Unetelle société est largement égalitaire et comprend peu de différences sociales, qu'elles soient
basées sur le statut ou la richesse. La parenté est donc l'un des principaux critères de différenciation
interne. Presque tous les termes de parenté font référence a l'âge relatif : ainsi frère aîné se dit !ko et
frère cadet tsin; la sœur aînée est !kwi, la cadette tsin également. On voit donc que l'âge est ici un
critère plus important que le sexe puisque tsin désigne à la fois le frère cadet et la soeur cadette.
Un autre principe intéressant de la parenté kung est l'importance des parentés plaisanteries et,
corollairement, des relations d'évitement : toutes les personnes apparentées à Ego peuvent être
divisées en parents k'hâi («jouer») et parents kwa («respect»). Avec une personne k'hâi, un individu
entretient des relations détendues, il lui parle de façon très amicale, c'est notamment le cas des
relations petits-enfants /grands-parents qui sont particulièrement cordiales. En revanche, un enfant
entretient des relations beaucoup plus distantes avec ses parents, oncles et tantes à qui il doit le
respect; il s'adresse à eux en utilisant des formes polies, comme la deuxième personne du pluriel alors
qu'il utilise la forme familière pour s'adresser aux grands-parents. Si un !Kung a une relation
d'évitement avec une personne, il aura une relation à plaisanteries avec les parents de cette dernière.
Ce principe de l'alternance des générations se retrouve dans beaucoup de sociétés et il est ici un
indicateur de l'autorité que les parents exercent sur leurs enfants. Tous les parents, y compris les alliés,
tombent dans l'une ou l'autre catégorie; il n'y a personne qui soit neutre.
La relation entre un homme et sa femme est k'hai et cette dernière s'étend aux sœurs de la femme
qui sont des épouses potentielles. En revanche, la relation kwa la plus extrême est celle existant entre
un homme et sa belle-mère on une femme et son beau-père: en théorie, ils ne sont même pas supposés
s'adresser la parole. Enfin, il faut noter que la terminologie de parenté kung met fortement l'accent sur
la famille nucléaire puisqu'elle distingue nettement les membres de cette dernière des collatéraux.
Contrairement à de nombreuses terminologies, le père (ba) est distingué des oncles (tsu) et la mère
(tai) des tantes (//ga). De même, les frères et sœurs sont distingués des cousins et cousines (kuma et
tuma) et les enfants ne sont pas assimilés aux neveux et nièces. On peut donc dire qu'une telle
terminologie met nettement l'accent sur la famille restreinte.
- Le mariage kung est essentiellement un mariage arrangé. Traditionnellement on se met à
chercher un partenaire peu de temps après la naissance d'un enfant. C'est généralement la mère du
garçon qui contacte la mère de la fille. Les prohibitions sont importantes et il n'est pas rare que trois
quarts des partenaires potentiels soient exclus en raison d'une règle quelconque. En pratique,
d'ailleurs, si l'on veut refuser une alliance, on peut toujours invoquer l'une ou l'autre prohibition qui
rend le mariage impossible.
La cérémonie de mariage comprend l'enlèvement simulé de la jeune fille de la hutte de ses
parents. Elle débute de façon assez violente, avec notamment de nombreux traits d'un mariage par
rapt. Le conflit n'est d'ailleurs pas seulement rituel ou platonique car la jeune fille ne veut
généralement pas accompagner l'heureux élu et le laisse entendre avec force cris. Elle tente alors de
s'enfuir et les parents s'efforcent de la convaincre à se soumettre. Souvent elle crie, donne des coups de
pied et résiste avec virulence. Si son opposition est trop violente, il vaut alors mieux empêcher le
mariage car il n'est pas bon qu'un tel conflit persiste. Parfois, une jeune fille peut même se suicider et
une moitié des mariages se solde par un échec dès les premiers mois. Cette courte période orageuse
doit normalement déboucher sur une relation stable et solide marquée par une affection profonde
dont il n'est cependant pas fait étalage en public.
. Dans une société où la propriété et les richesses sont si limitées, la sexualité et le choix
matrimonial sont les deux principaux foyers de solidarité sociale et de conflits. L'homicide est ainsi
presque toujours le résultat d'un conflit à propos d'une femme. On explique la précocité du mariage
par la volonté d'éviter des rivalités. Il convient cependant de noter que la majorité des mariages se
vivent harmonieusement, sans guère de stress; en outre, le mariage entre deux jeunes gens crée des