Concrètement, c’est une voie du milieu entre la soif de la possession et le mépris
de la possession, entre l’hédonisme et l’ascétisme, entre la frénésie des sens et
l’hostilité aux sens, entre le culte du monde et le refus du monde, etc.
La règle d’or
Partout, l’on trouve une norme catégorique, apodictique, inconditionnelle,
parfaitement praticable dans les situations extrêmement complexes, formulée de
manière singulière, mais qui peut se résumer à ce qu’on appelle communément la
règle d’or universelle, présentée au point. Il s’agit donc de ne pas faire aux autres
ce que l’on ne veut pas pour soi-même. L’impératif kantien, évoqué ci-dessus
également, serait une rationalisation, une laïcisation de cette règle d’or.
Réunies pour aborder le problème de la paix à Kyoto, au Japon, en 1970, les
grandes religions (sens large) ont exprimé ce que pourrait être une éthique
fondamentale et universelle au service de la communauté mondiale. En voici
l’énoncé :
« Bahaïs, bouddhistes, confucianistes, chrétiens, hindous, jaïnites, juifs,
musulmans, shintoïstes, sikhs, adeptes de Zoroastre et représentants d’autres
religions, nous nous sommes rencontrés ici dans notre intérêt général pour la
paix (…). Nous avons découvert que ce qui nous unit est plus important que ce
qui nos sépare. Nos avons découvert que nous avions en commun :
- une conviction de l’unité fondamentale de la famille humaine, de
l’égalité et de la dignité de tous les hommes ;
- un sentiment de l’inviolabilité de l’individu et de sa conscience ;
- un sentiment de la valeur de la communauté humaine ;
- une prise de conscience que le pouvoir humain ne s’identifie pas, sans
plus, au droit, que le pouvoir humain ne peut se suffire à lui-même et
qu’il n’est pas absolu ;
- la croyance que l’amour, la compassion, le désintérêt et la force de la
vérité et de la vérité intérieure sont finalement plus forts que la haine,
l’inimitié et l’égoïsme ;
- un sentiment de notre devoir de nus tenir aux côtés des pauvres et des
opprimés, contre les riches et les oppresseurs ;
- une profonde espérance de la victoire dernière de la bonne volonté. »
5. Le choix du meilleur chemin
Les normes éthiques, si elles ont pour conscience dite formée ou éclairée un
caractère incontournable, ne proposent cependant pas de solutions
« recettes » aux grands problèmes du monde ou aux questions de notre vie
ou de la société. Le comportement face à une situation concrète, s’il met
en œuvre les principes moraux auxquels on adhère, est toujours, d’une
certaine manière, à inventer. En fait, chaque décision morale concrète doit
prendre en compte et la constante normative universelle et les variables de
la situation particulière.
Lire le chapitre V. Religions du monde et ethos planétaire qui se termine par la présentation de cette déclaration
de clôture de la Conférence mondiale des religions pour la paix, p. 97-110