Le Scribe de Lugdunum Le journal de Pax Augusta – N°31 –Juillet 2006 après J.C. Rappel Chacun d’entre nous a normalement choisi son nom de scène. Puisqu’il est difficile pour tous de retenir tous les noms nous proposons que lorsque vous envoyez un mail à un membre de l’association vous signiez de votre nom romain. Pour les légionnaires le prénom suffira. Saint Romain en Gal 10 et 11 juin 2006 Que de monde et quelle chaleur !!! Voilà un excellent résumé de notre manifestation de ce week-end. Certains diront que ce résumé est beaucoup trop succinct alors étoffons un peu !!! Environ 200 reconstructeurs sur le site de Saint Romain en Gal ce week-end. Arrivés progressivement, les gaulois des Ambiani et d'Esse installèrent leur camp. Plus tard dans la nuit arrivèrent les Leuki en 2 vagues successives, apportant bien sur leur bonne humeur et leur délicieux breuvage !! Parlons maintenant des légionnaires allemands. Au fond du terrain ils installèrent leur camp : un petit temple rond dédié aux défunts, un thermopolium et une chambre où prirent place les femmes. Coiffées de longues perruques celles-ci s'occupaient des enfants tout en goûtant les joies tranquilles de la reconstitution. Les légionnaires de la XXX eme légion venue d'Italie arrivèrent pour le petit déjeuner. Une trentaine environ qui grossirent les rangs romains. L a Pax n'était pas en reste, elle avait monté le camp la veille, organisée l'arrivée des participants et attendait avec impatience les combats romains / gaulois Les affrontements eurent lieu les après mid, pour certains d'entre nous cela rappelait une autre manifestion restée dans les mémoires, je veux bien sur parler de OSTIA. Contrairement à ce que nous pensions, les romains d'Italie affrontèrent les romains allemands et les romains français aidés de gaulois très excités. Les romains italiens furent aidés de troupes germaines venues d'Allemagne et de germains français. Les femmes germaines ne furent pas en reste. En effet, les femmes allemandes participent au combat en se tenant à l'arrière de leurs hommes afin de les motiver au combat. Nos femmes ne se firent pas prié pour les imiter. Les repas et la soirée furent pour nous romaines françaises le moment de retrouver nos chers légionnaires, puisque notre camp se trouvait à l'opposé du leur. Un week-end impressionnant, seul regret : ne pas avoir pris de photos de groupe. Parlant photo, je ne sais pas pour vous mais je me suis lâchée ce week-end, mon appareil affichait 259 photos prises. WAOU !!!!!! Marle 24 et 25 juin 2006 Encore un week-end marathon!! Certains vous diront que le voyage fut long (8h) D’autres que le temps fut maussade (nuages, éclaircies et averses) Et puis il y a ceux qui vous diront qu’il y avait du monde, que les stands étaient sympas et bien fournis et que les spectacles étaient impressionnants. Moi, je peux vous dire que le voyage fut long, que le temps était ni trop chaud (comme à St Romain) ni trop froid (comme une marche hivernale de 2005), qu’il y avait du monde puisque le petit déjeuner du dimanche matin fut très frugal (rien de chaud, une tartine de pain avec un restant de confiture et un jus d’orange à partager en 4), que les stands que j’ai pu voir étaient très sympa, quant aux démonstrations je ne peux rien vous dire puisque je ne les ai pas vu. Vous en conclurez qu’en tant que civile romaine il y a eu de nombreuses personnes intéressées par la femme romaine, son costume, les objets de sa parure et les soins du corps ainsi que sa vie quotidienne. Pour ce qui est de nos prestations : le meilleur spectacle de gladiateurs vu jusqu’à présent (selon moi et bien d’autres) qui apparemment combla l’organisateur de ses journées. Des danseuses qui mirent le feu à la piste de danse le samedi soir, on passera sous silence