Cours de Droit dispensés à la Roche sur yon / année 2001
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ECONOMIE POLITIQUE
LES GRANDS COURANTS DE LA PENSEE ECONOMIQUE
Qu’est-ce que l’économie politique?
Economie c’est l’administration de la maison. Le mot économie vient de deux
mots grecs oïkos = maison, nomos = loi.
On a rajouté le terme politique = ce qui a rapport avec la ville.
L’économie politique est définie comme étant le gouvernement de la grande
famille, c’est à dire de l’Etat (gouvernement voulant dire ici façon d’administrer).
L’expression” économie politique “a été utilisée pour la première fois en 1613
par Antoine de MONTCHRETIEN (voir page 5 du plan) dans son ouvrage intitulé Traité
d’Economie Politique “. Avant le 17ème siècle, les préoccupations économiques n’étaient pas
absentes pour autant.
I - LES PHILOSOPHES ANTIQUES:
Le dénominateur commun de ces philosophes antiques était que leurs
préoccupations étaient rattachées à des principes de morale. Ca signifie plus de justice
dans les échanges et plus d’égalité entre les partenaires économiques.
le plus connu de ces philosophes, c’est à dire PLATON, était le premier
marxiste, Pourquoi ? Il a développé, bien avant Marx, l’idée d’une société sans propriété
privée, sans argent personnel, mais dans laquelle existerait une forme de division du travail
entre, d’une part "les gardiens" (la classe dirigeante), et d’autre part "les auxiliaires"
(militaires aujourd’hui et forces de l’ordre) et les
"esclaves" (aujourd’hui les travailleurs du privé).
Ouvrages de référence de Platon: "La République" ou "Les Lois ". Il y décrit ce
que devrait être selon lui la cité idéale. Il propose notamment que l’accès aux classes
supérieures ne dépende plus de l’hérédité, mais du mérite de chacun.
Autre philosophe antique ARISTOTE. Il est préoccupé par les problèmes
d’instabilité politique. Il affirme que la cause ou la raison des luttes politiques réside dans
l’inégalité économique (sous-tend qu’il faut réduire l’inégalité économique pour réduire les
luttes politiques).
En particulier, il s’oppose aux activités financières spéculatives (commerçants, banquiers
...) et notamment l’usage du prêt à intérêt.
Pour la période antique, on constate que toutes les réflexions économiques sont
tournées vers la recherche d’une forme de morale qu’on peut qualifier de laïque.
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Il - LE THOMISME:
Ce terme est emprunté à SAINT THOMAS D’ACQUIN, auteur qui représente
cette idéologie, au 13ème siècle.
Le thomisme peut être défini comme un ensemble de doctrines théologiques,
sociales et éthiques, prônées par Saint Thomas d’Acquin.
Ce qui change à ce moment, c’est que les préceptes économiques sont
désormais marqués par des principes moraux, mais d’origine religieuse.
L’ouvrage de référence de cet auteur est "La somme théologique", dans lequel
il s’efforce de concilier la raison économique et sociale avec la morale de l’église. Il y a deux
thèmes majeurs dans ce livre
rupture totale avec notamment la pensée de Platon: St Th d’ Acquin est
favorable à la propriété privée, mais à condition que le partage des revenus soit juste. Cela
l’amène à développer deux théories
- la théorie du juste prix: considérer que ce prix juste ou équitable
est celui qui doit permettre au fournisseur d’un bien ou d’un
service de couvrir ses dépenses et d’entretenir sa famille.
- la théorie du juste salaire: la réflexion à ce sujet est assez pauvre
l’époque, on rémunère par le troc, l’entraide ...). Le juste salaire
pour St Th d’Acquin est celui qui est considéré comme normal dans
une société donnée.
la deuxième partie de l’ouvrage est une condamnation générale de la
recherche excessive de profit par le biais de pratiques monopolistiques et par le biais de
l’usage du prêt à intérêt.
Jusqu’au 16ème siècle, l’économie ne peut pas être considérée comme une
science autonome, puisqu’elle est totalement reliée à des principes de morale, d’abord de
morale laïque, et ensuite de morale religieuse à partir du 13ème siècle. L’économie est une
science qui n’existe pas : il faut rechercher dans des ouvrages de morale ou religieux.
III - LA PREMIERE VERITABLE THEORIE ECONOMIQUE APPARAIT AU 16ème -
17ème SIECLE. C’EST CELLE DU MERCANTILISME:
Qu’est ce que le mercantilisme? C’est une théorie qui valorise le commerce et
l’accumulation des richesses. Cette théorie prend le contre-pied total de ce qui avait été dit
précédemment.
