Chers Amis, chers Collègues,
J’ai le plaisir et l’honneur de vous inviter à la soutenance publique de ma thèse
de doctorat d’Histoire, spécialité Histoire romaine de l’Antiquité tardive intitulée :
Chefs et officiers barbares au service de la
militia armata
(du IVe au début du VIe siècle)
qui se déroulera
le jeudi 17 décembre 2015 à 14 h
dans la salle des Actes de l’Université F. Rabelais de Tours, 3 rue des Tanneurs, 37 000 TOURS
La soutenance sera suivie d’un pot auquel vous êtes également conviés en salle 316.
Héloïse HARMOY DUROFIL
Merci de confirmer votre présence avant le 14 décembre 2015 à cette adresse :
heloise.durofil@gmail.com
Résumé
L’armée romaine a fait l’objet de nombreuses monographies pour la période du Haut-
Empire mais celles-ci sont plus rares dès que l’on aborde l’Antiquité tardive : il n’existe pas,
notamment de véritable étude sur les chefs barbares et officiers d’origine barbare. Ces hommes
ont cependant occupé une place importante dans le commandement de l’armée impériale tardive,
armée réputée barbarisée ou plus précisément germanisée. En effet l’armée romaine, la militia
armata, s’ouvre aux chefs barbares mais aussi à des individus d’origine barbare à partir du milieu
du IV e siècle.
L’étude des chefs barbares, les officiers barbares ou d’origine barbare servant dans la
militia armata des IV e, Ve et début du VIe siècle de notre ère est à la confluence de plusieurs
domaines d’étude de l’Antiquité tardive. L’histoire militaire et politique d’abord puisqu’ils servent
dans les armées romaines de l’Antiquité tardive et sont des acteurs majeurs de la vie politique de
ces siècles ; mais aussi l’histoire sociale, religieuse et des représentations.
À la suite des incursions barbares du IIIe siècle, la présence de nationes barbares dans l’Empire
devient plus importante tout en changeant en partie de nature. En effet, dès les premiers temps
de son expansion Rome impose aux nations barbares vaincues la fourniture de contingents de
troupes auxiliaires. Puis dès le IIIe siècle elle accepte l’installation de petits groupes homogènes
sur des terres désertées. Ces dediticii, qui sont installés sur des terres cultivables abandonnées et
qui ont perdu, par l’acte de deditio tout droit civique antérieur, sans pour autant recevoir des droits
civiques romains, participent à la défense du limes et sont engagés dans la militia armata comme
troupes auxiliaires. Ces unités sont encadrées par des officiers romains mais sont menées au
combat par leurs chefs traditionnels. Ceux-ci reçoivent un grade dans la militia armata ainsi que la
citoyenneté romaine. Au cours des IVe, Ve et VIe siècles, les chefs barbares et les officiers barbares
ou d’origine barbare atteignent des grades qui les placent très près du pouvoir impérial, sur lequel
ils exercent même parfois une tutelle.
L’Empire romain des IVe-VIe siècles de notre ère doit donc être abordé à la fois comme un
espace rêvé et convoité par des barbares qui souhaitent intégrer la militia armata mais aussi comme
leur espace de vie lorsque ceux-ci y ont exercé des offices.
L’étude des apports barbares dans la militia armata tardive nous amène à nous intéresser à
la romanisation pensée sur le mode de l’acculturation de personnes qui ont voulu intégrer une
société dont les pratiques et valeurs étaient jugées supérieures. Le travail de recherche vise à
analyser les rythmes et l’importance de ce mode d’assimilation. Il est nécessaire de prendre en
compte ce qui relève du pouvoir romain qui les promeut à un office et ce qui relève d’eux-
mêmes, notamment le choix qu’ils ont fait d’entrer dans la militia armata et d’y mener une carrière.
Ce métier, s’il ne les définit pas socialement, demeure souvent la seule carrière qu’ils peuvent
embrasser dans l’Empire romain. Il faut aussi envisager les politiques impériales, qui en fonction
de la conjoncture les promeut dans la hiérarchie militaire ou les en exclut, et « l’auto
romanisation » de ces individus qui ont un patrimoine, une surface sociale en dehors de leurs
offices et une famille. Ce sont des notables qui participent aux élites avec lesquelles ils tissent des
liens sociaux, économiques et politiques. Cette acculturation volontaire et sélective n’a cependant
pas entraîné une uniformisation. Étudier le groupe des chefs barbares et des officiers barbares ou
d’origine barbare servant dans la militia armata permet d’identifier des « indicateurs » de
romanisation, sociaux et économiques surtout et de suivre le mouvement de la romanisation
perceptible aux IVe-VIe siècles de notre ère au sein de la militia armata.
Une partie de ce travail porte sur la représentation de l’Autre, sur le regard porté par les
sources de l’Antiquité tardive sur les chefs et officiers barbares de l’armée romaine tardive, ce qui
permet de préciser leur provenance ethnique et sociale et mieux cerner comment les sources
antiques tardives décrivent et nomment l’origine ethnique des chefs et officiers barbares ou
d’origine barbare.
Il est également important de mesurer la place que les chefs barbares et les officiers
barbares ou d’origine barbare ont occupée dans la société du monde romain tardif ; ils font en
effet partie des élites de la société romaine de l’Antiquité tardive et participent au renouvellement
de celles-ci. Ils s’insèrent dans les systèmes axiologiques de l’Empire romain tardif et développent
des stratégies familiales ou politiques complexes notamment dans leurs groupes aristocratiques.
L’étude des sources permet aussi de mieux cerner le degré de participation des chefs et
officiers barbares ou d’origine barbare à la militia armata des IVe, Ve, et début du VIe siècle de
notre ère et de mesurer les effets de la conjoncture historique sur le recrutement ethnique de cette
armée romaine tardive. Les chefs barbares et barbares impériaux ont aussi élaboré diverses
stratégies afin de mener ou faire progresser leur carrière au sein de l’armée romaine.
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