le reste restes des activités nocturnes. Certains avaient grises mines le dimanche !!! Pour les prestations légionnaires, n’étant pas en première ligne, ils assurèrent les manœuvres occasionnelles et se plièrent au joug de leur option pendant que le centurion dédicaçait ses livres. En ce qui concerne les germains, la discussion animée du mercredi suivant définit le besoin de structurer leur camp et leurs activités. Vous devriez prochainement voir des germains correctement installés. Les romaines ne sont pas en reste puisque le stand artisanal va se doter d’une balance et d’une lampe à huile en métal. Quand aux dames, elles devraient prochainement acquérir une tente décorée, style pompéien, et quelques mobiliers. Merci à tous pour ce week-end. Prochaines sorties Les 8 et 9 juillet prochains certain(e)s d’entre nous sont attendu(e)s à Augst pour le tournage du documentaire débuté à l’amphithéâtre des trois gaules au début du mois de juin. Cette partie concerne les costumes féminins romains. L’une d’entre nous sera choisie pour « subir » un maquillage typiquement romain. Le scénario prévoit un volet masculin et un volet féminin. Le masculin est assez simple : nous assistons à l'habillage d'un Romain (qui sera interprété par Didier) : tunique, chaussures et surtout toge. Il croisera dans sa villa un autre Romain, joué par Christian. Jacky et François joueront les esclaves (qui avaient la tête rasé ou les cheveux très courts). Ces esclaves seront habillés avec les tuniques grises, identiques, utilisées pour les spectacle de gladiateur, et des sandales (pas les caligae). Le féminin est plus complexe : nous devons assister au lever et habillage d'une femme romaine, blonde. C'est donc Elodie qui s'y colle. Elle croisera une autre Romaine, sans doute Reine, seule capable visiblement de porter les belles perruques de Manuela… qui sera là aussi pour vous coiffer. Elodie sera également coiffée, avec des postiches blondes, et maquillée (à la romaine…) Ce qui fait malheureusement (là je joue peut-être ma vie avec la susceptibilité féminine) que les deux restantes (Violaine et Alex) seront les esclaves qui habillent leur maîtresse. Dîtes-moi vite si ça pose problème. Les esclaves seront en tunique simple, avec des sandales (les tuniques de danseuse peuvent faire l'affaire. Manuela sera l'ornatrix (coiffeuse) ; elle sera sans doute habillée comme la dernière fois. Les 22 et 23 juillet, nous sommes attendus pour les Arverniales de Gergovie Archéofête gauloise sur le site de la célèbre bataille, 2 jours de reconstitution, expérimentations archéologiques et spectacle d'histoire vivante. En voici le programme : SAMEDI 22 JUILLET 2006 Sur l’aire de spectacle : - 14h00 : Démonstration pédagogique de la légion romaine + Manœuvres : VIII augusta + Via Romana (durée 1h00). - 15h30 : Démonstration pédagogique de l’armée Gauloise : Gaulois d’Esse + Ambiani. (Durée 45 mn). - 16h30 : Batailles Gaulois VS Romains : VIII Aug + Pax Augusta + Via Romana + Gaulois d’Esse + Ambiani. (Durée 30 mn). - 18h00 : La cavalerie gauloise : Ambiani + aide des troupes disponibles pour sécurité. (Durée 45 mn). - 19h00 : Démonstration pédagogique de l’armée Auxiliaire : Via Romana. (Durée 30mn). 19h30/20h30 repas des troupes - 21h00 : Danses antiques + spectacle gladiateurs : Pax Augusta (Durée 45 mn). 21h45 : Cavalerie gauloise (durée 20mn). 22h30 : Batailles Gaulois VS Romains : VIII aug + Pax Augusta + Via Romana + Gaulois d’Esse + Ambiani. (Durée 30 mn). DIMANCHE 23 JUILLET 2006 Sur l’aire de spectacle : - 10h00 : Présentation des costumes masculins et féminins gaulois + Saynète des Gaulois d’Esse (durée 30 mn). - 10h30 : Présentation des costumes masculins et féminins romains : Pax Augusta (durée 30 mn). - 11h00 : Présentation de l’artillerie romaine : VIII Aug. (Durée 30 mn). - 11h30 : Démonstration pédagogique de l’armée Auxiliaire : Via Romana (durée 30mn). - 12h00 : Présentation pédagogique de la cavalerie gauloise. (Durée 30 mn). 