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1. Phrase modalisée. Notions fondamentales (cours 1-2).
1.1. Phrase/ énoncé.
Phrase : l'unité linguistique maximale (COMPÉTENCE).
Constituée de morphèmes (lexicaux et grammaticaux), associés de manière incrémentielle les uns aux
autres, selon des règles de bonne formation syntaxique.
Niveaux d’analyse pertinents: la syntaxe (règles de formation de la phrase) et la sémantique (contenu
de la phrase).
Contenu de la phrase : la signification, produit de la signification des morphèmes (lexicaux et
grammaticaux) qui la composent (signification dite, de ce fait, compositionnelle).
Enoncé : l'unité pragmatique minimale (PERFORMANCE).
Constitué par une phrase (unité linguistique maximale) utilisée dans un contexte précis, dans une
certaine situation d’énonciation.
Niveau d’analyse pertinent: la pragmatique.
Contenu de l’énoncé : le sens, obtenu sur la base de la signification de la phrase et des
informations constituant son contexte.
Noter que cette découpe <phrase/ énoncé>, largement acceptée en linguistique contemporaine, n’allait pas de
soi chez Saussure (début du XXème siècle), pour qui la phrase procédait, en tant que combinatoire libre de
signes linguistiques, de la « parole ».
COMPÉTENCE/ PERFORMANCE (Noam
Chomsky1)
LANGUE/ PAROLE (Ferdinand de Saussure2)
Compétence :
connaissance que le
locuteur-auditeur (idéal) a
de sa langue (lexique,
syntaxe, phonologie,
sémantique).
Phrase compétence
Performance :
emploi effectif de la
langue, par un sujet
parlant donné, dans
des situations
concrètes.
Langue : côté
social (conventionnel) du
langage : trésor collectif.
Langue : entité
abstraite (système de
potentialités : PURES
VALEURS) ; code (=
système de signes :
SIGNES & RELATIONS
entre signes).
Langue : produit
[de l’usage collectif, des
conventions] que
l’individu « enregistre
passivement »
Langue :
« dictionnaire »
relations
associatives (in
absentia :
paradigmatiques) entre
signes linguistiques
combinatoire
figée3
Parole : côté
individuel du langage.
Parole : entité
concrète : utilisation
individuelle (actualisation)
du code de la langue, dans
la communication.
Parole : « acte
individuel de volonté et
d’intelligence »
Parole :
relations combinatoires (in
præsentia :
syntagmatiques) entre
signes linguistiques :
combinatoire libre.
!!!Phrase PAROLE.
!!!Phrase ≠ unité
linguistique (opposition
linguistique/ langagier)
Les deux définitions corrélées de la phrase et respectivement de l’énoncé reposent crucialement sur l’hypothèse
de rapports d’occurrence (ou: d’actualisation) entre ces deux types d'unités :
Chomsky N. (1965) Aspects of the Theory of Syntax, Cambridge Massachussets : MIT Press, 1965 (trad. fr., Aspects de la
théorie syntaxique, Paris : Seuil 1971). Dans cette section, les renvois à la page concerneront la traduction en français de
l’ouvrage cité (Chomsky 1965/1971).
De Saussure, Ferdinand (1995/ 1916) - Cours de linguistique générale, Paris : Payot.
Publié en 1916, le Cours de linguistique générale a été rédigé par les élèves de Ferdinand de Saussure (1857-1913) à partir de
leurs notes (Charles Bally, Albert Sechehaye, « avec la collaboration de » Albert Riedlinger). L’édition 1995 reproduit l'édition
originale. Elle est accompagnée de l'important appareil critique établi par Tullio de Mauro.
Dans les termes mêmes du Cours de linguistique générale : « combinaisons régulières ».
2
une phrase telle que Je suis arrivée en retard est susceptible de nombreuses actualisations, qui
influeront sur sa référence; prononcée par Marie Dupont, le 23 mai 2008, devant le secrétariat de
sa faculté, elle signifiera: „Marie Dupont est arrivée en retard (à la fac), le jeudi 23 mai au matin”,
et prononcée par Jeanne Dubois, le 4 novembre 2008, dans le hall de la Banque elle travaille:
„Jeanne Dubois est arrivée en retard (au bureau) le vendredi 4 novembre 2008, au matin”;
par voie de conséquence, c’est l’énoncé d’une phrase assertive et non cette phrase même
référence incomplètement spécifiée) qui sera le lieu de l’assignation d’une valeur de vérité (vrai/
faux).
