C'est alors que Rome, maîtresse de la Méditerranée après sa victoire sur Carthage et
Corinthe, fut appelée par Marseille pour lutter contre une peuplade celte et finit par
envahir la Gaule méridionale.
Entente cordiale
En 122 av. J.-C., les légions romaines firent la conquête de la Gaule méridionale, des
Alpes jusqu'à Toulouse, des Cévennes aux Pyrénées. Ainsi fut créée la province de
Transalpine, dont Narbonne, colonie de vétérans fondée en l18, devint la capitale.
Contrairement aux Grecs qui s'étaient contentés de commercer et de civiliser, les
Romains eurent pour objectif d'établir une assise territoriale par des colonies de
peuplement, l'organisation d'un réseau routier, l'exploitation économique du pays, le
prélèvement de taxes et le recrutement d'auxiliaires militaires. La Via Domitia, route
pavée qui suivait le tracé de la voie héracléenne empruntée par les Grecs et les éléphants
d'Hannibal, devint l'artère principale de la Provincia. Remplacée aujourd'hui par
l'autoroute A9, elle doit son nom à celui qui dirigea la conquête et organisa la nouvelle
province romaine, le consul Cn. Domitius Ahenobarbus.
A son arrivée, César trouva des indigènes fidèles à Rome qui lui fournirent des troupes
prêtes à lutter contre les Helvètes, les Vénètes puis contre Vercingétorix et ses alliés,
vaincus en 52 av. J.-C, à Alésia. En 49, sa victoire sur Marseille qui avait eu le tort de
prendre le parti de Pompée, son adversaire, permit à Narbonne de prendre la première
place sur le littoral. César renforça alors la présence romaine dans le sud de la Gaule en
fondant d'autres colonies, dont celle de Béziers, la Colonia Victrix Julia Septimanorum
Baetarae, destinée aux hommes de la VIIe légion.
Selon certains historiens, ce sont ces vétérans, les Septimani, qui donnèrent, six siècles
plus tard, à la fin du Ve s., leur nom à la province de Septimanie, devenue partie du
royaume wisigoth. Cependant, le nom de Septimanie se rapporte plus
vraisemblablement aux sept évêchés qui jalonnaient la province.
La culture romaine s'implanta si bien que la région devint la province de Gaule la plus
profondément et la plus durablement romanisée. En témoignent l'urbanisme et
l'architecture, mais aussi l'adoption rapide de la religion romaine.
La Via Domitia, le Pont du Gard, celui d'Ambrussum, les temples et l'amphithéâtre de
Nîmes, les vestiges de Murviel-lès-Montpellier, la villa de Loupian et ses mosaïques
sont ainsi des exemples célèbres parmi les apports inestimables de la civilisation
romaine à notre patrimoine. En même temps, la population accepta spontanément le
culte impérial, d'une part en reconnaissance de l’œuvre de pacification et d'organisation
réalisée par l'empereur Auguste, d'autre part dans l'espoir d'obtenir de nouveaux
bienfaits. Les habitants des cités assimilèrent très vite les dieux gréco-romains tels
Mars, Mercure, Apollon ou Vénus, certains recouvrant des dieux celtiques réinterprétés
à la romaine. Des temples s'élevèrent en leur honneur, voués en particulier à Jupiter,
Junon et Minerve réunis dans la triade capitoline, « sainte patronne de toute colonie
romaine » à laquelle on dédiait des Capitoles. Celui de Narbonne était colossal et digne
de rivaliser avec le Capitole de Rome, rapporte le poète bordelais Ausone au IVe s. dans
son Tableau des villes célèbres.
Cependant, en matière de religion, des traditions celtiques ne furent pas pour autant
oubliées, les couches populaires restant fidèles à leurs divinités : Nemausus, maître de la
Fontaine de Nîmes, les déesses Mères, idoles féminines garantes de la fécondité ou des
dieux monstrueux, comme Tarvos Trigaranos, le dieu taureau tricornu, maître de la
force pour les Gaulois.