12h/14h repas des troupes - 14h00 : Présentation pédagogique de l’armée Gauloise + entraînement du guerrier (cercle de l’honneur) : Gaulois d’Esse + Ambiani. (Durée 45mn). 15h00 : Présentation pédagogique de l’armée romaine + Manœuvres : VIII Aug + Pax Augusta + Via Romana. 16h00 : La cavalerie gauloise : Ambiani + aide des troupes disponibles pour sécurité. (Durée 45 mn). 17h00 : Danses antiques + spectacle gladiateurs : Pax Augusta (Durée 45 mn). - 17h45 : Batailles Gaulois VS Romains : VIII aug + Pax Augusta + Via Romana + Gaulois d’Esse + Ambiani. (Durée 30 mn). Démontage des camps 19h00. Réservez votre week end du 16 et 17 septembre pour les journées du patrimoine. Exposition Par Toutatis ! La religion des Gaulois au musée gallo-romain de Lyon-Fourvière, à Lyon, du 30 juin 2006 au 7 janvier 2007. 17 rue Cléberg, 69005 Lyon www.musees-gallo-romains.com Dédiée à un très large public, l’exposition invite à s’immerger au cœur de la culture celtique, dans ce chapitre méconnu de nos ancêtres les Gaulois. Connaissances astronomiques, mythologie et principales divinités, druides, lieux de culte et rites sacrificiels y seront abordés sous une forme attractive : des objets prestigieux , issus des collections nationales et européennes, des ambiances visuelles fondées sur les dernières technologies audiovisuelles et multimédia, ainsi que la reconstitution grandeur nature de plusieurs sanctuaires gaulois et des rites qui s’y déroulaient. Pour la plupart de nos contemporains, la religion et la société gauloises sont vues à travers le prisme d’une célèbre bande dessinée qui reflète volontairement les principaux clichés diffusés au XIXe siècle : les vénérables druides barbus sacrifiant leurs victimes au fond des forêts de chênes, entre dolmens et menhirs ; Panoramix et sa serpe d’or cueillant le gui dans les arbres de la forêt, ou officiant près des sources mystérieuses cachées au fond des bois ; une société guerrière à l’organisation sociale rudimentaire et adepte des banquets… Depuis une vingtaine d’années, le travail des archéologues et des historiens démontre l’inexactitude de ces idées reçues. Pourtant, ces dernières sont encore fortement ancrées dans l’esprit collectif. L’exposition du musée gallo-romain de Lyon-Fourvière propose d’y remédier en confrontant les principaux poncifs liés au thème de la religion gauloise aux derniers acquis de la recherche historique et archéologique. Recettes Recette du livre d’Apicius Mélanger du poivre, des noix concassées, du miel et de la rue avec du vin rouge et du lait. Cuire ce mélange avec quelques œufs. Couvrir de miel et parsemer de noix concassées Sorte de moutarde aux noix Recette 293 du livre d’Apicius Moudre du poivre Mouillé de bouillon Ajouter du vin rouge et de l’huile Couper finement le foie et ajouter la sauce Côté lecture Titre les "romans de l'été" N Auteur Editeur Prix Sujet Brutus Clavel Pocket 6,5 Voyage de Marcus Ch. Goudineau Actes Sud 8,5 L'enquête de Lucius Valérius Priscus Ch. Goudineau Actes Sud 22,9 Ce soir on dine chez Pétrone P. Combescot LGF 6 R. Harris Pocket 7 N Pompei N Attentat à Aquae Sextiae J. d'Aillon ed. du masque 8,5 N L'incendie de Rome J.F. Nahmias A. Michel N Le voyage de Claudius M. Rouffet Normant N Notre agent en Judée F. Mimmi Folio 16 19,5 7 IIè siècle ap J.C, Lyon et les 1ers chrétiens voyage à travers la Gaule en période éléctorale vu par un enfant de 12 ans (style épistolaire) 21 ap J.C un chevalier romain vient enquêter sur la révolte des Eduens dernier souper chez Pétrone en pleine décadence romaine 79 ap J.C Attilius ingénieur