L’hypothèse de rapports d’occurrence (ou: d’actualisation) entre phrase et énoncé se laisse préciser par
l’identification de deux types de canismes interprétatifs l’enrichissement contextuel, d’une part, et le
filtrage contextuel, de l’autre :
la signification (compositionnelle) de la phrase doit être enrichie
contextuellement pour produire le sens de l'énoncé (voir problématique de la
référence actuelle évoquée tout à l’heure) ;
corrélativement, étant donné un énoncé (entendu ou lu), il n’est pas toujours
évident d’identifier la phrase dont il est l’actualisation : en cas d’ambiguïté
(syntaxique : [SN Le vieux singe] [SV [SN le] [v masque]] (« le vieux primate (m’)
empêche de voir quelque chose»/ [SN le vieux] [SV singe [SN le masque]] (= « le
vieillard imite un masque »); lexicale : le loup (= « masque de carnaval » ?
ou bien : « animal carnassier » ?) est gris), c’est le contexte qui filtrera les
interprétations inconsistantes, permettant d’associer, à l’énoncé entendu (ou lu)
la phrase correspondant à l’intention communicative du locuteur
.
Ces deux définitions gomment en revanche les divergences structurales censées pouvoir subsister entre
énoncé et phrase. Il est en effet souvent suggéré, dans la littérature, que si la phrase est le résultat de
principes de composition syntaxique et sémantique, l'énoncé n'aurait pas à être interprété en termes des seuls
principes compositionnels, n’étant pas toujours construit en fonction de critères syntaxiques : Moi, tu sais, la
linguistique…, ouais, bôf ! Il y aurait donc des énoncés qui ne sont pas pour autant des phrases:
« En français, la phrase minimale comporte nécessairement au moins un sujet et un verbe conjugué.
En revanche, l'énoncé minimal peut être constitué d'un seul élément, de nature quelconque : des
séquences comme « Bonjour ! », « Allô ? » ou « Zut ! » constituent des énoncés, mais pas des
phrases
. Des énoncés comme « Moi, partir ? », « Quel désastre ! », « Voir Venise et mourir », ou
encore « Là, il va, je ne sais pas, moi, mais sûrement, enfin comment dire ? sûrement réagir, oui, c'est
ça, réagir », ne sont pas descriptibles en termes de construction syntaxique canonique de phrases.
L'énoncé peut apparaître, tantôt comme une phrase incomplète ou tronquée Moi ? jamais ! »),
tantôt comme une phrase en quelque sorte « surchargée et bégayante » (« Ma sœur, elle, son
concours, c'est pour bientôt »). Si la structure de l'énoncé se différencie souvent de celle de la phrase,
c'est parce qu'il s'agit de réalités linguistiques relevant de niveaux différents du point de vue
théorique » (Encyclopaedia Universalis, art. énoncé).
Nous nous en tiendrons, ici, à la définition fonctionnelle (vs structurale) du couple phrase/ énoncé (définition en
termes d’actualisation). Les énoncés syntaxiquement déviants mais parfaitement interprétables du (des)
type(s) évoqué(s) précédemment se laissent également analyser en tant qu’occurrences de phrases, à force
d’assumer, ne serait-ce qu’en termes opérationnels (vs théoriques), la distinction entre phrases
grammaticales, phrases interprétables et phrases acceptables.
Le couple notionnel grammaticalité/ acceptabili (notions graduelles) est développé, en
grammaire générative, en liséré de la distinction compétence/ performance:
Grammaticalité : conformité aux règles de la grammaire. Concept appartenant à l’étude de
la compétence.
Acceptabilité : conformité à l’usage (« les phrases plus acceptables sont celles qui ont plus
de chances d’être produites, sont plus aisément comprises, moins maladroites et, en un
certain sens, plus naturelles » op. cit., p. 22). Concept appartenant à l’étude de la
performance6.
Cf. Moeschler, Jacques et Anne Reboul (1994) Dictionnaire encyclopédique de pragmatique, Paris : Seuil, 131-132.
