Résumé
L’armée romaine a fait l’objet de nombreuses monographies pour la période du Haut-
Empire mais celles-ci sont plus rares dès que l’on aborde l’Antiquité tardive : il n’existe pas,
notamment de véritable étude sur les chefs barbares et officiers d’origine barbare. Ces hommes
ont cependant occupé une place importante dans le commandement de l’armée impériale tardive,
armée réputée barbarisée ou plus précisément germanisée. En effet l’armée romaine, la militia
armata, s’ouvre aux chefs barbares mais aussi à des individus d’origine barbare à partir du milieu
du IV e siècle.
L’étude des chefs barbares, les officiers barbares ou d’origine barbare servant dans la
militia armata des IV e, Ve et début du VIe siècle de notre ère est à la confluence de plusieurs
domaines d’étude de l’Antiquité tardive. L’histoire militaire et politique d’abord puisqu’ils servent
dans les armées romaines de l’Antiquité tardive et sont des acteurs majeurs de la vie politique de
ces siècles ; mais aussi l’histoire sociale, religieuse et des représentations.
À la suite des incursions barbares du IIIe siècle, la présence de nationes barbares dans l’Empire
devient plus importante tout en changeant en partie de nature. En effet, dès les premiers temps
de son expansion Rome impose aux nations barbares vaincues la fourniture de contingents de
troupes auxiliaires. Puis dès le IIIe siècle elle accepte l’installation de petits groupes homogènes
sur des terres désertées. Ces dediticii, qui sont installés sur des terres cultivables abandonnées et
qui ont perdu, par l’acte de deditio tout droit civique antérieur, sans pour autant recevoir des droits
civiques romains, participent à la défense du limes et sont engagés dans la militia armata comme
troupes auxiliaires. Ces unités sont encadrées par des officiers romains mais sont menées au
combat par leurs chefs traditionnels. Ceux-ci reçoivent un grade dans la militia armata ainsi que la
citoyenneté romaine. Au cours des IVe, Ve et VIe siècles, les chefs barbares et les officiers barbares
ou d’origine barbare atteignent des grades qui les placent très près du pouvoir impérial, sur lequel
ils exercent même parfois une tutelle.
L’Empire romain des IVe-VIe siècles de notre ère doit donc être abordé à la fois comme un
espace rêvé et convoité par des barbares qui souhaitent intégrer la militia armata mais aussi comme
leur espace de vie lorsque ceux-ci y ont exercé des offices.
L’étude des apports barbares dans la militia armata tardive nous amène à nous intéresser à
la romanisation pensée sur le mode de l’acculturation de personnes qui ont voulu intégrer une
société dont les pratiques et valeurs étaient jugées supérieures. Le travail de recherche vise à
analyser les rythmes et l’importance de ce mode d’assimilation. Il est nécessaire de prendre en
compte ce qui relève du pouvoir romain qui les promeut à un office et ce qui relève d’eux-