romain tente d"élucider la mort de son prédecesseur sous Auguste à Aix, Lucius Gallus tente de déjouer un complot sous Néron Lucius Gemellus agent de renseignement sonde le peuple sous Tibère, pérégrination d'un jeune homme dans l'empire romain et si Jésus avait été manipulé par les services secrets de Tibère ? Prix du meilleur roman policier italien Serie de Publius Aurélius 1/ Cave canem D. Comastri ed. 10/18 Montanari 2/ Morituri te salutant D. Comastri ed. 10/18 Montanari 3/ Parce sepulcro D. Comastri ed. 10/18 Montanari N 4/ Cui prodest ? les "documents" Vie des 12 Césars D. Comastri ed. 10/18 Montanari Suétone Folio 44 ap J.C. un sénateur 7,3 romain en vacances à Naples mène l'enquête 45 ap J.C. un sénateur romain enquête sur la 7,3 mort d'un gladiateur au cours d'un combat… 45 ap J.C. un sénateur romain enquête sur le 7,8 meurtre d'une future mariée… sur son copiste égorgé, un sénateur romain 8,5 retrouve un pion de latroncule… 6,4 Par Toutatis ! Que reste Ch. t il de la Gaule? Goudineau J.M. André N la médecine à Rome Couleurs & matières dans N l'Antiquité : textes, techniques & pratiques De Architectura Vitruve Seuil 19 Taillandier 33 Rue d'Ulm 19 Errance 22 N L'évangile de Judas D. Bismuth Flammarion 15 N Religions de Rome Légionnaires et N auxiliaires sous le Ht Empire romain le "coin des enfants" M.R. Beard Picard 67 F. Gilbert Errance 20 N N N N N N N N casser les mythes crées par les textes de César codex copte découvert en 1970… (mais qui peuvent en apprendre aux "adultes" ! Lol ) un jeune legionnaire Gallimard doit retrouvber les L'aigle de la 9è légion R. Sutcliff 6,9 Jeunesse aigles perdues par son père en bretagne... Livre de Le serment des O. poche 5,2 1ers chretiens Lyon catacombes Weulersse Jeunesse Bayard aventure d'un jeune le fils du gladiateur Ch. Lambert 5,8 Jeunesse gaulois Livre de H. une bande de copains L'affaire Caius poche 5,2 Winterfeld résolve une enigme Jeunesse Livre de H. Caius et le gladiateur poche 5,2 2ème aventure de Caius Winterfeld Jeunesse Gladiateur Th. Breslin Nathan 5,7 … retrouver des Mais où est donc Idéfix? Dragon d'or 9,95 personnages dans des images (docs des avec des autocollantes La Gaule et les Gaulois incollables Playbac 4,5 sympas ) Sur les traces de Jules Gallimard 10,9 doc César Jeunesse G. Di Place des La Rome antique 7 doc Pasquale Victoires serie la tribu de à partir de 9 ans Celtill 1/ Le jour où le ciel a E. BrisouRageot 13 Gaulois / Romains parlé Pellen 2/ La malédiction du E. BrisouRageot 13 Gaulois / Romains sanglier Pellen 3/ Les 6 têtes de E. BrisouRageot 13 Gaulois / Romains l'hydre Pellen E. Brisou4/ La lumière du menhir Rageot 13 Gaulois / Romains Pellen serie Titus Flaminius à partir de 9 ans 1/ La fontaine aux J.F. Hachette 5,5 Rome vestales Nahmias Jeunesse J.F. Hachette 2/ La gladiatrice 5,5 Rome Nahmias Jeunesse Petite recherche Amédée THIERRY\Histoire des Gaulois — Troisième partie On a dit que César avait conquis la Gaule avec le fer des Romains, et Rome avec l’or des Gaulois ; mais le fer des Gaulois joua aussi dans cette dernière conquête un rôle, et un rôle important. Le proconsul organisa de ses deniers une légion composée uniquement de vétérans transalpins qui s’étaient distingués durant la guerre de l’indépendance ; il l’assimila aux autres légions de son armée pour l’équipement, la solde et les prérogatives militaires [Suétone, César, 24] ; une seule chose pouvait rappeler son origine, c’était la forme des casques, sur le cimier desquels était représentée, les ailes étendues, une alouette, symbole de la vigilance. César, pour cette raison, la nommait légion de l’Alouette. Ce ne fut pas tout : il enrôla, à titres d’auxiliaires et d’alliés, des corps choisis dans les différentes armes où la Gaule excellait ; de l’infanterie pesante de la Belgique, de l’infanterie légère de l’Aquitaine et de l’Arvernie, des archers Rutènes ; et les ailes de ses légions se composèrent presque uniquement de cavalerie tirée de l’une et de l’autre province transalpine. (…) On sait avec quelle rapidité César [49 av. J.