Cela dit, le départ phrase/ énoncé n’est pas toujours aussi tranché en termes de leur structuration respective. Charles-Albert
Sechehaye analyse les « énoncés monorèmes » en tant que « phrases à un seul terme », « énoncé monorème » et « phrase
monorème » apparaissant en variation libre, dans le texte (Sechehaye, Charles-Albert (1926) Essai sur la structure logique de
la phrase, Tome 1/1, Paris : Champion, chap. I. Accessible en ligne sur : http://roman.ens-lsh.fr ).
La distinction compétence vs performance et l’abstraction du locuteur-auditeur idéal sont autant d’hypothèses de travail
participant du cadre général des recherches générativistes dès la version standard du modèle.
« L’objet premier de la théorie linguistique est un locuteur-auditeur idéal, appartenant à une communauté linguistique
complètement homogène, qui connaît parfaitement sa langue et qui, lorsqu’il applique en une performance effective sa
3
Définitions opérationnelles.
phrase grammaticale : conforme aux règles de la grammaire (D’incolores idées
vertes dorment furieusement7) ;
phrase interprétable : à laquelle ont peut assigner un sens (même si elle n’est pas
bien formée selon les règles de la grammaire : moi, Tarzan, toi, Jane ; moi, la
linguistique, tu sais, bôf !) ;
phrase acceptable : à la fois grammaticale et interprétable (De jolis agneaux blancs
dorment paisiblement ; moi, la linguistique, je peux très bien m’en passer).
1.2. Enoncé/ énonciation.
Énonciation : acte individuel d’utilisation de la langue, activité exercée par celui qui parle au moment où il
parle.
Énoncé : produit de cet acte, qui en garde les traces (marques énonciatives = marques du locuteur; dans les
termes d’Émile Benveniste
, initiateur de la « linguistique de l’énonciation », en France : « l’homme dans la
langue », « la subjectivité dans le langage »).
Parmi les représentants de marque de cette mouvance en linguistique française : Catherine Kerbrat-
Orecchioni
, Oswald Ducrot
, Antoine Culioli
.
1.3. Phrase/ proposition.
Phrase : unité syntaxique et sémantique pourvue de spécifications temporo-aspectuelles et modales (ancrage
temporel au sens large : Sylvie est allée à la fac).
Proposition : unité logico-sémantique non pourvue d’ancrage temporel, simple structure de prédication
(structure actancielle [aller (Sylvie, à la fac)], [marcher (Sylvie)] augmentée éventuellement de constituants
optionnels [ce matin [aller (Sylvie, à la fac)]], [vite [marcher (Sylvie)]]). Il s’agit là, sans autre, d’une définition
de la proposition comme niveau d’analyse syntaxique inférieur à la phrase. Y compris dans le cas des phrases
simples.
1.4. Phrase noyau/ phrase modalisée. Syntaxe de la phrase modalisée (version générative-
transformationnelle standard Chomsky 1965/ trad. fr.1971 (Aspects de la théorie syntaxique),
dans la lecture de Dubois & Dubois-Charlier 1970
).
connaissance de la langue, n’est pas affecté par des conditions grammaticalement non pertinentes, telles que
limitations de mémoire, distractions, déplacements d’intérêt ou d’attention, erreurs (fortuites ou caractéristiques) »
(Chomsky 1965/1971 : 12).
Une distinction fondamentale est ainsi établie « entre la compétence (la connaissance que le locuteur-auditeur a de sa
langue) et la performance (l’emploi effectif de la langue dans des situations concrètes) ».
Est également souligné le fait que la performance ne peut être dite « refléter directement la compétence » qu’à
l’intérieur de la première hypothèse de travail avancée, à savoir l’hypothèse du locuteur-auditeur idéal (op. cit., p.
13), et non « dans les faits », puisqu’un « enregistrement de la parole naturelle comportera de faux départs, des
infractions aux règles, des changements d’intention en cours de phrase, etc. » (op. cit., p.13).
Le rapport entre compétence et performance est un rapport d’inclusion (de la compétence, à la performance) : l’étude
de la « performance linguistique effective », oblige à « considérer l’interaction de facteurs variés, dont la compétence
sous-jacente du locuteur-auditeur ne constitue qu’un élément parmi d’autres » (idem, pp. 12-13). Mais,
corrélativement, « l’investigation de la performance n’avancera qu’autant que le permettra la compréhension de la
compétence sous-jacente » (ibid., p. 20).
