La structure des unités lexicales

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La structure des unités lexicales
I. Structure et création des unités lexicales
Mots fléchis vs mots construits
Mot fléchi : mot qui comporte un radical avec une ou plusieurs désinences.
Désinence : morphème grammatical qui porte une indication de temps, personne,
aspect, mode pour les formes verbales et de cas, nombre et genre pour les noms,
déterminants, adjectifs et certains pronoms.
Ex : - faisons : radical + désinence temporelle + désinence personnelle
- parlerez : radical + désinence temporelle + dé sinence personnelle
- lionnes : radical + marque du féminin + marque du pluriel
Mot construit : mot dérivé qui comporte un radical et un ou plusieurs affixes.
Affixe : morphème permettant de former des mots nouveaux. Les affixes
peuvent être :
 des préfixes : morphèmes qui se placent à l’initiale d’un mot et en
modifient le sens
 des suffixes : morphèmes qui se placent après un radical et modifient
le plus souvent non seulement le sens mais aussi la catégorie
grammaticale de la base.
 des infixes : morphèmes qui se placent à l’intérieur d’un mot
La dérivation et la flexion forment des paradigmes, c'est-à-dire des listes
formées de mots à radical identique et à morphèmes liés variables.
Paradigme dérivationnel : ensemble de mots construits sur un même radical
(ex : laver, lavable, lavage, lavette, laveur, lavoir).
Paradigme flexionnel : type de conjugaison et de déclinaison présenté par les
grammaires (ex : je lave, nous lavons, tu lavais…).
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II. Radical, base, racine
Radical vs base
Radical : le segment restant d’un mot dérivé ou fléchi sans les affixe
(désinences).
Ex : - toussoter  touss- chanter  chantBase : le mot à partir duquel on dérive un autre mot.
Ex : - la base de toussoter est le verbe tousser
- la base de réception est le verbe recevoir
- la base de pénal est le nom peine
La base et toujours un mot !
Base et radical peuvent avoir la même forme (ex : dent – iste).
Le recours à la notion de base est parfois important pour rendre compte du sens.
Racine (terme réservé à la grammaire comparée des langues indo-européennes) :
élément commun auquel remonte une famille de mots étymologiques, dans une
famille de langues.
Les radicaux liés
Ces radicaux ont une forme différente de celle du mot de base.
Radicaux allomorphes : radicaux dont la forme est peu différente de la base ou
du radical de base.
Ex : - « pén- » dans pénal est une variante de « peine »
- « sinuos- » dans sinuosité est une variante de « sinueux »
- « créd- » dans crédible est une variante de « croire »
Radicaux supplétifs/savants : radicaux dont la forme est totalement
différente de celle du mot avec lequel le mot dérivé est en relation (radicaux
grecs ou latins le plus souvent).
Ex : - « Céc- » dans cécité  aveugle
- « Lud- » dans ludique  jeu
- « Gastr- » dans gastrique  estomac
Du point de vue historique, l’étymologie de ces dérivés savants est différente de
celle du mot correspondant, ce qui explique la disparité formelle.
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On appelle supplétisme ce recours à un autre mot qui est l’étymon de la forme
simple.
III. Identification des constituants
Ce processus repose substitutions ou commutations paradigmatiques.
Par exemple, la segmentation des mots « embarquement » et « somnambule »se
fait par les commutations/substitutions suivantes :
1. embarquement/débarquement, qui permet d’isoler les éléments em-, de2. embarquement/emprisonnement, qui permet d’isoler les éléments barque,
prison
3. embarquement/embarcation, qui permet d’isoler les éléments –ment,
-ation ; « barque » et « barc » étant des allomorphes.
1. somnambule/noctambule, qui permet d’isoler les éléments somn-, noct2. somnambule/somnifère, qui permet d’isoler les éléments –ambule, -ifère
Somnambule n’est pas un mot dérivé mais un mot composé car il a deux
radicaux : somn- et –ambule.
Il faut considérer que les éléments existent dès lors qu’on les retrouve combinés
à d’autres avec le même sens et la même forme.
C’est la condition pour qu’ils fassent partie du stock lexical.
La forme d’un élément peut varier légèrement ; les variantes, comme barque,
barc, somn, somni, sont appelées allomorphes (allo « autre », morphe « forme »).
Lorsqu’on à affaire à un mot très complexe, dans lequel plusieurs morphèmes
dérivationnels sont identifiables, il faut procéder par étapes : déshumanisation :
1. on isole le suffixe –ation, qui permet de former le nom d’action signifiant
« action de déshumaniser », sur la base verbale de déshumaniser
2. on remarque que déshumanis(er) sert de base à déshumanisation
3. humaniser sert de base à déshumaniser
4. human (allomorphe de humain) sert de base à humaniser
5. hum (allomorphe de homme) sert de base à human
On a donc : homme  humain  humaniser  déshumaniser  déshumanisation.
Hum- est le radical, dés- est un préfixe, et -an-, -is-, et –ation sont des suffixes.
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IV. Procédés d’enrichissement du lexique
Règle de construction de mots : règle qui produit à partir d’une base
susceptible d’être catégorisé et à l’aide d’une opération dérivationnelle
(préfixation, suffixation, conversion ou composition) un mot construit dont le
sens et la catégorie lexicale sont prévisibles.
Base  opération dérivationnelle  mot construit (dont le sens et la catégorie
grammaticale sont prévisibles).
Par exemple : le suffixe –age permettra de former des noms sur une base
verbale.
Il existe deux types de procédés d’enrichissement du lexique :
 internes, c'est-à-dire propre à la langue en question
 externes, c'est-à-dire sous l’influence d’une autre langue
Procédés internes :
 la dérivation (ex : lavage)
 la composition (ex : rouge-gorge)
 la réduction (ex : SNCF, EDF)
La dérivation peut être :
 affixale (radical + affixe)
 non affixale (une conversion ou une dérivation impropre)
Procédés de dérivation affixale :
 la préfixation : dérivation à l’aide d’un préfixe
 la suffixation : dérivation à l’aide d’un suffixe
 la parasynthèse : adjonction simultanée d’un préfixe et d’un suffixe
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