-C.] se rendit maître de Rome : Pompée, le sénat, tous ses ennemis s’enfuirent sans oser l’attendre et se dispersèrent en Espagne’, en Grèce, en Afrique. La présence des bandes transalpines sous ses enseignes contribuait fortement à cette terreur que sa marche répandit par toute l’Italie. Ce n’était pas sans indignation ni colère que les Romains, même partisans de sa cause, voyaient des cavaliers trévires dévaster les campagnes du Tibre et du Nar [Lucien, Pharsale, I], et les aigles romaines humiliées, fugitives devant des légionnaires enfants de l’Aquitaine ou de la Séquanie. Les bruits les plus sinistres couraient de bouche en bouche ; on exagérait le nombre de ces auxiliaires barbares et encore, disait-on, ce n’est que l’avant-garde d’un effroyable déluge. Dix ans de séjour parmi des peuples féroces ont rendu César non moins féroce qu’eux [Ibid.]. Il a déchaîné du haut des Alpes la furie gauloise [Ibid., II] ; il a soulevé cette race tout entière ; des bords de l’Océan et du Rhin, elle accourt sur ses pas, car il lui a promis le pillage de Rome [Ibid., I]. Les hommes de l’Alouette surtout inspiraient l’épouvante et la haine [Cicéron, Philippiques], soit que le général les chargeât de ses exécutions les plus rigoureuses, soit que parfois, se souvenant de leur origine, ils portassent dans cette querelle étrangère quelque chose de plus acharné encore et de plus violent que la passion des guerres civiles. César n’avait point promis aux Transalpins le pillage de Rome, mais il avait doublé la solde de son armée et il manquait d’argent : le fruit de dix ans de rapines avait été consommé en partie dans des largesses corruptrices et de honteux marchés, le reste avait fourni à l’équipement des auxiliaires. Dans son embarras il jeta les yeux sur les deniers publics. Le lecteur n’a point oublié ce trésor fondé jadis par Camillus, et réservé exclusivement aux frais des guerres gauloises [V. part. I, c. 3]. Depuis tant de siècles l’inviolabilité religieuse qui le couvrit à son origine, n’avait pas reçu une seule atteinte ; Rome ; au milieu des plus extrêmes besoins, quand Pyrrhus et Annibal étaient sous ses murs, quand la guerre sociale l’épuisait, n’avait point osé y porter la main ; les factions mêmes, dans les nécessités de la défense ou le délire du triomphe, l’avaient respecté ; il était resté sacré pour Marius et Sylla, il ne le fut pas pour César. A peine arrivé dans Rome, le proconsul monta au Capitole, suivi d’une troupe de soldats, entra dans le temple de Saturne dont le trésor public faisait partie, et, trouvant la porte fermée, ordonna qu’on la rompît à coups de hache. En ce moment, accourut indigné le tribun du peuple L. Metellus, il venait s’opposer à la profanation ; il se précipita au-devant des coups, menaçant César, et le conjurant de ne point attirer sur la république la peine de son sacrilège. La république n’a rien à craindre, lui répondit ironiquement le proconsul ; je l’ai déliée de ses serments, en soumettant la Gaule ; il n’y a plus de Gaulois ! [Appien, Bell. civil., II] Et comme le tribun insistait, il le fit jeter dehors par ses soldats. Alors la porte tomba en débris sous le tranchant des haches, l’or et l’argent furent enlevés et distribués aux troupes. Les Transalpins en eurent leur part ; et ces sommes amassées avec tant de scrupule et d’épargne, pour résister aux tumultes gaulois, furent ainsi prodiguées en solde et gratification, à des Gaulois, pour la ruine de la liberté romaine. (…) Les Gaulois suivirent en foule César dans ses campagnes de Grèce et d’Afrique ; il les appliquait à tous les services militaires indifféremment ; les faisant tantôt cavaliers, tantôt fantassins, tantôt rameurs [Hirtius, B. Afriq., 20-34 et passim.]