Les données de la performance, en tant qu’observables, se retrouvent en amont de la modélisation de la compétence
(ou : « grammaire »), censée « déterminer, à partir des données de la performance, le système sous-jacent de règles
qui a été maîtrisé par le locuteur-auditeur et qu’il met en usage dans sa performance effective. » (ibid., p.13, nous
soulignons).
Remarquer la violation systématique des restrictions de sélection sémantique (dormir sélectionne un sujet animé, les adjectifs
de couleur tel vert(es), des nominaux concrets, notamment objets physiques, et les modificateurs de verbe tel furieusement,
un verbe [+intentionnel]), ainsi que les contradictions (idées ou bien incolores ou bien vertes).
Benveniste, Emile (1958) « De la subjectivité dans le langage », Journal de Psychologie, 55, repris in : Benveniste, Emile
(1966), Problèmes de linguistique générale, tome I, ch. XXI.
Benveniste, Emile (1970), « L’Appareil formel de l’énonciation », Langages, 17, repris in : Benveniste, Emile (1974), Problèmes
de linguistique générale, tome II, ch. V.
Kerbrat-Orecchioni, Catherine (1980) L’Énonciation. De la subjectivité dans le langage, Paris : Armand Colin. Kerbrat-
Orecchioni, Catherine (1990-1994) Les Interactions verbales, tomes 1-3, Paris : Armand Colin.
Qui articule traitement de la phrase et traitement de l’énoncé en termes du contexte situationnel (composant linguistique :
signification de la phrase, composant rhétorique : sens de l’énoncé étant donné un certain contexte situationnel), et
opère, dans le cadre d’une extension originale de la théorie énonciative de Benveniste, inspirée des analyses de texte chez
Bakhtine (linguiste russe), la théorie de la polyphonie, une distinction de principe entre locuteur-allocutaire, d’une part, et
énonciateur-destinataire de l’autre. Cf. Ducrot, Oswald, (1980) – Les Mots du discours, Paris : Minuit.
Théorie des opérations énonciatives. Cf. Culioli, Antoine (1990) Pour une linguistique de l’énonciation. Opérations et
représentations, Tome 1, Paris : Ophrys.
Dubois, Jean et Françoise Dubois-Charlier (1970) Éléments de linguistique française : syntaxe, Paris : Larousse (collection
« Langue et langage »).
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Toute phrase Σ (lire : « sigma » le terme anglais correspondant ayant l’initiale S(entence)) est formée, en
structure profonde (niveau de représentation syntaxique dont est justiciable l’interprétation sémantique), d’un
constituant de phrase (abréviation : Const), qui en détermine la modalité, et d’un noyau (abréviation : P, de
phrase
) : Σ Const + P
(lire : « Σ se réécrit comme Const + P »).
Le constituant est, lui, formé d’un élément obligatoire (soit Affir(mation), soit Inter(rogation), soit Imp(ératif)),
et de constituants facultatifs (notés entre parenthèses dans la formule).
Affir14
Const
Interr
+ (Nég)
+ (Emph)
+ (Passif)
Imp
L’introduction de Const dès la structure profonde permet de rendre justice au postulat selon lequel « les
transformations ne peuvent introduire des éléments porteurs de sens » (Chomsky 1971 (1965) : 180-181).
Catégories /Règles de réécriture/ Structure profonde : interprétation sémantique.
Structure profonde →/Transformations/ Structure superficielle : forme (ordre des mots observé).
Cette analyse des phrases-types ne privilégie plus le type assertif neutre (phrase assertive active affirmative
non emphatisée) en tant que type de base, dont on dérivait tous les autres types, comme en grammaire
transformationnelle (non générative : Z. S. Harris) et comme dans la première version de la grammaire
générative (Chomsky 1957/trad. fr. 1969
).
Les transformations étaient entendues procéder de manière ordonnée : passivation avant emphase, emphase
avant transformation négative, et transformation impérative/ interrogative par la suite (ce que suggère, dans la
formule générale, le rapprochement respectif des types facultatifs et obligatoires, du noyau P). Comparer :
1. Une vipère a mordu la brebis. [déclarative affirmative active non emphatisée]
2. La brebis a été mordue (par une vipère). [déclarative affirmative passive non emphatisée]
3. C’est par une vipère que la brebis a été mordue. [déclarative affirmative passive à complément
d’agent mis en vedette : phrase clivée]
4. Ce n’est pas par une vipère que la brebis a été mordue. [clivée négative d’une phrase déclarative
passive]
5. N’est-ce pas par une vipère que la brebis a été mordue ? [clivée négative interrogative de la même
phrase passive].
