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LE PLAN DE SALUT
par Marcel Kahne
Je souhaite présenter ici la perception que nous avons, dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours, des trois grandes questions : D’où venons-nous ? Que sommes-nous venus faire ici ?
allons-nous ? Ce qui suit représente ma compréhension personnelle de la chose et n’engage ni l’Église,
ni idumea.
L’expression « plan de salut » est utilisée dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
pour désigner le programme divin qui a présidé à la Création et aux destinées de l’humanité et qui a été
révélé par Dieu à ses porte-parole, les prophètes.
LES IDEES TRADITIONNELLES
Pour mieux faire ressortir l’originalité de la doctrine des saints des derniers jours, il convient d’abord de
rappeler succinctement les idées entretenues traditionnellement dans le christianisme.
Nous l’avons déjà relevé ailleurs : la conception que le christianisme a de Dieu, de la Création et de
l’homme diffère de celle de la Bible. Le Dieu de la Bible est anthropomorphique, il a des passions (il aime,
hait, pardonne, se venge, se repent, s’irrite, a compassion, etc.), tout en étant tout-puissant, omnipotent
et omniscient. Il a créé l’univers à partir du chaos et a fait l’homme à son image, déclarant que nous
sommes des dieux, nous sommes tous des fils du Très-Haut (voir Ps 82:6 ).
Cette conception biblique était inacceptable pour les intellectuels des premiers siècles du christianisme,
formés dans les grandes écoles néoplatoniciennes. Elle rappelait trop les divinités grecques aux mœurs
par trop humaines sorties de l’imagination populaire. Ces intellectuels vont donc adopter une conception
issue de la philosophie de Platon. En bref, celui-ci conçoit Dieu comme un être qui est le Totalement
Autre par rapport à l’univers et à l’humanité. Il est immatériel, hors de l’espace, hors du temps, c’est un
tout sans parties et, comme il est infini, rien d’autre que lui ne peut exister : il est forcément unique. Étant
dans un état de perfection, il est immuable, parfaitement immobile (puisque tout mouvement implique un
besoin de changer, donc un manque de perfection) et sans passion, donc parfaitement indifférent. En
d’autres termes, c’est un néant tout-puissant.
Ce Dieu de Platon, les intellectuels chrétiens vont le substituer au Dieu de la Bible. Il va d’ailleurs leur
donner du fil à retordre, car il va falloir faire des adaptations, ne serait-ce que parce que le Nouveau
Testament conçoit Dieu comme trois Dieux, Père, Fils et Saint-Esprit et que l’un de ces Dieux, le Fils, va
aller jusqu’à sortir de la Divinité pour vivre comme un mortel sur la terre, état dans lequel il ne cessera de
déclarer qu’il est subordonné au Père, ce qui est incompatible avec le tout parfait et sans parties du Dieu
de Platon. Il va même remonter au ciel avec son corps et a promis de revenir de la même façon. Cela fait
beaucoup de monde et beaucoup de mouvement pour un Dieu unique et immuable. Il faudra de
nombreux conciles et un millénaire pour parvenir à une définition finale de la Divinité, celle de la Trinité,
qui postule, entre autres, que Dieu est un et trois en même temps.
Immobile, ce Dieu va agir en créant l’univers. Situé hors de l’espace et du temps, il va créer l’espace-
temps. Immatériel, il va créer un univers matériel et comme rien d’autre ne peut exister en dehors de lui,
puisqu’il est infini, il va le tirer du néant, c’est-à-dire de lui-même, bien qu’il soit un tout sans parties (Dieu
est tout entier dans la plus infime des particules, néanmoins il n’y a pas une infinité de Dieux, mais un
seul Dieu. Voir credo d'Athanase). Infiniment parfait, il va créer un univers imparfait qui, en vertu de la
seconde loi de la thermodynamique, s’achemine de l’ordre vers le désordre. Quant à l’homme, point
culminant de la Création, que la Bible dit avoir été créé « à son image, selon sa ressemblance », il est
agité par toutes sortes de passions, dont beaucoup sont mauvaises. La seule ressemblance entre
l’homme et Dieu, c’est l’étincelle d’intelligence que Dieu lui a donnée.