. L’historien de la guerre d’Afrique raconte ce trait comme incroyable et vrai, que trente cavaliers gaulois dépostèrent deux mille chevaux numides, et les chassèrent jusque sous les murs d’Adrumète [Ibid., 6]. Dans un combat de la même campagne, les cavaliers gaulois de Labienus (car les Pompéiens avaient aussi leurs Gaulois, enrôlés pour la plupart dans la Narbonnaise au commencement de la guerre), abandonnés des Numides, furent presque tous taillés en pièces par ceux de César, qui vit avec peine le champ de bataille jonché de ces beaux et prodigieux corps [Ibid., 40]. César les plaignit, ajoute Hirtius [Ibid.], parce que c’étaient de braves gens qui, étant venus de chez eux presque tous pour le servir, avaient été pris en chemin ou dans les combats, et contraints de passer du côté de ses ennemis peur sauver leur liberté ou leur vie. Quelquefois les Gaulois des deux partis se battaient ensemble moins franchement ; ils commençaient par s’entretenir [Ibid., 20] sur parole, et ces entrevues avaient pour résultat assez ordinaire la désertion d’une bande ou de l’autre : ce ne fut pas César qui eut lieu de s’en plaindre le plus. Ce mouvement qui poussait vers l’Orient la population militaire de l’Occident, jeta sur toute cette côte de la Méditerranée une innombrable quantité d’aventuriers gaulois, qui y restèrent après les guerres civiles, et dont les princes asiatiques et africains soldaient chèrement les services. C’étaient en même temps des troupes d’élite et d’apparat, garde privilégiée des monarques. Juba, au fond de la Mauritanie, entretenait près de sa personne un corps de ces cavaliers transalpins [Ibid., 40]. La belle Cléopâtre d’Égypte en reçut quatre cents d’Antoine, son amant, comme un cadeau magnifique et digne d’une puissante reine [F Josèphe, B. J., 1, 15] : plus tard les Gaulois de Cléopâtre furent passés par Octave à Hérode, roi des Juifs. Triomphant de tous ses ennemis, César versa à pleines mains les bienfaits sur les Transalpins qui l’avaient si. bien secondé. La légion de l’Alouette fut décorée en masse du droit de cité romaine [Suétone, César] ; et les braves de Pharsale et d’Alexandrie affermirent, sur le champ de bataille des comices, la dictature perpétuelle qu’ils venaient d’enlever à la pointe du sabre. Cet acte de reconnaissance du dictateur fut très mal accueilli dans Rome, et les nouveaux citoyens se virent exposés plus d’une fois à des injures publiques, aux plus brutales avanies : Cicéron (après la mort de César, il est vrai) se laissa emporter jusqu’à les qualifier, en plein sénat, d’égout de la république, qui servait de réceptacle à tous les crimes [Philpp., 13]. Quoiqu’il en fût, ils remplirent leurs missions de tout genre avec tant de zèle, ils se montrèrent en tout si utiles et si dévoués au pouvoir, qu’Antoine, qui convoitait l’héritage de la dictature, proposa pour eux, dans la suite, une seconde récompense nationale [Cicéron, ibid.]. La vanité du conquérant l’emporta néanmoins sur ce penchant intéressé qu’il montrait envers la Gaule ; il n’eut pas la générosité d’épargner à sa conquête l’humiliation d’un triomphe. Dans une solennité qui dura quatre jours, où le vainqueur de Pompée triompha du monde presque entier, la Gaule et Massalie figurèrent : les prisonniers transalpins tirés des cachots où ils croupissaient depuis six ans, allèrent représenter leur patrie à travers les rues et les carrefours de Rome ; et une image peinte ou sculptée de la ville phocéenne fut traînée, comme une captive, devant le char triomphal. Ce fut au milieu de