« Ophélie », Arthur Rimbaud Sujet : « Et moi aussi, je suis peintre ! ». Montrez que l’évocation de la première partie se construit comme un tableau. (structure/composition, jeux de lumière et de couleurs, les textures,...). (6 points) Quelle atmosphère se dégage de cette évocation ? Comment est-elle suggérée ? (jeu des sonorités et de versification, et des sensations, la représentation de la nature, les temps verbaux). (6 points) Un parallèle se crée entre Ophélie et le jeune Rimbaud, biographique et poétique. Voyez comment s’instaure le dialogue entre les deux adolescents (ce qu’ils partagent, leurs expériences, leur rapport au monde) à travers les siècles (tps, atemporalité …), et recherchez l’évocation des grands thèmes de la poésie rimbaldienne à venir (pensez en particulier à l’expérience du Bateau ivre). (8 points) En complément voir le site : http://abardel.free.fr/recueil_de_douai/ophelie/presentation.htm Orthographe et syntaxe : - malgré - attribue, de attribuer / définit de définir - dû : accent seulement au masculin singulier pour éviter la confusion avec du - tranquille, tranquillité - langage - les mots en « app- » prennent deux p, sauf : apercevoir, apaiser, apeurer, apitoyer, aplanir, aplatir, apostropher - on met l’infinitif après une préposition (à dans par pour en vers avec de sans sous) ou après un autre verbe qui n’est pas un auxiliaire - remplacer « baser sur » (anglicisme) par « fonder sur » - le substantif correspondant à paisible est paix ! - éviter le mot chose, qui n’est pas assez précis phrases fautives : Tout d’abord par ces alexandrins qui créent un enchaînement. Comme pour que l’on puisse imaginer Ophélie flottant sur l’eau. Ce qui nous amène où cette atmosphère de mort qui vire au registre fantastique. Ces phrases n’ont pas de verbe principal. En effet une atmosphère se dégage de cette évocation. Une atmosphère se dégage toujours d’une façon ou d’une autre, il faut préciser laquelle. Méthode Même s’il ne s’agit que de questions, penser à rappeler le titre et le nom de l’auteur, et à annoncer la réponse en une phrase. Ne pas accumuler les citations sans les exploiter. Il vaut mieux en choisir deux et faire des commentaires pertinents, plutôt que de faire un relevé exhaustif mais non commenté. Ne pas souligner de termes particuliers dans une citation : soit on ne cite que ce terme, soit on fait confiance au lecteur pour trouver le bon. Pour enrichir l’analyse d’un champ lexical : - quelle est la nature des mots utilisés : adv, adj, vb ? quel est l’effet produit ? (adj : rend plus visuel, ou précise, vb d’actions : mouvement, vb d’état : description, adv : modalisateurs ? ) - à quelle place sont les mots : en tête de phrase ou de vers ? en fin ? en rejet ou en contre-rejet ? sont-ils particulièrement mis en valeur ? - y a-t-il des effets de sonorités, allitérations ou assonances ? - y a-t-il enfin des figures de style qui contribue à souligner ce champ lexical ? Travailler une description inspirée d’une peinture ou fonctionnant comme une peinture : La peinture se caractérise et se définit par une capacité à rendre en deux dimensions le réel qui en a trois. Elle joue essentiellement avec les lumières et les couleurs pour rendre le relief. - à quel type de tableau aurait-on affaire ? aquarelle, fresque, peinture à l’huile ? - voir comment se construisent les différents plans : avant plan, second/troisième plan, arrière plan … - chercher les lignes de force, ou lignes de fuite et voir quel élément est mis en évidence (symétrie axiale ou centrale ? déséquilibre ?) - Observer les jeux de lumière, en particulier à travers le noir, le blanc, l’or : qu’estce qui est éclairé ? qu’est-ce qui ne l’est pas ? y a-t-il une technique de clairobscur ? en particulier quels sont les reflets (eau, miroir …) - Penser à travailler sur les couleurs et leur symbolique (voir document spécial). - Penser à travailler sur les textures : en particulier les voiles ou les satins qui font passer ou reflètent la lumière, et sont des moments attendus pour un peintre ? - Attention au vocabulaire cinématographique : il travaille sur une image mobile, et non sur une image fixe comme un tableau. Ce qui était attendu : Rappel : votre réponse doit être intégralement rédigée, démonstrative, argumentée, et appuyée sur l’analyse de détail du texte. 1°) voir méthode : chercher les plans, les jeux de lumière. On constate qu’Ophélie est au centre de la composition, et que toutes les lignes de force conduisent à elle. Il n’y a aucun mouvement paradoxalement. Le vocabulaire insiste sur la lenteur, l’immobilité. On a donc le sentiment d’un tableau figé. Mais Rimbaud lui donne vie. Il utilise pour cela un jeu la lumière : tâche blanche au milieu d’un univers sombre (technique du clair-obscur), éclairé encore par l’or des étoiles et les reflets de l’eau. Le jeu sur la texture du voile accentue le phénomène. Autre texture qui reproduit la vie : celles des plantes (« nénuphars froissés » …). Ophélie attire donc le regard par tous les moyens possibles, tâche blanche comme la mort mais aussi comme l’innocence et la virginité, la pureté. 2°) plusieurs possibilités : tranquillité, paix ou fantastique. Analyser l’équilibre des alexandrins en quatrains à rimes croisés, avec peu d’enjambements ou de rejets => sentiment de calme et d’harmonie. Jeu des sonorités : allitérations en l, qui reprennent le nom d’Ophélie, => calme. Atmosphère romantique également par la présence de la nature. Personnification de la nature enfin, maternelle, protectrice, presque sensuelle. Elle prend vie surtout dans cette atmosphère funèbre. Ainsi Ophélie semble toujours vivante, et éternellement jeune et belle. Le temps semble s’être arrêté (cf le tableau). On a donc soit un moment de calme, d’harmonie, soit une atmosphère fantastique. 3°) Dans un premier temps il faut montrer que l’échange est possible, or ils vivent dans des époques et des temps très différents : importance du présent qui rend la scène plus présente, mais la fige dans le temps soit par une durée éternelle, soit par une répétition éternelle, soit par une valeur de vérité générale. Par ailleurs le dialogue se signale par le tutoiement, les questions. Ce qui les rapproche : - la soif de liberté, bien sûr, cf les fugues de Rimbaud ou « Ma Bohême » - communion avec la nature : cf « Sensation » - rapport particulier au monde : cf « Bateau ivre », voyage dans un monde transfiguré, appel irrésistible, forme d’élection. Attention : Rimbaud ne connaît pas encore Verlaine, et n’a pas encore écrit les lettres dites « du Voyant », mais il sent déjà en lui cet appel. Docts iconographiques : http://www.wiliqueen.com/ophelia/19thcenturyart.html http://un2sg4.unige.ch/athena/ophelia/ophelia.html http://www.hberlioz.com/paintings/BerliozWorks1a.html