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Divers problèmes sont engendrés par cette conception de la création : (1) Pourquoi Dieu a-t-il voulu créer
quelque chose d’aussi totalement étranger à lui-même que l’univers et l’homme ? (2) Pourquoi l’avoir
créé imparfait avec tout le cortège de misère que cela entraîne ? (3) Si Dieu a tout tiré du néant, n’est-ce
pas lui qui a aussi créé le diable et le mal ? Pour quoi faire ? (4) Si l’homme ne commence à exister qu’à
sa naissance, n’est-il pas tel que Dieu l’a fait et, dans ce cas, n’est-ce pas Dieu qui est responsable du
mal qu’il commet ? (5) Pourquoi a-t-il fallu qu’il envoie une partie de lui-même (bien qu’il n’ait pas de
parties), son Fils bien-aimé par-dessus le marché, se faire crucifier pour sauver les hommes ? Et les
sauver de quoi au fait ? Et en quoi va consister ce salut ? À chanter éternellement les louanges d’un Dieu
qui n’en a pas besoin ? À quoi peut bien rimer ce spectacle « plein de bruit et de fureur qui ne signifie
rien », comme dit le Macbeth de Shakespeare à propos de la vie spectacle qui se passe à l’intérieur
d’un Dieu qui n’a pas d’intérieur ?
L’APPORT DE LA REVELATION
Tout ce qui précède, rappelons-le, est le fruit des cogitations philosophiques des érudits chrétiens des
premiers siècles du christianisme, pas de la révélation divine, alors que celle-ci aurait été essentielle.
Paul ne dit-il pas : « Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs
de Dieu. Lequel des hommes, en effet, connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui
est en lui? De même, personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n'est l'Esprit de Dieu » (1
Corinthiens 2:10-11) ?
Nous allons maintenant voir ce que la Révélation divine a à dire sur Dieu, sur l’homme et sur la Création.
Elle nous donne une vision radicalement différente de celle qu’entretient le christianisme traditionnel.
DIEU
Comme nous l’avons déjà prouvé ailleurs, la Bible montre d’une manière irréfutable que Dieu a une forme
humaine (voir "Dieu a-t-il une forme humaine"). Cette conception de Dieu est largement confirmée par la
Révélation moderne. Lors de la Première Vision, Joseph Smith vit « deux Personnages dont l'éclat et la
gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de [lui] dans les airs. L'un d'eux [lui] parla,
[l]'appelant par [son] nom, et dit, en [lui] montrant l'autre: Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le! »
(Perle de Grand Prix, JS-Histoire v. 17). En un instant, il avait appris que le Père et le Fils avaient une
forme humaine et étaient deux personnes distinctes, ce qui l’amena plus tard à donner cette description
de la Divinité :
« Le Père a un corps de chair et d'os aussi tangible que celui de l'homme, le Fils aussi; mais le Saint-
Esprit n'a pas de corps de chair et d'os, c'est un personnage d'esprit. S'il n'en était pas ainsi, le Saint-
Esprit ne pourrait demeurer en nous » (Doctrine et Alliances, Section 130:22).
À la suite d’une autre vision, Joseph Smith et Sidney Rigdon purent témoigner :
« Nous, Joseph Smith, fils, et Sidney Rigdon, étant dans l'Esprit, le seizième jour de février de l'an de
grâce mil huit cent trente-deux: Par la puissance de l'Esprit, nos yeux furent ouverts et notre intelligence
fut éclairée de manière à voir et à comprendre les choses de Dieu… Et tandis que nous méditions sur
ces choses, le Seigneur toucha les yeux de notre entendement, et ils furent ouverts, et la gloire du
Seigneur resplendit alentour. Et nous vîmes la gloire du Fils, à la droite du Père, et reçûmes de sa
plénitude; nous vîmes les saints anges et ceux qui sont sanctifiés devant son trône, adorant Dieu et
l'Agneau, lui qu'ils adorent pour toujours et à jamais. Et maintenant, après les nombreux témoignages qui
ont été rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que nous rendons de lui: qu'il vit! Car nous
le vîmes, et ce, à la droite de Dieu; et nous entendîmes la voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique
du Père » (Doctrine et Alliances, Section 76:11-12, 19-23).
