Temporalité : notion construite autour du moment de la parole (le maintenant du locuteur, noté par
convention t0). Avant t0, il ya le passé, après, l’avenir. Noter dès à présent que t0 est un moment fictif, variable
en extension (une seconde, une journée, une année, une période quelconque). « Temps extérieur au procès
»
(Gustave Guillaume).
Mode d’action (aspect lexical) : « temps intérieur au procès » (Gustave Guillaume) ; caractéristiques du
déroulement du procès ; classes (aspectuelles) de verbes
définies en termes des traits dynamique/ non
dynamique (=statique), télique/ atélique
, ponctuel/ non ponctuel (=duratif) (Zeno Vendler – cf. Vendler
1967):
verbes d’état ([-dynamique, -télique, -ponctuel] – situations statiques, homogènes et continues, sans
structure interne et sans limite temporelle inhérente) : être malade, connaître qqch, aimer qqch, croire
qqch, avoir qqch, …/ tests distributionnels : *X est en train d’aimer la musique (-dynamique); OKX a
cessé d’aimer la musique (+duratif (=-ponctuel)).
verbes d’activité ([+dynamique, -télique, -ponctuel] – actions qui peuvent avoir une certaine durée et
qui ont un point de terminaison arbitraire) : marcher, nager, danser … (sans complément désignant la
limite finale ou cible du mouvement
) ; pleurer, rire, … ; penser, écrire, boire, …(sans objet direct
explicite
) / tests distributionnels : OKX est en train de marcher (+dynamique); *X nage en une heure
(-télique) ; *X met une heure à nager (-télique); OKX nage pendant une heure (+duratif), OKX a cessé
de nager (+duratif).
verbes d’accomplissement ([+dynamique, +télique, -ponctuel] – actions/ situations qui ont une
certaine durée et qui comportent un point de terminaison précis, au-delà duquel l’action ne peut plus
continuer) : fondre (intr.
), sécher (intr.), apprendre la poésie par coeur, peindre un tableau……/ tests
distributionnels : OKX est en train de peindre un/ le tableau (+dynamique) ; OKX peint un/ le tableau
en une heure (+télique) ; OKX met une heure à peindre un/ le tableau (+télique)
verbes d’achèvement ([+dynamique, +télique, +ponctuel] – verbes décrivant le seul point culminant
(ou : dénouement) de la situation envisagée, mais pas ce qui précède, au contraire des
accomplissements) : (se) casser, exploser, éclater, trouver une solution, apprendre la nouvelle…/ tests
distributionnels : *X a cessé de trouver la solution (-duratif), *X est en train de trouver la
solution (!!+ponctuel); OKX a trouvé la solution en deux secondes/ OKX met deux secondes à trouver la
solution (+télique).
Terminologie relativement floue, dans la littérature : télique/ atélique, perfectif (terminatif)/ imperfectif (non
terminatif), accompli/ inaccompli.
Modalité : expression de l’attitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel de son énoncé. Il court
(énoncé sans marque d’attitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel autre que le type de phrase :
type assertif neutre ; analysé, dans la littérature non-générativiste, comme énoncé non modalisé par
excellence)/ il peut courir, il se peut qu’il coure, il court peut-être (énoncés modalisés).
Une fois la modalité intégrée dans la base de la grammaire (règle de réécriture de toute phrase comme Const
+ noyau), le type assertif neutre se laissera envisager comme modalisateur à l’instar des types de
phrases marqués (phrases interrogative, impérative, etc.) ; d’autre part, la différence, du point de vue de la
modalité, entre Il court/ Je crois qu’il court, Il est vrai qu’il court pourra être formulée non plus en termes de
+modalité/ -modalité, mais en tant que différence de réalisation linguistique d’une seule et même valeur
modale (croyance du locuteur à la vérité de l’état de chose décrit par son énoncé).
Il n’y a pas de correspondance terme-à-terme entre tiroirs verbaux et notions sémantiques (temps/
temporalité, aspect/ mode d’action, mode/ modalité).
Vous fermerez cette porte sans la claquer (tiroir : futur, sens : modalité injonctive).
Un pas de plus, et vous tombez dans l’abîme (tiroir : présent, sens : modalité implicative « si
vous faites un pas de plus, vous tomberez… »).
Il s’agit bien évidemment du procès désigné par le verbe. Cf. GUILLAUME, Gustave (1984) – Temps et verbe. Théorie des
aspects, des modes et des temps. Paris : Champion.
Ou plutôt : classes aspectuelles de situations (métaterme entendu non comme synonyme d’état, mais comme une sorte
d’hyperonyme pour : états, actions, procès, événements ; certains auteurs parlent de : éventualités (Vikner, Carl (1985) –
« L’aspect come modificateur du mode d’action : à propos de la construction être + participe passé », Langue Française 67,
Paris : Larousse, 95-113)ou de prédications (au sens de la Role and Reference Grammar – cf. Van Valin, R. D. (1993) – « A
Synopsis of Role and Reference Grammar », in Advances in Role and Reference Grammar, R. D. Van Valin (ed.), Amsterdam :
John Benjamins Publishing Company, 1-164), puisque ce n’est pas le verbe seul que l’on classifie, mais le verbe avec ses
arguments (sujet, objets) , voire avec ses adverbes.
Telos : but, limite finale.
Distinguer nager (pendant 30 minutes) : activité/ nager cent mètres (en trois minutes), nager jusqu’à l’île des rats (en dix
minutes) : accomplissements.
Distinguer : écrire (pendant des heures) : activité/ écrire l’exercice (en cinq minutes) : accomplissement.
La neige fond.