Histoire – programmes de la classe de Seconde générale et technologique – 2010
35 grands vizirs
recensés entre 1453 et 1600, on trouve deux Italiens d’origine et au moins 19
d’entre eux proviennent de familles non-musulmanes. De plus, aucune persécution religieuse
n’apparaît envers les Juifs ou les chrétiens, tant qu’ils participent à la vie de l’Empire et sont
fidèles au sultan. Cette « pax ottomanica » permet aux sultans des XVe et XVIe siècles d’étendre
leur domination au-delà des limites de l’ancien Empire byzantin, puisque les successeurs de
Mehmet II conquièrent d’une part l’Anatolie orientale, l’Arabie et l’Egypte (sous Selim Ier – 1512-
1520 – qui s’empare notamment du puissant sultanat Mamelouk du Caire en 1517, devenant ainsi
le protecteur des lieux saints – Médine, la Mecque, Jérusalem), d’autre part l’Europe centrale et
l’Afrique du Nord sous Soliman (le Magnifique, 1520-1566), lorsque les Ottomans envahissent
une bonne partie du Maghreb – Maroc et Tunisie
exceptés – au détriment des Ibériques, puis le
sud du domaine des Habsbourg (sud de la Croatie, Hongrie, Transylvanie). Le coup d’arrêt de
l’expansion européenne est donné en 1529, quand les Ottomans échouent devant Vienne. Malgré
tout, l’Empire Ottoman apparaît pendant tout le XVIe siècle comme la puissance militaire
majeure d’Europe : terrestre, d’une part, s’appuyant sur une infanterie et une cavalerie d’élite
formée, comme les koul, d’esclaves, les janissaires, mais aussi sur une flotte puissante qui contrôle
l’ensemble de la Méditerranée orientale
, pratiquant des razzias sur l’Italie du Sud ou les côtes
ibériques, notamment grâce à des corsaires inféodés
, rendant ainsi la navigation peu sûre pour
les navires occidentaux. Même si une véritable défaite apparaît à Lépante, en 1571
, le XVIe siècle
apparaît bien comme celui de la domination militaire ottomane en Europe.
Dans ce cadre, la capitale de l’Empire, Istanbul, apparaît comme une métropole majeure,
qui accueille une population croissante : sous Soliman (1520-1566), la ville compte près d’un
demi-million d’habitants
. Elle est aussi un centre religieux et culturel majeur, que les sultans
ottomans embellissent progressivement. Ainsi, Sainte-Sophie, dont l’architecture orthodoxe est
conservée, connaît des transformations et agrandissements pour en faire une mosquée : Mehmet
II y ajoute un minaret et consolide le mur sud grâce à des contreforts, Selim II (1566-1574) y
ajoute deux minarets et Murad III (1574-1595) restaure l’ensemble et termine les quatre minarets
d’angle toujours visibles. Parallèlement, les mosaïques anthropomorphiques byzantines à
l’intérieur de l’édifice sont recouvertes de badigeon pour laisser place à des représentations
géométriques ou à motif floral propres à l’art musulman
. D’autres mosquées sont construites
dans la ville, dont la plus importante, entre 1462-70, où elle fut fondée, et sa destruction par un
tremblement de terre en 1766, est celle de Mehmet II lui-même. Située sur l’une des collines de la
ville au cœur d’un vaste ensemble universitaire
, cette mosquée est alors à la fois un lieu de prière
majeur, créée pour concurrencer Sainte-Sophie et prouver la foi du Conquérant, mais aussi le lieu
d’enseignement central de l’Empire dans les domaines traditionnels du savoir musulman,
Le grand vizir est le principal conseiller du sultan, une sorte de premier ministre de l’Empire. Certains sont très
influents : par exemple, Mehmet Sokollu règne de fait à l’époque de Selim II (1566-1574), le sultan étant peu
intéressé par le pouvoir.
La Tunisie est tout de même conquise en 1574, peu après Lépante.
Mais la flotte ottomane ne réussit pas à s’implanter durablement dans le bassin occidental, échouant à prendre
Malte après un siège de plus de trois mois en 1565.
Le plus célèbre est bien entendu Khayreddine Barberousse.
La bataille, qui se déroule, près des côtes grecques, voit la victoire navale de la Sainte Ligue – essentiellement des
Vénitiens et des Espagnols – et a un retentissement énorme en Occident : pour la première fois, la flotte ottomane
est arrêtée en Méditerranée. Malgré la mort de près de 30 000 hommes, la défaite n’apparaît pas aussi clairement aux
Ottomans, qui continuent leur expansion en Afrique du Nord.
Entre 400 000 et 600 000 habitants, selon les auteurs et la datation envisagée.
Mehmet II avait originellement décidé de conserver les mosaïques, qui furent seulement recouvertes d’un voile.
C’est sous Soliman que les travaux de recouvrement commencèrent, mais ils furent progressifs : au XVIIe siècle, des
vestiges étaient encore visibles. Finalement, les sultans du XIXe siècle acceptèrent une restauration partielle des
mosaïques byzantines par des artisans italiens, ce qui explique que beaucoup sont aujourd’hui visibles. Le bâtiment
témoigne donc bien à la fois de la position centrale d’Istanbul, à la croisée de plusieurs civilisations, mais aussi de
l’ouverture et de la tolérance culturelle des sultans ottomans.
Appelé Sahn-i Seman, « la Cour des Huit », à cause de son plan particulier.