En 1836, lors de la consécration du temple de Kirtland, Joseph Smith, accompagné cette fois d’Oliver
Cowdery, eut cette vision :
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« Le voile fut enlevé de notre esprit, et les yeux de notre entendement furent ouverts. Nous vîmes le
Seigneur debout sur la balustrade de la chaire devant nous. Sous ses pieds, il y avait un pavement d'or
pur, d'une couleur semblable à l'ambre. Ses yeux étaient comme une flamme de feu, ses cheveux étaient
blancs comme la neige immaculée, son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et sa voix était
comme le bruit du déferlement de grandes eaux, oui, la voix de Jéhovah, disant: Je suis le premier et le
dernier; je suis celui qui vit, je suis celui qui fut immolé; je suis votre avocat auprès du Père » (Doctrine et
Alliances, Section 110:1-4).
Non seulement ces visions montrent que les membres de la Divinité ont une forme humaine et sont des
personnes séparées et distinctes, mais affirment aussi que Jésus-Christ est le Jéhovah (l’Éternel) de
l’Ancien Testament, ce qui cadre avec les affirmations de la Bible elle-même.
Les Écritures modernes vont dans le même sens. Voici comment Néphi décrit sa rencontre avec l’Esprit :
« Je lui parlais comme un homme parle; car je voyais qu'il avait la forme d'un homme; mais néanmoins, je
savais que c'était l'Esprit du Seigneur; et il me parlait comme un homme parle avec un autre » (Livre de
Mormon, 1 Néphi 11:11).
L’apparition de Jésus au frère de Jared nous apprend qu’il avait un corps de forme humaine avant sa
venue sur la terre :
« Et il arriva que lorsque le frère de Jared eut dit ces paroles, voici, le Seigneur étendit la main et toucha
les pierres, une à une, du doigt. Et le voile fut ôté des yeux du frère de Jared, et il vit le doigt du Seigneur;
et il était comme un doigt d'homme, semblable à la chair et au sang; et le frère de Jared tomba devant le
Seigneur, car il était frappé de crainte. Et le Seigneur vit que le frère de Jared était tombé sur le sol; et le
Seigneur lui dit: Lève-toi! pourquoi es-tu tombé? Et il dit au Seigneur: J'ai vu le doigt du Seigneur, et j'ai
craint qu'il ne me frappe; car je ne savais pas que le Seigneur avait de la chair et du sang. Et le Seigneur
lui dit: À cause de ta foi, tu as vu que je prendrai sur moi la chair et le sang; et jamais homme n'est venu
devant moi avec une foi aussi extrême que toi; car s'il n'en était pas ainsi, tu n'aurais pas pu voir mon
doigt. As-tu vu plus que cela? Et il répondit: Non. Seigneur, montre-toi à moi. Et le Seigneur lui dit: Crois-
tu aux paroles que je dirai? Et il pondit: Oui, Seigneur, je sais que tu dis la vérité, car tu es un Dieu de
vérité, et tu ne peux pas mentir. Et lorsqu'il eut dit ces mots, voici, le Seigneur se montra à lui et dit: Parce
que tu sais cela, tu es racheté de la chute; c'est pourquoi, tu es ramené en ma présence; c'est pourquoi
je me montre à toi. Voici, je suis celui qui a été préparé dès la fondation du monde pour racheter mon
peuple. Voici, je suis Jésus-Christ. Je suis le Père et le Fils. En moi toute l'humanité aura la vie et ce,
éternellement, à savoir ceux qui croiront en mon nom; et ils deviendront mes fils et mes filles. Et je ne me
suis jamais montré à l'homme que j'ai créé, car jamais homme n'a cru en moi comme toi. Vois-tu que
vous êtes créés à mon image? Oui, tous les hommes ont été créés au commencement à mon image.
Voici, ce corps, que tu vois maintenant, est le corps de mon esprit; et l'homme, je l'ai créé selon le corps
de mon esprit, et j'apparaîtrai à mon peuple dans la chair comme je t'apparais dans l'esprit » (Livre de
Mormon, Éther 3:6-16).
Enfin le témoignage d’Abraham :
« C'est ainsi que moi, Abraham, je parlai avec le Seigneur, face à face, comme un homme parle avec un
autre; et il me parla des œuvres que ses mains avaient faites. Et il me dit: Mon fils, mon fils (et sa main
était étendue), voici, je vais te les montrer toutes. Et il mit la main sur mes yeux, et je vis les choses que
ses mains avaient faites, qui étaient nombreuses; et elles se multiplièrent devant mes yeux, et je ne pus
en voir la fin » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:11-12).