Pourquoi ? Ca s’explique par un certain contexte économique et social, voire
sociologique.
D’un point de vue économique, les grandes découvertes territoriales au
15ème et au 16ème siècle (Amérique, Indes etc...), vont permettre la création de domaines
coloniaux d’Outre-Mer et vont permettre également l’afflux de métaux précieux, en Espagne
d’abord et ensuite dans toute l’Europe Occidentale.
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D’un point de vue social et sociologique, on a à l’époque l’abandon des
préoccupations d’ordre moral. Des découvertes (exemple : que la terre n’est pas plate) font
qu’on fait moins confiance aux autorités religieuses. Il y a modification des mentalités,
provoquant une laïcisation et aboutissant à l’apologie de la richesse matérielle et non plus
morale, et aboutissant finalement au développement du goût du luxe, voire de la luxure.
Toutes ces évolutions vont donner naissance à une doctrine (pensée
partagée:
on dirait aujourd’hui pensée unique), selon laquelle la puissance d’un royaume repose sur
quatre principes:
- la possession de métaux précieux (la richesse)
- la recherche permanente du profit, valorisée par l’activité des marchands,
- le développement de l’industrie stimulée par la puissance publique,
- la réalisation d’un excédent commercial. Ces quatre éléments donnent une
doctrine qu’on appelle le mercantilisme.
Aujourd’hui : on a la pensée unique qui est le libéralisme, reposant sur les
principes suivants:
- la puissance de la monnaie,
- l’idée que notre salut passe par l’entreprise privée = profits = création
d’emplois,
- l’Etat aide, insuffle, à une reprise de l’économie,
- conquérir des marchés, vendre à l’extérieur.
Si on compare ces principes d’aujourd’hui avec ceux du mercantilisme, on constate que ce
sont les mêmes.
1 - Le mercantilisme bullioniste:
Bullion en anglais veut dire “lingot”.
Le mercantilisme bullioniste s’est appliqué essentiellement en
Espagne et en Italie. C’est une doctrine qui vise à interdire les sorties d’or et d’argent du
territoire, et vise aussi à interdire l’entrée de marchandises étrangères. Donc les bullionistes
prônent une certaine forme de protectionnisme. L’idée qui sous-tend, c’est que l’abondance
monétaire permet d’accroître la production de richesses et la puissance de la nation.
2 - Le mercantilisme industrialiste:
Il nous concerne directement puisqu’il a été appliqué en France,
avec Jean-Baptiste
COLBERT.
Qu’est ce que le colbertisme ? On part d’un postulat: en l’absence de
gisements de métaux précieux (absents en France), l’accroissement de ce stock ne peut
s’obtenir que par une politique économique tournée vers la recherche permanente d’un
excédent commercial.
Quelle est la différence avec les bullionistes ? C’est dans la manière
d’arriver au résultat: Colbert encourage le développement des manufactures d’Etat
(entreprises d’élite). Il encourage le développement de la marine marchande par la création
de compagnies maritimes qui vont avoir des monopoles commerciaux et vont obtenir des
subventions.
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Il ira même au delà, puisqu’il précise que les marchandises doivent
circuler librement et facilement sur le territoire national. Il crée un corps d’Etat qui va
permettre d’améliorer les transports (qui existe toujours aujourd’hui et qui s’appelle les
Ponts et Chaussées).
C’est le début d’une forme de centralisme économique.
Autre approche: Colbert freine les importations par la mise en place
d’un protectionnisme sélectif, c’est à dire un protectionnisme défavorable à l’entrée de
produits étrangers manufacturés, mais favorable aux importations qui sont nécessaires à la
production nationale (pourquoi acheter à l’étranger des produits finis, alors qu’on peut les
faire nous-mêmes en important les matériaux nécessaires).
3 - Le mercantilisme commercial:
Il se développe en Angleterre. Ce type de mercantilisme considère
que la prospérité du royaume doit être assurée par le développement du commerce
international, selon le principe de la balance des contrats (les contrats commerciaux entre
nationaux et étrangers ne doivent pas entraîner de sortie des métaux précieux hors du
territoire). Ils ne gardent du bullionisme que l’aspect de la non sortie de métaux précieux,
mais ils ne sont pas contre l’importation de produits étrangers qu’ils échangent contre des
produits anglais.
IV - LE LIBERALISME:
Sans mercantilisme, il n’y aurait pas eu de libéralisme.
Le premier contexte est double : la révolution industrielle et la philosophie
des lumières.
