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dénominateur commun il existe des conceptions différentes de l'économie socialisée
comme alternative au socialisme. On peut les regrouper en trois courants.
Le socialisme autogestionnaire : les entreprises prennent la forme de
coopératives gérées par les travailleurs.
Le socialisme à économie planifiée : l'Etat est propriétaire des moyens de
production et prend en main la direction de l'activité économique en organisant
la production et la commercialisation et en fixant les prix et les salaires.
La social-démocratie : un marché régulé par l’Etat, qui est lui-même un agent
économique.
4. La critique marxienne de l’Etat ‘bourgeois’
4.1. La critique marxienne des droits de l’homme
Les droits de l’homme, promus par le libéralisme politique, assurent une égalité dans
la protection juridique formelle de la liberté individuelle mais ils n’assurent pas une
égalité des conditions matérielles nécessaires à son exercice.
Les droits de l’homme protègent un « individu abstrait » alors que l’existence
concrète des individus est conditionnée par la place qu’ils occupent dans un rapport de
classe caractérisé par l’exploitation de la classe ouvrière.
Les droits de l’homme, en protégeant les libertés bourgeoises (propriété privée, libre
entreprise, etc.), protègent et légitiment la liberté des capitalistes d’exploiter les
travailleurs.
4.2. La critique de la démocratie bourgeoise
Dans la plupart de ses œuvres, Marx se montre très critique à l’égard de la
démocratie représentative (« la démocratie bourgeoise ») et même à l’égard du suffrage
universel. Il considère que l’égalité réalisée par le suffrage universel est purement
abstraite et fictive dès lors qu’elle est instaurée dans un contexte ou règnent des
inégalités matérielles profondes engendrées par des différences de position dans les
rapports de production. L’égalité abstraite n’est qu’un moyen destiné à faire accepter les
inégalités réelles.
« De même que les chrétiens sont égaux dans le ciel et inégaux sur la terre, les
membres du peuple pris chacun dans leur singularité sont égaux dans le ciel de
leur monde politique et inégaux dans l’existence terrestre de la société »
(Critique du droit politique hégélien, Paris, Ed. sociales, 1972, p. 135).
La démocratie accorde bien à tous les citoyens les mêmes droits politiques. Mais il
s’agit d’une égalité abstraite, purement mathématique, qui occulte les différences réelles
qui existent entre eux. « Admettre que tous les membres d’une collectivité doivent avoir
les mêmes droits, et en particulier un avis de même poids dans un vote, c’est
nécessairement reconnaître que les différences réelles, concrètes entre les individus ne
sont pas prises en compte dans le domaine politique, par là on en fait un domaine
abstrait, situé au delà des conditions matérielles d’existence, dans le privé »
(Bergounioux & Manin, 1979, 31). En particulier, le suffrage universel ne prend pas en
compte la différence socio-économique qui existe entre le capitaliste et l’ouvrier en
raison de leurs positions respectives dans les rapports de production et qui leur donnent
des possibilités effectives de vie et d’action et un pouvoir social très différents.