La toile produite par les araignées est beaucoup plus résistante que les fibres naturelles ou
synthétiques connues. Mais la soie qu'elles produisent ne peut pas être utilisée directement, comme peut l'être la
soie fabriquée par d'autres insectes. Par conséquent, la seule alternative qui existe aujourd'hui est la production
artificielle.
Les chercheurs entreprennent actuellement de vastes études sur les méthodes de fabrication de la soie par les
araignées. Le docteur Frits Vollrath, un zoologiste de l'Université d'Aarhus au Danemark, a étudié l'araignée de
jardin Araneus disematus et a réussi à découvrir en grande partie son mode de fabrication de la soie. Il a
découvert que les araignées de jardin durcissent leur soie en l'acidifiant. Il examina plus précisément le conduit à
travers lequel la soie passe avant d'être extraite du corps de l'araignée. Avant de pénétrer dans le conduit, la soie
est constituée de protéines liquides. Dans le conduit, des cellules spécifiques semblent retirer l'eau de ces
protéines de soie. Les atomes d'hydrogène ainsi retirés sont redirigés vers une autre partie du conduit, créant
ainsi un bain d'acide. Tandis que les protéines de soie entrent en contact avec l'acide, elles s'assemblent et
forment des ponts entre elles, durcissant ainsi la soie, qui est "plus résistante et plus élastique que le kevlar… La
fibre la plus solide produite par l'homme", comme le précise Vollrath.
Le kevlar, un matériau renforcé utilisé dans la fabrication des gilets pare-balles et des pneus, et réalisé grâce à
une technologie très avancée, est l'élément synthétique le plus résistant. Cependant la toile d'araignée possède
des propriétés largement supérieures à celles du kevlar. Tout en étant particulièrement résistante, la soie
d'araignée peut être transformée et réutilisée par l'araignée.
Si les scientifiques réussissaient à reproduire les processus qui se déroulent à l'intérieur du corps de l'araignée -
si l'assemblage des protéines pouvait être réalisé à la perfection et si on pouvait ajouter l'information génétique
du matériau de tissage, on pourrait alors industrialiser la production de toile de soie avec toutes ses
caractéristiques si spécifiques. Il est donc généralement admis que si on parvenait à comprendre dans son
intégralité le processus de tissage de la toile d'araignée, on réussirait à améliorer de façon considérable notre
fabrication des matériaux et des textiles.
Cette toile, que les scientifiques étudient conjointement, est produite de manière parfaite par l'araignée depuis
plus de 380 millions d'années.
Les araignées produisent une toile cinq fois plus résistance que l'acier. Le kevlar, produit par nos technologies
les plus avancées est fabriqué à très haute température en utilisant des matériaux dérivés du pétrole et des
acides sulfuriques. L'énergie requise
pour un tel processus est considérable, et les produits nécessaire excessivement toxiques. Et pourtant du point
de vue résistance, le kevlar est beaucoup plus fragile que la soie d'araignée.
Les mécanismes naturels de production de la soie sont
plus performants que n'importe quelle machine
Les araignées produisent des soies aux caractéristiques distinctes pour des utilisations différentes. L'araignée
Diatematus, par exemple, peut utiliser ses glandes de soie pour produire différents types de soie - de la même
manière que les techniques de production utilisées par les machines de fabrication des textiles modernes.
Cependant la taille gigantesque de ces machines ne peut être comparé avec les quelques millimètres cubes des
organes producteurs de soie de l'araignée. Une autre caractéristique de la qualité de cette soie est la façon dont
l'araignée peut la recycler, pour produire une nouvelle toile en consommant sa toile endommagée.