ces joies de César que l’infortuné, le grand Vercingétorix périt par la hache du bourreau [Dion Cass., 43] précédé et suivi d’une foule de personnages plus récemment célèbres, espagnols, africains, asiatiques, et grecs. Parmi tant de trépas illustres provoqués et causés par les discordes politiques de Rome, la mort du patriote transalpin fut obscure et à peine remarquée. Elle ne produisit guère plus d’émotion au-delà des Alpes, où la préoccupation des intérêts présents affaiblissait les souvenirs, où les compagnons même de Vercingétorix prêtaient leurs bras à César. Ce qui frappa les Romains, ce fut le contraste des faveurs et de l’humiliation presque simultanées dont la Gaule se trouvait l’objet ; ils s’en expliquèrent hautement ; et, pendant la cérémonie, les soldats chantaient derrière le char du dictateur des vers satiriques dont le sens était : César triomphe des Gaulois ; et César les place dans le sénat, où ils ont quitté leurs braies, pour prendre le laticlave [Suétone, César, 80]. En effet cette intrusion des Transalpins dans l’assemblée aristocratique blessait profondément les Pompéiens, les partisans de la vieille constitution romaine, ceux, en un mot, qui tenaient, comme on disait, à la majesté du nom romain. A les entendre tout était perdu, les arts comme la domination de Rome, la parole comme la liberté. Parce que, aux conseils de leurs vainqueurs, quelques citoyens d’un peuple injustement attaqué et plus injustement conquis plaidaient la cause de leurs frères avec un accent peut- être un peu rude, on s’écriait qu’il y avait tumulte gaulois dans l’éloquence ; et Cicéron laissait échapper ces plaintes douloureuses : Adieu l’urbanité ! Adieu la fine et élégante plaisanterie ! la braie transalpine a envahi nos tribunes. Le système de modération appliqué par J. César [41 av. J.-C.] à la province chevelue avait produit en peu d’années des fruits précoces et abondants. Voyez, disait le consul Marc-Antoine dans le panégyrique du dictateur ; voyez cette Gaule, qui naguère nous envoya les Ambrons et les Cimbres, cultivée aujourd’hui comme l’Italie. Des communications nombreuses et sûres sont ouvertes d’une de ses extrémités à l’autre : la navigation est libre et animée, non pas seulement sur le Rhône et la Saône, mais sur la Loire et la Meuse, mais jusque sur l’Océan [Dion Cass., 44]. A la faveur de ce régime doux, où l’action du pouvoir était presque nulle, les améliorations naissaient et prenaient racine d’elles-mêmes, par la seule influence du commerce et la seule nécessité des choses. A vrai dire, il y avait en Gaule absence de gouvernement romain ; le tribut excepté, que compensaient d’ailleurs largement le produit des services militaires et les faveurs soit personnelles soit collectives, tout subsistait clans le même état qu’au temps de l’indépendance, sauf plus de lumières, d’industrie et de tranquillité. Ce fut une situation heureuse pour les nations transalpines, une transition naturelle et facile au nouvel ordre social, à la dépendance politique que la conquête leur avait imposé. Aussi la mort du dictateur les affligea vivement ; et elles se rattachèrent aussitôt à l’homme qui, par son titre de fils adoptif de César, semblait leur promettre la continuation de ses plans et de sa bienveillance. Elles sentaient que le patronage d’une famille valait mieux pour elles que la protection passagère et plus exigeante des partis. Tant que le jeune César fut absorbé par les guerres civiles, il laissa la Gaule jouir de toute la liberté, de tout l’oubli dont elle avait joui sous son père ; mais, après la consolidation de sa puissance, il fallut bien qu’il mît de l’ordre dans cette possession du peuple romain, et qu’il l’organisât sur le même pied que les autres fractions de l’empire. Merci Laurent !!!