Egypte/Golfe/Economie Egypte : Une aide de 12 milliards de dollars après le départ de Morsi (MFI/16.07.2013) En Egypte, la crise politique, avec le départ forcé du président islamiste Mohamed Morsi, se double d’une crise économique. Pour faire face à ses difficultés économiques, l’Egypte va recevoir une aide de quelque 12 milliards de dollars de la part de trois pays du Golfe. L’Arabie Saoudite a annoncé 5 milliards de dollars, le Koweït, 4 milliards et les Emirats Arabes Unis, 3 milliards. En tout, 12 milliards de dollars, dont une partie sera versée à la Banque centrale égyptienne pour assurer une certaine stabilité à la monnaie égyptienne, la livre, face au dollar. La livre égyptienne est aujourd’hui à son plus bas niveau depuis dix ans. Le reste de cette aide des trois pays du Golfe se fera sous forme de dons, de subventions ou de prêts. Cela devrait permettre de redonner de l’oxygène à l’économie égyptienne qui connait de graves difficultés. Alors que le budget 2012-2013 avait établi une prévision de croissance du produit intérieur brut d’au moins 4%, les chiffres tournent plutôt autour d’une croissance proche de zéro. Quant aux réserves de change qui étaient à un seuil critique de 15 milliards de dollars fin juin, elles diminuent à un rythme de 1 à 2 milliards par mois. Tous les indicateurs dans le rouge Ces deux dernières années, l’Egypte a été le théâtre de nombreux troubles sociaux et politiques. Des troubles qui ont mis à mal l’économie. Les prix ont augmenté de 4,5% en moyenne l'an dernier, alors que les revenus des ménages ont baissé de 11%. Les investissements étrangers ont chuté, à moins de 2 milliards de dollars en 2012 contre une moyenne de 5 milliards durant les années 2000. La situation politique a également eu de graves répercussions sur le tourisme. Ce secteur qui, avant la chute du régime Moubarak, représentait 11% du PIB égyptien, s’est effondré. Une activité touristique qui constituait un gisement d’emplois dans un pays marqué par le chômage : près de 90% des chômeurs sont des jeunes de moins de 30 ans. Malgré ses ressources en gaz et pétrole, l’Egypte reste un pays pauvre. Dans ce pays de 80 millions d’habitants, 50% de la population vit avec moins de deux dollars par jour, selon le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Un prêt du FMI en discussion Pour s’en sortir, l’Egypte compte également sur l’aide du Fonds monétaire international. Un prêt de 4,8 milliards de dollars est toujours en discussion. Mais la nomination de l’économiste Hazem el-Beblaoui comme Premier ministre de transition devrait améliorer les chances de voir le FMI débloquer le prêt promis. Quant aux Etats-Unis, la Maison Blanche n’envisage pas de modifier, dans l’immédiat, l’aide financière américaine à l’armée égyptienne. Le Caire reçoit une contribution de 1,3 milliard de dollars de la part des Etats-Unis, conséquence de la paix séparée signée avec Israël en 1979. Mais le président Barack Obama a ordonné le 11 juillet une réévaluation des programmes d'aides américains au gouvernement égyptien, selon un communiqué du Pentagone. RFI /Myriam Berber Une crise alimentaire menace l’Egypte (MFI/16.07.2013) L’Egypte pourrait faire face à une sérieuse pénurie alimentaire du fait des désordres politiques et de la baisse des réserves en devises étrangères nécessaires à l’importation, a indiqué jeudi 11 juillet l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). De son côté, l’ancien ministre Frère musulman de l’Approvisionnement a indiqué que les réserves égyptiennes en blé ne dépassaient pas les deux mois. Le gouvernement du président Morsi avait visiblement caché le sérieux du risque de crise alimentaire et volontairement surestimé la production locale. Un gouvernement qui avait cessé d’importer du blé depuis février du fait du déficit budgétaire. Entre-temps, les réserves de blé sont tombées à un seuil frisant la catastrophe, deux mois de réserves quand il faut deux mois entre le moment où le blé est acheté à l’étranger et celui où il est transformé en farine pour fabriquer le pain. Un pain subventionné qui est vital pour les 85 millions d’habitants de la vallée du Nil qui sont champions du monde en consommation de blé. Importer du blé sera donc l’une des priorités du nouveau gouvernement. MFI/Avec le correspondant de RFI au Caire, Alexandre Buccianti