Ainsi donc, toutes les Écritures, anciennes et modernes, s’accordent sur le caractère anthropomorphique
de la Divinité. Selon ces mêmes Écritures, le fait que Dieu ait un corps ne l’empêche pas d’être tout-
puissant, infini et éternel.
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L’HOMME
La vélation apporte sur l’homme des informations-clefs pour la compréhension du plan de salut de
Dieu à son égard :
« Et maintenant, en vérité, je vous le dis, j'étais au commencement avec le Père et je suis le Premier-
né… Vous étiez aussi au commencement avec le Père; ce qui est Esprit, c'est-à-dire l'Esprit de vérité…
L'homme était aussi au commencement avec Dieu. L'intelligence, ou la lumière de la vérité, n'a été ni
créée ni faite et ne peut assurément pas l'être. Toute vérité est indépendante dans la sphère dans
laquelle Dieu l'a placée, libre d'agir par elle-même; et il en va de même pour toute intelligence; sinon il n'y
a pas d'existence… Car l'homme est esprit. Les éléments sont éternels, et l'esprit et l'élément,
inséparablement liés, reçoivent une plénitude de joie; et lorsqu'ils sont séparés, l'homme ne peut recevoir
de plénitude de joie. » (Doctrine et Alliances, Section 93:21, 23, 29-30, 33-34).
« Moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont j'ai parlé, avant qu'elles fussent
naturellement sur la surface de la terre. Car moi, le Seigneur Dieu, je n'avais pas fait pleuvoir sur la
surface de la terre. Et moi, le Seigneur Dieu, j'avais créé tous les enfants des hommes. » (Perle de Grand
Prix, Moïse 3:5)
« S'il y a deux esprits, et que l'un soit plus intelligent que l'autre, cependant ces deux esprits, malgré que
l'un soit plus intelligent que l'autre, n'ont pas de commencement; ils ont existé avant, ils n'auront pas de
fin, ils existeront après, car ils sont 'olam, ou éternels » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:18).
« Dieu se tient dans l'assemblée de Dieu; Il juge au milieu des dieux… Vous êtes des dieux, Vous êtes
tous des fils du Très-Haut » (Psaumes 82:1, 6).
« Jésus leur répondit: N'est-il pas écrit dans votre loi: J'ai dit: Vous êtes des dieux? Si elle a appelé dieux
ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie, celui que le Père a
sanctifié et envoyé dans le monde, vous lui dites: Tu blasphèmes! Et cela parce que j'ai dit: Je suis le Fils
de Dieu » (Jean 10:34-36).
De ces passages d’Écriture découlent les faits suivants :
1. L’homme du moins son « moi » fondamental est éternel. Il n’a jamais eu de commencement. Ce
qui veut aussi dire qu’il existait avant sa naissance ici-bas .
2. Jésus-Christ est le Premier-né, ce qui signifie que son Intelligence primordiale éternelle a été dotée
d’un corps d’esprit par Dieu, établissant ainsi la filiation de l’un par rapport à l’autre. Le fait qu’il ait été le
Premier- implique que d’autres intelligences primordiales éternelles – le reste de l’humanité ont
acquis cette même filiation, un fait qui donne un relief singulier à cette parole du Christ : « Jésus lui dit:
Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-
leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). Paul
confirme : « Il [Jésus] a être rendu semblable en toutes choses à ses frères » (Hébreux 2:17) et «
D'ailleurs, puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous les avons respectés, ne
devons-nous pas à bien plus forte raison nous soumettre au Père des esprits, pour avoir la vie? »
(Hébreux 12:9).
3. Le libre arbitre, c’est-à-dire la faculté de choisir et de s’autodéterminer, est un élément essentiel et
donc inaliénable de l’existence.
4. La matière (l’élément) – du moins sous sa forme fondamentale est éternelle.
5. Pour accéder à une joie complète, l’esprit de l’homme et son corps de chair (d’élément) doivent être
inséparablement liés (comme cela nous est promis à la résurrection).
Pour nous résumer, les hommes, en tant qu’entités intelligentes primordiales, n’ont jamais eu de
commencement. Dieu a fait d’eux ses enfants en les dotant d’un corps d’esprit (un peu comme nos
parents terrestres font de notre esprit leur enfant en le dotant d’un corps de chair et d’os). Ces êtres
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d’esprit conservaient leur pleine liberté de choix, mais ne pouvaient accéder à la perfection qu’en étant
inséparablement unis à un corps de chair et d’os.