Qu’est ce qui fait qu’il y a des sauts dans les courants économiques?:
l’existence conjointe d’éléments économiques, mais aussi des réflexions philosophiques,
sociales
- La révolution industrielle se produit d’abord en Grande Bretagne
vers 1750, sous l’impulsion de plusieurs progrès techniques:
- premier progrès : la création de la machine à vapeur par
Denis PAPIN, mais surtout son application industrielle par James WATT.
- autre progrès : la réalisation de la machine à tisser ou à
filer, qui utilise la force de la vapeur.
- autre progrès : la substitution de la fonte des métaux que
l’on faisait avec du bois, par la fonte au charbon (c’est un anglais qui découvre le COKE,
permettant d’éviter de continuer à couper les forêts).
Tous ces progrès technologiques ont une conséquence très
importante, c’est le développement de l’entreprise industrielle. Le capital prend une place de
plus en plus importante en raison de l’extension de la taille des entreprises et en raison de
l’allongement du processus de production (ce ne sont plus des entreprises familiales).
- La philosophie des Lumières : on se trouve dans le domaine
politique. Les philosophes des Lumières (Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot ...)
rejettent l’absolutisme et souhaitent voir apparaître la démocratie et la liberté. La réflexion
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économique n’est pas évidente à la lecture des ouvrages de ces philosophes. Extrait de”
l’Emile de Rousseau:
"L’homme est bon; c’est la société qui le corrompt. Laissez faire l’enfant et s’il
fait mal, il en pâtira et se corrigera de lui même"
Ou est la réflexion économique dans cet extrait ? Il faut faire confiance à l’individu. S’il y a
corruption, c’est la faute de la Société (de l’Etat). Laissez à chacun la liberté de créer une
entreprise etc.. .S’il fait mal, il prendra les mesures nécessaires pour assurer la pérennité
de son affaire.
Ce sont les premiers jalons du libéralisme dans un ouvrage de français, par
un écrivain et non dans un ouvrage économique.
Les idées de Rousseau vont être reprises par un groupe de penseurs qui se
veulent économistes, qu’on a appelé des physiocrates (de physis = nature et kratos =
pouvoir).
La physiocratie est la première école à appliquer une forme de mécanique
naturelle aux faits économiques (des choses s’imposent naturellement à nous en économie).
Ils présentent leur thèse en quatre points:
- seule la terre est source de richesse,
- l’activité économique est animée par la circulation de la production
agricole et minière à travers un circuit économique (1 ere formulation de la notion de circuit
économique - Exemple : un salarié travaille - en échange il a un salaire = c’est un circuit
économique). En quoi ceci est-il naturel ? Un siècle plus tôt, on avait découvert la
circulation sanguine avec des acteurs ayant des fonctions bien précises : on transpose à
l’économie.
- la propriété privée est l’assise de tout ordre social (pour que les
terres ne restent pas en friche),
- la liberté des échanges doit être assurée par la suppression des
taxes (ils disent de supprimer tout ce qui n’est pas en rapport avec l’activité économique).
Les physiocrates, contrairement à Rousseau, sont reconnus par les autorités.
Ca aboutit à la pensée libérale classique. C’est une logique par rapport à ce
qu’on a dit. Elle est d’abord anglaise sous l’impulsion d’auteurs comme Adam SMITH,
comme Jean-Baptiste SAY, comme Thomas Robert MALTHUS et comme David RICARDO.
Malgré cette diversité d’auteurs, quelques grands principes demeurent. Ce
qu’il y a de commun, ce sont trois choses qui sont les principes fondamentaux du
libéralisme:
- l’individualisme : pour tous les auteurs libéraux, l’être humain est
guidé par la recherche de son intérêt personnel. Cette recherche de l’intérêt personnel
s’appuie sur des droits de propriété privée et individuelle.
- la liberté économique : le marché (la rencontre de l’offre et de la
demande) constitue le gulateur le plus efficace de l’activité économique. A l’inverse,
l’intervention de l’Etat est fâcheuse (le marché est le régulateur, donc l’Etat n’a pas besoin
d’intervenir).
- la permanence de l’équilibre économique : l’idée est la suivante : la
liberté économique doit aboutir naturellement à un équilibre (naturellement = référence à la
physiocratie - équilibre = rencontre et accord entre l’offre et la demande). Ils complètent en
disant: si cet équilibre n’est pas spontanément atteint, les prix s’ajustent à la hausse ou à
la baisse pour le réaliser (l’équilibre va se réaliser car, s’il n’y a pas rencontre entre vendeur
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