait  un 
embargo commercial et financier américain. Le pays était isolé.  
 
Depuis 1986 :  Lancement  d’une  politique  dite  de  Renouveau,  période  dite  du  dôi moi. On 
assiste  à  une  ouverture  pour  tenter  de  résoudre  les  difficultés  économiques  internes  et 
retrouver une place sur le plan international, d’abord en normalisant les liens diplomatiques 
du Vietnam avec la Chine et les Etats-Unis, et en tissant des coopérations avec le Japon et 
l’Union  Européenne.  Cette  politique  volontariste  de  Renouveau  a  contribué  à  instaurer  une 
dynamique  de  réconciliation  sur  le  plan  international  mais  aussi,  en  interne,  sur  le  plan 
national.