LA CREATION
Le sens donné actuellement au verbe créer (hébreu bara) dans Genèse 1:1, c’est-à-dire tirer quelque
chose de rien (création ex nihilo) n’est pas le sens originel de l’hébreu. Le sens premier de bara est «
couper, diviser ou séparer » et de là, organiser quelque chose qui existe déjà. C’est ainsi que Dieu « crée
» Israël à partir d’un peuple préexistant dans Ésaïe 43:15 et « crée » en David un cœur pur à partir d’un
cœur déjà existant (Psaumes 51:12). La Bible, comme tous les textes religieux anciens, enseigne la
Création sous la forme d’une organisation à partir du chaos primordial. Le commentaire de Rachi (1040-
1105), le plus célèbre des rabbins et grammairiens juifs, est à cet égard intéressant. Faisant observer
que : « On ne rencontre… jamais dans la Bible le mot réchith [commencement le premier mot de la
Bible en hébreu est beréchith, traditionnellement rendu par « au commencement »] qui ne soit ‘construit’
avec le mot suivant », il affirme que l’expression indépendante « Au commencement » est une erreur.
Elle doit obligatoirement être liée à la suite de la phrase par un « de ». Il rend donc la première phrase de
la Genèse comme suit : « Au commencement de la création des cieux et de la terre, alors que la terre
était tohu et bohu et nèbres, Dieu dit : Que la lumière soit. » Autrement dit, le chaos précède l’acte
créateur ou plus exactement organisateur. Ce qui correspond parfaitement à ce que l’on peut lire dans la
Révélation :
« Et il y en avait un parmi eux qui était semblable à Dieu, et il dit à ceux qui étaient avec lui: Nous
descendrons, car il y a de l'espace là-bas, nous prendrons de ces matériaux, et nous ferons une terre sur
laquelle ceux-là pourront habiter » (Perle de Grand Prix, Abraham 3:24)
Il ressort de ce qui précède que ce que Dieu a fait lors de l’acte créateur a éd’organiser une matière
éternelle, donc déjà existante.
ET LE MAL?
La vision des choses que nous présentent les Écritures permet d’éliminer les problèmes insurmontables
qui se posent aux tenants du christianisme traditionnel. N’étant pas la cause première de tout, Dieu ne
peut être responsable des imperfections de la création. Les hommes étant libres de choisir, ils assument
la pleine responsabilité de leurs actes. La notion même de salut prend tout son sens : L’homme, ayant
existé éternellement, est appelé à exister éternellement ; mais avec quelle qualité de vie ? L’homme est
un dieu en embryon (Jean 10:33-36), il est de la race de Dieu (Actes 17:28-29). « Dieu lui-même a jadis
été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux -
haut » et il s’efforce de nous amener à la perfection qu’il a lui-même atteinte. Le divin qui est en l’homme
ne peut se contenter de rien moins que l’état divin. La damnation, pour l’homme, ce sera de n’avoir pas
atteint le maximum qu’il peut atteindre et de devoir rester éternellement chenille plutôt que de devenir
papillon. C’est de cela que Dieu veut nous sauver, mais il ne peut pas nous forcer au salut, seulement
essayer de nous persuader.
Et le mal dans tout cela ? D’où vient-il ? Le prophète Léhi nous l’explique :
« Il doit nécessairement y avoir une opposition en toutes choses. S'il n'en était pas ainsi… la justice ne
pourrait pas s'accomplir, ni la méchanceté, ni la sainteté ni la misère, ni le bien ni le mal. C'est pourquoi,
chaque chose doit nécessairement être un composé; c'est pourquoi, si c'était un seul corps, cela devrait
nécessairement rester comme mort, n'ayant ni vie ni mort, ni corruption ni incorruptibilité, ni bonheur ni
malheur, ni sensibilité ni insensibilité… Il fallut nécessairement, pour accomplir ses desseins éternels à
l'égard de la destinée finale de l'homme, qu'il y eût une opposition, le fruit défendu par opposition à l'arbre
de vie, l'un étant doux et l'autre amer. C'est pourquoi, le Seigneur Dieu donna à l'homme d'agir par lui-
même. C'est pourquoi, l'homme ne pourrait agir par lui-même s'il n'était attiré par l'attrait de l'un ou de
l'autre » (Livre de Mormon, 2 Néphi 2:11-12, 15-16).
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