l’innovation emblématique de la révolution actuelle. D’autres ont un impact également
durable sur les modes de vie (électroménager, téléphone portable) et les modes de production
(organisation scientifique du travail, robotisation). Cependant, les innovations les plus
courantes demeurent limitées dans leur ampleur. Les innovations incrémentales suscitent
des évolutions continuelles par l’adjonction d’une caractéristique nouvelle à un produit
ou un service déjà existant.
L’innovation ne se borne pas à sa face visible pour le consommateur, l’apparition d’un
nouveau produit. En amont des innovations de produit, les entreprises réalisent des
innovations de procédé qui permettent d’accroître la qualité de la production et la
productivité. Elles peuvent consister en l’emploi d’une nouvelle technique (découpe au laser
par exemple) ou en la mise en place d’une nouvelle organisation du travail (toyotisme par
exemple). Enfin, les relations interentreprises et les formes de marché qu’elles génèrent,
sont également sources d’innovations dites organisationnelles. Les transformations
actuelles des entreprises autour du modèle de l’entreprise en réseau donnent une illustration
de l’importance des processus à l’œuvre dans ce domaine
.
L’innovation ne se limite donc pas à un aspect technique comme l’avait noté, dès 1912,
l’économiste J. A. Schumpeter
en distinguant 5 types d’innovation : la fabrication d’un
bien nouveau, l’introduction d’une méthode de production nouvelle, la réalisation d’une
nouvelle organisation, l’ouverture d’un débouché nouveau, la conquête d’une nouvelle source
de matières premières. La recherche actuelle d’une source d’énergie alternative au pétrole,
montre s’il en était besoin, l’actualité de la typologie schumpetérienne pour penser les
relations entre l’innovation et la croissance.
2 : L’innovation, facteur de croissance
L’analyse Schumpetérienne
Pour J.A. Schumpeter, l’innovation est au cœur de l’explication de la croissance. Elle
constitue la clef de la rupture avec l’état stationnaire caractérisé par un équilibre général
walrasien
. Cette rupture peut uniquement avoir lieu lorsque des agents économiques brisent
les routines existantes pour mettre en place des combinaisons nouvelles. Ces
« entrepreneurs » prennent des risques, innovent, dans l’espoir d’obtenir une rente de
monopole, un profit supérieur au simple revenu lié à l’apport du capital. Mais pour
Schumpeter, ces nouvelles combinaisons n’apparaissent pas de manière totalement aléatoire.
Elles surgissent par « grappes d’innovations ». La réussite d’un entrepreneur rend plus facile
l’apparition d’autres entrepreneurs. Elle permet la diffusion de la connaissance, suscite
l’imitation, et donc est porteuse d’externalités
positives.
Voir la fiche 13 de cet ouvrage : « L’entreprise en réseau : un nouveau modèle ? ».
Schumpeter J.A., Théorie de l’évolution économique, 1912.
L. Walras avait montré qu’en situation de concurrence parfaite, il existe un système de prix qui permet un
équilibre simultané entre l’offre et la demande sur l’ensemble des marchés.
Il y a externalité (ou effet externe) lorsque les coûts et les avantages liés à une transaction ne sont pas
pleinement reflétés dans les prix de marché. Lorsque l’action d’un agent économique procure un avantage à un
autre agent non-impliqué dans l’action, on parle d’externalité positive. S’il s’agit d’un désavantage, l’externalité
est dite négative.