livre brillant « L'électrodynamique quantique - une théorie étrange sur la lumière et la matière » [1].
Une explication plus technique est dans un de ses autres livres « Les intégrales de chemin de la
mécanique quantique » [2].
L'idée principale est qu'une particule, après avoir quitté une source émettrice, atteint (dans un certain
sens) le détecteur par tous les chemins possibles. Chaque chemin fournit un nombre complexe, qui
est une valeur d'une certaine intégrale le long de ce chemin. La somme totale de tels nombres de tous
les chemins donne l'amplitude de la transition. Élevée au carré, cette amplitude donne une probabilité
de transition. A partir de là, nous parlerons d'états avec une position définie et de transitions parmi ces
états seulement.
Donc voici le vrai sens de la non-localité quantique : les amplitudes dépendent, d'une manière
générale, de l'univers entier ! En réalité, seul un petit ensemble de chemins importe réellement, alors
que l'influence des autres chemins dans la somme totale tend à être négligeable. Et les chemins qui
sont importants peuvent être bien séparés. Voici l'illustration qu'en donne David DEUTSCH dans un
article classique sur les calculs quantiques (1):
« Si nous supposons qu'un photon (un grain de lumière) se déplace sur ce chemin ou celui-là après
avoir franchi le miroir semi-réfléchissant, alors les deux détecteurs A et B fonctionneront avec des
probabilités égales après beaucoup de répétitions de l'expérience. Or le détecteur B ne fonctionne
jamais. Dans le langage de la mécanique quantique, nous disons que les intégrales de chemin pour
ces deux chemins font une somme d'amplitude nulle pour ce détecteur. D'une certaine manière, un
photon « sait » quelles positions des deux miroirs nous utilisons. Ceci représente vraiment la non-
localité. »
Qu'est-ce que le choix retardé ?
Le choix retardé [3] est une sorte de variante de la non-localité pour la dépendance au temps des
amplitudes quantiques, contrairement à la dépendance spatiale, vue ci-dessus. Imaginons la même
expérience classique qu'à la figure 1 (un tel dispositif est connu sous le nom d'interféromètre de Mach-
Zehnder).
Supposons maintenant que toutes les distances entre les miroirs et les détecteurs soient
suffisamment grandes pour que cela prenne du temps à un photon de voyager à travers les bras de
l'interféromètre. Supposons aussi qu'on enlève le miroir semi-réfléchissant BS2 juste avant que les
photons n'arrivent dessus. Dans ce cas-ci, selon les prévisions de la mécanique quantique, le photon
peut frapper l'un ou l'autre des détecteurs A et B avec des probabilités égales.
Dans la section précédente, nous avions convenu que le photon voyageait par les deux chemins, c.-à-
d. les bras de l'interféromètre. Mais ceci est inadmissible dans la situation actuelle : frapper n'importe
lequel des deux détecteurs devrait être équivalent au déplacement sur un seul chemin!
Tout se passe comme si le photon se déplaceait d'abord sur les deux chemins, mais à l' endroit où se
trouvait BS2, il décide de revenir et de recommencer son voyage, mais cette fois-ci selon ce seul
chemin. En d'autres termes, le photon décide de l'histoire qu'il a eu seulement à l'instant final. C'est le
paradoxe du choix retardé.