Sous l’analyse non-transformationnelle qui introduit la modalité (Const) dès la base de la grammaire (en
structure profonde), on s’évertue à rendre compte des mêmes observables en termes du rapprochement des
constituants optionnels et respectivement obligatoire, de la phrase, par rapport au Noyau : le constituant le
plus à droite dans la formule sera le premier introduit dans la base en l’occurrence, le passif, puis, l’emphase,
puis, la négation. La question se pose de savoir si les observables eux-mêmes imposaient un tel biais ou si ce
n’était là que l’influence de la modélisation précédente.
Certaines combinatoires de types sont de fait barrées :
mise en vedette de l’attribut (du sujet) par le présentatif c’est… que… : *c’est … que X est
;
phrase clivée & impératif (mise en vedette du complément par le présentatif c’est… que…) et
impératif : *c’est… que+ verbe à l’impératif
;
d’autres sont marquées, restant confinées à des genres discursifs particuliers :
passif & impératif (Soyez remerciés pour votre cadeau. Béni soit-il !).
1.5. Mode/ modalité/ modalisation.
1.5.1. Mode/ modalité, temps/ temporalité, aspect grammatical / aspect lexical.
Temps, aspect (grammatical), mode : formes de langue (morphologie verbale : « tiroirs verbaux »)
Temporalité, mode d’action (aspect lexical), modali : notions sémantiques.
En anglais : S, de sentence. La transposition en français n’harmonise donc pas les rapports entre les deux notations, en
alphabet grec et latin (dans la logique de Σ/ S, il aurait fallu sans doute avoir ici : Π (lire : « pi »)/P).
Nous prenons nos distances par rapport à la nomenclature en place dans Dubois & Dubois-Charlier 1970, sur ce point précis,
et dirons plutôt « assertion (type assertif) », employant « affirmation » pour l’une des deux formes logiques possibles
affirmation (type affirmatif, forme affirmative)/ négation (type négatif, forme négative) »), parce que parler d’« affirmation
négative » nous semble participer de la contradiction dans les termes. Bien que l’on puisse affirmer que non-p en langue
naturelle (J’affirme qu’il n’est pas là, et je peux le prouver), l’affirmation en tant que telle ne saurait être dite négative sans
contradiction.
Chomsky, N. (1957) Syntactic Structures, Mouton, The Hague (trad. fr. Structures syntaxiques, Paris : Seuil, 1969).
*C’est froid que le café est. OKLe café est froid.
*C’est le déca que prenez. OKPrenez le déca (décaféiné)..
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Temporalité : notion construite autour du moment de la parole (le maintenant du locuteur, noté par
convention t0). Avant t0, il ya le passé, après, l’avenir. Noter dès à présent que t0 est un moment fictif, variable
en extension (une seconde, une journée, une année, une période quelconque). « Temps extérieur au procès
»
(Gustave Guillaume).
Mode d’action (aspect lexical) : « temps intérieur au procès » (Gustave Guillaume) ; caractéristiques du
déroulement du procès ; classes (aspectuelles) de verbes
définies en termes des traits dynamique/ non
dynamique (=statique), télique/ atélique
, ponctuel/ non ponctuel (=duratif) (Zeno Vendler cf. Vendler
1967):
verbes d’état ([-dynamique, -télique, -ponctuel] situations statiques, homogènes et continues, sans
structure interne et sans limite temporelle inhérente) : être malade, connaître qqch, aimer qqch, croire
qqch, avoir qqch, …/ tests distributionnels : *X est en train d’aimer la musique (-dynamique); OKX a
cessé d’aimer la musique (+duratif (=-ponctuel)).
verbes d’activité ([+dynamique, -télique, -ponctuel] actions qui peuvent avoir une certaine durée et
qui ont un point de terminaison arbitraire) : marcher, nager, danser … (sans complément désignant la
limite finale ou cible du mouvement
) ; pleurer, rire, ; penser, écrire, boire, …(sans objet direct
explicite
) / tests distributionnels : OKX est en train de marcher (+dynamique); *X nage en une heure
(-télique) ; *X met une heure à nager (-télique); OKX nage pendant une heure (+duratif), OKX a cessé
de nager (+duratif).
verbes d’accomplissement ([+dynamique, +télique, -ponctuel] actions/ situations qui ont une
certaine durée et qui comportent un point de terminaison précis, au-delà duquel l’action ne peut plus
continuer) : fondre (intr.
