O. Gerbier ACV Corbas 01/02/2011 Bulletin de sécurité n°1. Le réchauffage carburateur Le givrage du système de carburation d'un moteur à piston, dénommé par simplification "givrage-carburateur", peut être si sévère que, sauf action de la part du pilote, le moteur peut s'arrêter, surtout en cas de régime faible lors de la descente ou de l'approche finale mais aussi en croisière à 65 ou 75% de la puissance maximum. Comme vous le savez déjà, chaque année, plusieurs accidents ont lieu avec, comme facteur probable, un givrage-carburateur. Ce dernier est dû à la diminution de température causée par la vaporisation du carburant et l'abaissement de la pression au niveau du venturi du carburateur. La baisse de température (20 à 30°C) transforme la vapeur d'eau présente dans l'atmosphère en glace. Elle étrangle lentement le moteur, modifiant le rapport air-carburant pour entraîner une perte de puissance. De faibles régimes favorisent le givrage car les températures moteur sont plus faibles et parce que le papillon du carburateur, partiellement fermé, peut être bloqué plus aisément par la glace. Attention l’hiver même si le givrage carburateur n'est pas lié uniquement à la présence d'air froid. Le givrage-carburateur peut arriver en ciel clair. Plus la température ambiante est proche de celle du point de rosée, plus l'humidité présente est forte. La première des précautions consiste à prendre en compte le diagramme des risques de givrage ci-dessous et qui est également affiché dans le club. O. Gerbier ACV Corbas 01/02/2011 L'information sur le point de rosée est disponible sur l’ATIS ou en consultant les METAR. Considérez que l'humidité relative est forte dans les situations suivantes : la visibilité au sol et dans les basses couches est pauvre, notamment au petit matin et tard le soir surtout près d'une importante masse d'eau (mer, lac) ; - le sol est humide (rosée) et le vent est faible ; en vol juste au-dessous de la base des nuages ou entre deux couches de nuages car la plus forte teneur en eau se situe au sommet des nuages ; - dans les précipitations, surtout continues ; - juste après dissipation de nuages ou de brouillards. Avec une hélice à pas fixe, une légère baisse du régime affiché et de la vitesse sont les informations annonciatrices d'un givrage. La diminution du régime peut être lente, progressive et la réaction habituelle est de pousser un peu plus la manette des gaz afin de compenser, ce qui aggrave en fait la situation. Si le givrage s'accroît, une carburation imparfaite, des toussotements irréguliers, la perte de l'information anémométrique et, phase ultime, l'arrêt du moteur peuvent suivre. Il faut utiliser le réchauffage à fond (plein débattement). a Sauf au moment du décollage, le réchauffage-carburateur doit être utilisé dès qu'une chute de régime ou de pression d'admission intervient et quand des conditions de givrage sont à craindre. b Sauf si expressément autorisé (ou nécessaire), l'usage continu du réchauffage-carburateur doit être évité. Il doit être utilisé par intermittence suffisamment longtemps pour éviter la chute de puissance ou redonner au moteur sa puissance initiale. c Si une chute de puissance est causée par le givrage et que l'usage de l'air chaud fait fondre ce dernier, l'arrêt du chauffage doit produire ensuite une augmentation du régime ou de la pression d'admission. d Effectuez un test réchauffe-carbu régulièrement. L'absence de givrage se traduit par aucune augmentation du régime par rapport aux valeurs avant application du réchauffage. Rappelez-vous que l'application du réchauffage-carburateur, quand un givrage est survenu, provoque initialement une situation qui peut sembler plus dramatique du fait de l'augmentation des toussotements du moteur alors que la glace fond et passe dans le carburateur. Si cela vous arrive, la tentation d'arrêter le réchauffage-carburateur doit être maîtrisée pour laisser le temps à l'air chaud de fondre la totalité de la glace. Cette phase peut atteindre une quinzaine de secondes. Lors de l'alignement, puisque le givrage peut arriver lors d'un roulage à faible régime, mettre la réchauffe-carbu durant cinq secondes puis arrêtez-la immédiatement avant de mettre les gaz. Quand la pleine puissance a été O. Gerbier ACV Corbas 01/02/2011 appliquée, il faut effectuer un rapide contrôle des instruments moteurs et vérifier les paramètres affichés. Lors de la montée, rester vigilant pour tout symptôme de givrage. En croisière, réduire doucement la puissance vers les paramètres de croisière puis effectuer un essai de réchauffage-carburateur au moins toutes les dix minutes voire plus fréquemment si les conditions sont "difficiles". Si le givrage est si sévère que le moteur s'est arrêté, maintenez le réchauffage-carburateur car de la chaleur peut faciliter le redémarrage malgré un refroidissement rapide. Pour la descente et l'approche, il est judicieux de mettre le réchauffagecarburateur avant (plutôt qu'après) la réduction de la puissance pour la descente. Ceci permet de vérifier que le réchauffage marche bien. Conservez-le pendant de longues périodes avec des régimes faibles. Toutes les tranches de 150 m d'altitude environ, remettez doucement la puissance de croisière pour réchauffer le moteur. En vent arrière, assurez-vous que le régime est correct. Mettez le réchauffage-carburateur avant la réduction pour préparer la machine (arc blanc pour les volets). En cas de remise de gaz et/ou de toucher-décoller, assurez-vous que le réchauffage est sur "froid", avant ou immédiatement après le réaffichage de la pleine puissance. Après l'atterrissage, repassez sur "froid" pour le roulage au sol. Insistons sur les points suivants : Le risque de givrage est important pour des températures extérieures comprises entre 0 et -15° C. En croisière effectuer un test réchauffe carburateur toutes les 10 minutes et en cas de givrage, utiliser le réchauffage carburateur à fond pendant 1 minute.