), sécher (intr.), apprendre la poésie par coeur, peindre un tableau……/ tests
distributionnels : OKX est en train de peindre un/ le tableau (+dynamique) ; OKX peint un/ le tableau
en une heure (+télique) ; OKX met une heure à peindre un/ le tableau (+télique)
verbes d’achèvement ([+dynamique, +télique, +ponctuel] verbes décrivant le seul point culminant
(ou : dénouement) de la situation envisagée, mais pas ce qui précède, au contraire des
accomplissements) : (se) casser, exploser, éclater, trouver une solution, apprendre la nouvelle…/ tests
distributionnels : *X a cessé de trouver la solution (-duratif), *X est en train de trouver la
solution (!!+ponctuel); OKX a trouvé la solution en deux secondes/ OKX met deux secondes à trouver la
solution (+télique).
Terminologie relativement floue, dans la littérature : télique/ atélique, perfectif (terminatif)/ imperfectif (non
terminatif), accompli/ inaccompli.
Modalité : expression de l’attitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel de son énoncé. Il court
(énoncé sans marque d’attitude du locuteur par rapport au contenu propositionnel autre que le type de phrase :
type assertif neutre ; analysé, dans la littérature non-générativiste, comme énoncé non modalisé par
excellence)/ il peut courir, il se peut qu’il coure, il court peut-être (énoncés modalisés).
Une fois la modalité intégrée dans la base de la grammaire (règle de réécriture de toute phrase comme Const
+ noyau), le type assertif neutre se laissera envisager comme modalisateur à l’instar des types de
phrases marqués (phrases interrogative, impérative, etc.) ; d’autre part, la différence, du point de vue de la
modalité, entre Il court/ Je crois qu’il court, Il est vrai qu’il court pourra être formulée non plus en termes de
+modalité/ -modalité, mais en tant que différence de réalisation linguistique d’une seule et même valeur
modale (croyance du locuteur à la vérité de l’état de chose décrit par son énoncé).
Il n’y a pas de correspondance terme-à-terme entre tiroirs verbaux et notions sémantiques (temps/
temporalité, aspect/ mode d’action, mode/ modalité).
Vous fermerez cette porte sans la claquer (tiroir : futur, sens : modalité injonctive).
Un pas de plus, et vous tombez dans l’abîme (tiroir : présent, sens : modalité implicative « si
vous faites un pas de plus, vous tomberez… »).
Il s’agit bien évidemment du procès désigné par le verbe. Cf. GUILLAUME, Gustave (1984) Temps et verbe. Théorie des
aspects, des modes et des temps. Paris : Champion.
Ou plutôt : classes aspectuelles de situations (métaterme entendu non comme synonyme d’état, mais comme une sorte
d’hyperonyme pour : états, actions, procès, événements ; certains auteurs parlent de : éventualités (Vikner, Carl (1985)
« L’aspect come modificateur du mode d’action : à propos de la construction être + participe passé », Langue Française 67,
Paris : Larousse, 95-113)ou de prédications (au sens de la Role and Reference Grammar cf. Van Valin, R. D. (1993) « A
Synopsis of Role and Reference Grammar », in Advances in Role and Reference Grammar, R. D. Van Valin (ed.), Amsterdam :
John Benjamins Publishing Company, 1-164), puisque ce n’est pas le verbe seul que l’on classifie, mais le verbe avec ses
arguments (sujet, objets) , voire avec ses adverbes.
Telos : but, limite finale.
Distinguer nager (pendant 30 minutes) : activité/ nager cent mètres (en trois minutes), nager jusqu’à l’île des rats (en dix
minutes) : accomplissements.
Distinguer : écrire (pendant des heures) : activité/ écrire l’exercice (en cinq minutes) : accomplissement.
La neige fond.
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